L’activité des usines chinoises s’est contractée pour le cinquième mois consécutif en août, et l’activité non manufacturière a atteint un niveau historiquement bas pour l’année, faisant pression sur Pékin pour qu’il renverse l’effondrement de l’économie et apporte son soutien à la croissance. Cependant, bien que les autorités chinoises aient déclaré le mois dernier qu’elles tentaient de sortir l’économie de la crise, Pékin ne peut guère faire grand-chose pour redresser rapidement l’économie, a indiqué un expert.
« Bien qu’il soit largement admis que le gouvernement doit faire plus [pour aider à sortir l’économie de son état actuel], ce qu’il doit faire exactement est activement débattu, » a affirmé Robert Carnell, responsable régional de la recherche pour la région Asie-Pacifique chez ING (une institution financière internationale de bancassurance), à Epoch Times.
Par exemple, il serait bon de réduire davantage les taux d’intérêt, « ce qui est difficile à réaliser puisque la Chine est également confrontée à la faiblesse de sa monnaie et que les baisses de taux nuisent également à la rentabilité des banques », a expliqué M. Carnell.
De même, des investissements publics massifs dans les infrastructures seraient bénéfiques, mais ils mèneraient aussi à un endettement massif, ce qui n’est pas souhaitable.
« Il y a donc beaucoup de choses que le gouvernement pourrait faire, ce qui serait souhaitable. Mais le gouvernement ne peut pas faire grand-chose en pratique [pour remédier rapidement à l’effondrement de l’économie], » a-t-il ajouté.
Selon le communiqué officiel du Bureau national des statistiques de Chine (NBS) du 31 août, l’indice des directeurs d’achat (PMI) de l’industrie manufacturière a légèrement augmenté le mois dernier, passant de 49,3 en juillet à 49,7 en août. Ce résultat dépasse les attentes médianes établies à 49,4, selon une enquête menée par l’agence Reuters.
Un indice PMI supérieur à 50 indique que l’activité est en expansion, tandis qu’une valeur inférieure à ce seuil suggère une contraction de l’activité.
L’indice PMI non manufacturier officiel, en revanche, est tombé à 51,0 en août, contre 51,5 en juillet, et n’a cessé de baisser depuis qu’il a atteint un maximum de 58,2 en mars.
Après une avalanche de statistiques sur le commerce, l’industrie manufacturière et la vente au détail en juillet, l’indice PMI a fourni la première information sur les performances du mois d’août de la Chine (la deuxième économie mondiale). La faiblesse des résultats maintient la pression sur les autorités pour qu’elles annoncent d’autres mesures politiques, a ajouté le Bureau national des statistiques de Chine.
« Les résultats de l’enquête montrent que l’insuffisance de la demande du marché reste le principal problème auquel les entreprises sont confrontées et que les bases pour la reprise et le développement de l’industrie manufacturière doivent être consolidées, » a souligné Zhao Qinghe, un responsable du Bureau national des statistiques de Chine, dans un communiqué de presse.
Crise de la dette
Cela mis à part, le régime chinois s’efforce également de se remettre d’une crise de la dette intérieure et extérieure qui menace le développement économique, la sécurité financière et l’influence de l’État-Parti à l’échelle mondiale.
Selon Statista, bien que les chiffres officiels ne soient pas disponibles, la dette nationale devrait atteindre 15.600 milliards de dollars d’ici à la fin de 2023, soit une augmentation de 1800 milliards de dollars par rapport à l’année 2022, ce qui portera le ratio dette/PIB de la Chine à un niveau record.
Les principaux moteurs de la croissance de la dette chinoise sont les autorités locales et le secteur des entreprises, en particulier les entreprises d’État. Les autorités locales ont emprunté massivement pour financer des projets d’infrastructure et stimuler la croissance économique, souvent en utilisant des instruments de financement hors budget qui échappent à la surveillance et à la réglementation officielles.
