« L’âge de la Françafrique est révolu » et la France est désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent, a déclaré jeudi Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au commencement d’une tournée de quatre jours dans la région.
Ces dernières années, la France s’est efforcée de rompre avec la « Françafrique », ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires. Il avait prôné lundi dans son discours « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains, ainsi qu’une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel.
Au début de sa tournée de quatre jours en Afrique centrale, le président français a illustré, dans le cadre verdoyant de l’ambassade de France au Gabon, sa nouvelle stratégie africaine pour les quatre ans à venir, déclinée depuis Paris en début de semaine. Il a participé jeudi après-midi à des échanges avec des ONG, des scientifiques, et une dizaine de chefs d’États de la sous-région, réunis dans le cadre d’un événement baptisé One Forest Summit, et consacré à la protection des forêts tropicales.
En attente de solutions « concrètes »
« On fait beaucoup de sommets souvent loin des pays les plus concernés où on dit tous qu’on va mettre des milliards d’euros. Je l’ai fait aussi ce sport, et quand on va dans les pays concernés on nous demande où sont les millions d’euros qui ne sont toujours pas arrivés », a déclaré E. Macron dans son propos liminaire. Le One Forest Summit, qui a débuté mercredi, est destiné à trouver des « solutions concrètes » pour la conservation des forêts, la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique. Une réunion qui n’aura « pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques », ont souligné par avance les organisateurs.
Ils précisent qu’il aura vocation à appliquer les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat (2015), qui vise la neutralité carbone en 2050, et de la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022) tendant à sanctuariser 30% de la planète d’ici à 2030 (terres, océans). D’autres chefs d’États dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) sont également présents.
« J’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus », a lancé M. Macron devant la communauté française du Gabon après sa visite en forêt. Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole. Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso dirige d’une main de fer le Congo depuis près de 40 ans. Une rencontre qui risque là encore d’apparaître à contre-courant de son discours de lundi. C’est le 18e déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l’influence et la présence française sont de plus en plus remises en question.
Comme en France, le Poudrè ne fait pas recette en Afrique.
« Macron dégage » : les murs de l’ambassade de France en République démocratique du Congo ont été tagués avant sa visite qui va coûter un bras aux contribuables français
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