Tony, âgé de trois ans, était devenu le « souffre douleur » de son beau-père. Il est décédé sous les coups de celui-ci en novembre 2016.
Le 26 novembre 2016, le petit Tony âgé de trois ans décédait sous les coups répétés de son beau-père. Ce dernier comparaît à partir de ce mardi devant les assises de la Marne, dans un procès où la responsabilité de la mère sera également débattue.
Accusé de « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner », Loïc Vantal, 24 ans à l’époque des faits, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Placée sous contrôle judiciaire, son ex-compagne, Caroline Letoile, la mère de Tony, est poursuivie pour « non-assistance à personne en péril » et risque cinq ans d’emprisonnement. Verdict attendu vendredi dans la soirée.
Un véritable passage à tabac
Ce jour de novembre 2016, vers 15h30, les pompiers rémois répondent à l’appel d’une maman de 19 ans pour porter secours à son fils qui, selon elle, a perdu connaissance à la suite d’une chute. Les secouristes constatent alors que l’enfant, dans un « état particulièrement grave », présente « de nombreux hématomes sur le corps », comme l’indiquera le procureur de la République Matthieu Bourrette dans une conférence de presse tenue deux jours après le drame.
Peu après 17h, Tony décède à son arrivée aux urgences pédiatriques du CHU de Reims, où un médecin remarque des traces de coups de poing au ventre. L’autopsie démontre que la mort de l’enfant est due à un véritable passage à tabac : éclatement de la rate et du pancréas datant de 48 heures, multiples hématomes, blessures au cuir chevelu, à la lèvre et même aux parties génitales, ainsi que plusieurs fractures des côtes, anciennes et récentes.
« Souffre-douleur »
Lors de sa garde à vue, la mère, « effondrée » selon le procureur, avait d’abord tenté de minimiser les faits avant de reconnaître que son compagnon avec lequel elle vivait depuis trois mois frappait son fils, qui servait de « souffre-douleur ». Condamné sept fois pour des faits de violence, son conjoint reconnaissait finalement des violences sur l’enfant après plusieurs dénégations.
L’enquête révèlera que les insultes, les gifles et les coups de poing avaient débuté dès son arrivée dans l’appartement de la mère en septembre 2016, avec une dramatique intensification des violences physiques la semaine précédant la mort de l’enfant.
Un silence collectif coupable
Le procureur Matthieu Bourrette a pointé du doigt sur le silence collectif coupable : « À chaque fois que la police est intervenue c’était à chaque fois pour des tapages. À aucun moment quelqu’un leur a fait savoir qu’il y avait un enfant qui était battu. C’est finalement contre ce silence collectif que nous devons nous battre », avait-il souligné sur BFMTV. « Si les services de police avaient été alertés par le voisinage, cet enfant aurait pu passer la Noël 2016 », avait-il déploré.
En octobre 2019, le plus proche voisin avait été renvoyé pour non-dénonciation de mauvais traitement devant le tribunal correctionnel de Reims, qui l’avait relaxé. « Tout le monde dans l’immeuble a, à un moment donné, entendu Tony pleurer », avait affirmé le président du tribunal.
Une mère immature
Car le huis clos familial et mortifère de trois mois qui aura été fatal à Tony ne s’est pas déroulé sans témoins. Les juges ne manqueront pas d’interroger le silence de la première d’entre eux : la mère.
Présentée par les experts comme immature et sous l’emprise de son compagnon, elle n’a jamais dénoncé les coups, malgré les nombreuses interrogations et inquiétudes que formulaient très régulièrement ses proches ainsi que le père et la grand-mère paternelle de Tony, parties civiles. « Angoissés et inquiets, ils attendent surtout des explications et des réponses », indiquent leur avocat Me Olivier Chalot, s’étonnant que le père de Tony soit convoqué à l’audience comme témoin alors même qu’il est partie civile dans le dossier.
Marche blanche
« Nous avons besoin de comprendre pourquoi Tony n’a pas été protégé des véritables tortures qu’il subissait, pourquoi personne n’a réagi », dit Martine Brousse, présidente de « la Voix de l’Enfant », partie civile avec quatre autres associations de protection de l’enfance.
« Tuons le silence pour que plus jamais un enfant ne meure sous les coups », lisait-on ainsi sur la banderole de tête d’une marche blanche de 600 personnes, cinq jours après le drame.
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