Les entreprises d’État se sont appuyées sur l’effet de levier pour étendre leur part de marché et soutenir les objectifs stratégiques de Pékin, comme l’innovation et la modernisation industrielle. Cependant, les deux secteurs sont confrontés à une faible rentabilité et à des risques de défaillance élevés, ce qui constitue une menace pour le système financier et la viabilité budgétaire.
Le yuan, monnaie asiatique la moins performante cette année à la suite de données d’activité plus faibles que prévu et d’une faiblesse prolongée du secteur immobilier, a également été l’un des maux de tête de Pékin, ce qui a conduit les autorités à amorcer une réduction du taux d’intérêt il y a deux semaines.
Toutefois, la réduction inattendue des principaux taux d’intérêt de la Banque populaire de Chine (BPC) du 15 août a ajouté des pressions à la dépréciation de sa monnaie et a entraîné des sorties de capitaux, les investisseurs étrangers recherchant des rendements plus élevés ailleurs après avoir perdu confiance en cette économie.
Au cours de la semaine écoulée, Pékin a adopté une approche spécifique pour soutenir l’économie, allant de mesures destinées à augmenter les prêts et les investissements boursiers à des mesures plus tangibles permettant d’accroître la demande de logements.
Le 25 août, par exemple, la Chine a annoncé la mise en place de règles pour les logements abordables permettant d’améliorer l’accès au financement pour les primo-accédants, suivie d’une réduction de 50% des droits de timbre sur les transactions boursières, la première baisse depuis 2008.
Les plus grandes banques chinoises devraient également réduire les taux des prêts hypothécaires en cours, ce qui constituerait une mesure concrète de soutien à la croissance.
« Plusieurs banques, dont ABC, CCB, Citic Bank et CMB, ont déjà répondu aux appels à la réduction des taux hypothécaires existants, » a écrit Everbright Securities (UK) dans une note datée du 30 août.
La Citic Bank, par exemple, a indiqué qu’elle avait analysé ses activités connexes et qu’elle avait élaboré des plans en vue d’un ajustement potentiel de ses activités. La CMB a quant à elle estimé qu’il était « impératif de réduire les taux hypothécaires existants et a également formulé des propositions ».
« La Banque populaire de Chine s’est spécifiquement engagée à guider les banques commerciales pour qu’elles ajustent les taux hypothécaires existants dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire, contrairement à la formulation précédente qui consistait à ‘encourager’. Les réductions devraient donc intervenir plus tôt que prévu, » a ajouté la note d’Everbright.
L’économie chinoise ne progresse pas
Cependant, les autorités locales chinoises ont augmenté leurs taux d’emprunt pour la construction d’infrastructures, une tendance qui pourrait stimuler l’expansion économique. En outre, Pékin a récemment promis d’augmenter les dépenses publiques.
Le 30 août, la banque centrale a rencontré des entreprises et des institutions financières afin d’améliorer l’accès du secteur privé au financement.
Néanmoins, le ralentissement de l’immobilier en Chine, la faiblesse des dépenses de consommation et la baisse de la croissance des prêts menacent les prévisions de croissance annuelle du PIB de Pékin, qui s’élèvent à environ 5% cette année. Les économistes des grandes banques, comme Morgan Stanley et UBS, ont récemment revu à la baisse les prévisions du PIB de la Chine pour 2023, invoquant un soutien de l’État-Parti chinois moins important que prévu.
Selon M. Carnell, la seule bonne nouvelle dans ces chiffres tient au fait que la contraction se produit à un rythme plus lent.
Cependant, les secteurs manufacturier et non manufacturier semblent converger vers un indice PMI de 50, « ce qui montre que l’économie [chinoise] continue à se débattre en évoluant latéralement, une situation préoccupante car l’économie n’avance pas », a souligné M. Carnell, ajoutant que « l’économie n’a pas encore atteint son point le plus bas ».
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