L’Agence chinoise d’anti-corruption vise désormais le secteur financier

4 novembre 2015 14:16 Mis à jour: 4 novembre 2015 20:37

Avec la mise hors-jeu du patron d’une puissante société d’investissement, le dirigeant chinois Xi Jinping a décidé de propager sa campagne anti-corruption au secteur financier, suite à la Session plénière du Parti communiste chinois (PCC) tenue en octobre dernier.

Selon Wujie News, Xu Xiang, connu comme « le plus grand patron des fonds privés », a été appréhendé par les autorités chinoises le 1er novembre dernier après une course poursuite spectaculaire sur une autoroute près de la ville portuaire de Ningbo au sud-est de la Chine.

Ce qui fait de Xu Xiang le dernier homme d’affaire dans le collimateur du PCC, dans sa tentative de supprimer les délits d’initiés et autres activités financières indésirables.

La Commission centrale d’inspection de la discipline (CCID) du Parti, une agence interne secrète responsable de la mise en œuvre de la campagne anti-corruption de Xi Jinping, avait annoncé avoir envoyé huit équipes pour inspecter les bureaux de 14 grandes institutions financières avant 31 octobre dernier. Parmi elles figurent la China Securities Regulatory Commission et China CITIC Bank.

Xu Xiang était l’une de leur premières et plus importantes victimes. Le 1er novembre, la police de Shanghai a entrepris une descente dans le bureau de Zexi Investment, la société d’investissent dirigée par Xu Xiang. Selon Bloomberg, cette société a été nommée «  Zexi » pour combiner les noms du dirigeant communiste Mao Zedong et de l’empreur Kangxi de la dynastie des Qing, deux hommes admirés par Xu Xiang. Mais le Parti communiste, qui estime que le commerce illicite avait exacerbé le krach boursier, considère Xu Xiang et ses semblables comme de « pervers vendeurs à découvert ».

Selon les tweets officiels des forces de l’ordre, postés dans les médias sociaux chinois, Xu Xiang a été appréhendé par des agents de police qui avaient bloqué toutes les sorties de l’autoroute pendant plus d’une demi-heure.

En outre, le 1er novembre dernier, Southern Weekly a annoncé que Zhang Yun, patron de la Banque agricole de Chine gérée par l’État, avait été arrêté par la police et n’a pas pu assister à la conférence tenue à la banque par l’agence anti-corruption du PCC.

Selon des sources proches de Southern Weekly, Zhang Yun a été renvoyé à son bureau le 3 novembre, mais avait été rétrogradé et expulsé du Parti communiste.

L’agence officiel Xinhua a annoncé qu’en plus de la rafle dans Zexi Investment, les dirigeants de Yishidun International Trading et Huaxin Futures avaient été arrêtés. Selon la police, deux dirigeants arrêtés avaient empoché 290 millions d’euros de « bénéfices illégaux ».

Le « nettoyage » du Parti dans le secteur financier, le premier de ce genre depuis l’arrivé au pouvoir de Xi Jinping en 2012, a été précédé l’été dernier par le krach de la bourse de Shanghai. Selon une estimation de Bloomberg, il a eu un effet catastrophique en effaçant environ 4 500 milliards d’euros de gains boursiers.

Xinhua a affirmé que les sociétés Yishidun et Huaxin avaient reçu « un soutien technologique étranger » pour développer des logiciels de négoce avancés.

Hu Xingdou, économiste éminent et professeur à l’Institut de technologie de Pékin, a déclaré à Bloomberg : « Un orage jamais vu attend le secteur financier chinois et d’autres têtes vont tomber ».

En août et septembre dernier, des enquêtes anti-corruption ont été ouvertes sur les dirigeants de CITIC, la plus grande société de commerce de titres du pays. Les personnes appréhendées sont soupçonnées d’avoir participé à des opérations d’initié et autres activités financières illicites, sapant ainsi les instructions du gouvernement central destinées à soutenir le marché boursier en plein marasme.

D’autres entreprises ont été également obligées d’accueillir des inspecteurs de la commission disciplinaire. En 2014, les inspecteurs anti-corruption ont installé leur bureau à China Unicom, le troisième plus grand opérateur de télécommunications du monde. Ils y ont découvert des éléments prouvant une corruption généralisée ainsi que des détournements de fonds.

Version anglaise : Chinese Anti-Corruption Agency Takes Aim at Financial Sector

 

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