L’actrice Anna Karina, connue notamment pour ses rôles dans les films de Jean-Luc Godard, est morte samedi à Paris des suites d’un cancer, à l’âge de 79 ans, a annoncé dimanche son agent à l’AFP.
D’origine danoise, l’actrice brune au visage pâle dévoré par de grands yeux bleu-gris avait tourné sept films avec Godard, alors son compagnon, dans les années 60. Elle a également eu une carrière de chanteuse, notamment aux côtés de Serge Gainsbourg.
« Anna est partie hier dans un hôpital parisien des suites d’un cancer. C’était une artiste libre, unique », a déclaré à l’AFP son agent, Laurent Balandras, selon qui la comédienne s’est éteinte auprès de son mari, le réalisateur américain Dennis Berry.
Son regard était le regard de la Nouvelle Vague. Il le restera à jamais.
Chez Godard surtout, mais aussi Rivette ou Visconti, Anna Karina irradiait ; elle magnétisait le monde entier. Aujourd’hui, le cinéma français est orphelin. Il perd l’une de ses légendes. pic.twitter.com/HpYeAqATQZ— Franck Riester (@franckriester) December 15, 2019
« Aujourd’hui, le cinéma français est orphelin. Il perd l’une de ses légendes », a tweeté le ministre de la Culture Franck Riester. La Cinémathèque française a, elle, fait part de son « immense tristesse ».
« Goodbye beautiful Anna » (au-revoir belle Anna), a réagi la chanteuse Jane Birkin, dans un message transmis à l’AFP.
« Sa vie de cinéma s’est confondue beaucoup avec la nôtre », a tweeté le président du festival de Cannes, Pierre Lescure, selon qui « son sourire nous dit de vivre toutes les émotions possibles ».
« On retiendra sa douce grâce d’amoureuse mélancolique », a réagi l’ancien patron du prestigieux festival, Gilles Jacob, également sur Twitter.
Sur le réseau social, de nombreux anonymes ont rendu hommage à Anna Karina, y compris hors de France.
Dans la mémoire des cinéphiles, l’actrice restera cette ingénue libertaire qui déclamait nonchalamment « Qu’est-ce que j’peux faire? J’sais pas quoi faire… », réplique-culte de « Pierrot le fou » (1965).
D’une enfance au Danemark ballottée entre une mère distante, une grand-mère décédée trop tôt et un grand-père adoré, elle avait gardé une fragilité à fleur de peau.
Encore mineure, elle débarque en stop à Paris avec l’intention de devenir actrice. Elle y est vite repérée pour entamer une carrière de mannequin. De son vrai nom Hanne Karin Bayer, elle est rebaptisée Anna Karina par la couturière Coco Chanel.
Godard la repère dans une publicité et lui propose un petit rôle dans « A bout de souffle » avec Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo, qu’elle décline.
Anna Karina
VIVRE SA VIE Jean-Luc Godard
Mais ma môme elle a vingt-cinq berges
Et j’crois bien qu’la Saint’Vierge
Des églises
N’a pas plus d’amour dans les yeux
Et ne sourit pas mieux
Quoi qu’on dise— AuPalais (@palais_au) December 15, 2019
Il la rappellera quelques mois plus tard pour le rôle principal du « Petit soldat », un film sur la guerre d’Algérie qui sera interdit. Sur le tournage naît entre eux une idylle qui durera plusieurs années.
Ils vont tourner sept films ensemble parmi lesquels « Une femme est une femme » (prix de la meilleure interprétation au festival de Berlin en 1962), « Vivre sa vie », « Pierrot le fou » avec Jean-Paul Belmondo.
Pendant dix ans, Anna Karina n’arrête pas de tourner mais elle reste l’actrice fétiche de Godard. Elle travaille avec Jacques Rivette (« La religieuse », 1966) ou Luchino Visconti (« L’étranger », 1967), mais ni Chabrol ni Truffaut, les autres réalisateurs de la Nouvelle vague, ne la font tourner. « J’étais la femme de Jean-Luc. Ca leur faisait sans doute un peu peur », racontera-t-elle plus tard.
Un point précis sous le tropique
Du Capricorne… ou du Cancer
Depuis, j’ai oublié lequel https://t.co/PzX9pOdJVG— Joëlle Alazard (@AlazardJ) December 15, 2019
Comme chanteuse, elle avait rencontré un grand succès en 1967 avec « Sous le soleil exactement » de Serge Gainsbourg, chanson tirée du téléfilm de comédie musicale « Anna » de Pierre Koralnik. En 2000, elle avait sorti un album écrit par Philippe Katerine.
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