L’agence de renseignement tchèque met en garde contre les opérations secrètes de Pékin visant à influencer le monde universitaire et politique

La Chine communiste « représente une menace fondamentale », affirme un rapport

Par Dorothy Li
18 septembre 2024 16:21 Mis à jour: 18 septembre 2024 17:43

Un rapport de l’agence nationale de renseignement tchèque met en évidence les opérations secrètes du régime chinois, notamment l’utilisation de fausses identités LinkedIn et l’offre d’argent pour recueillir des informations et construire un réseau d’influenceurs afin de servir ses intérêts.

La Chine « représente une menace fondamentale pour la civilisation euro-atlantique, y compris pour la République tchèque », a affirmé le Service de sécurité et de renseignement dans son rapport annuel publié le 12 septembre.

« Tomber dans la sphère d’influence de la Chine signifie abandonner progressivement le savoir-faire technologique et stratégique à un système représentant un concept socio-économique différent qui se base sur la dictature communiste et qui est corrosif pour les principes fondamentaux de notre civilisation, à savoir la démocratie et le marché libre. »

L’agence précise que le Parti communiste chinois (PCC) a utilisé sa mission diplomatique à Prague pour recueillir des informations sur la scène politique de la République tchèque dans le cadre de ses opérations d’influence dans le pays.

Le régime chinois a également déployé ses agents de renseignement pour installer et approfondir des relations avec des personnalités locales influentes. Selon le rapport, il s’agit d’établir des contacts surtout avec des universitaires afin d’obtenir des « informations non publiques » et de mieux comprendre la situation dans le pays.

Influencer le monde universitaire et politique

L’une des méthodes utilisées pour approcher les universitaires tchèques consiste à créer de fausses identités sur LinkedIn, en se faisant passer pour des représentants de sociétés fictives de conseil ou de recrutement qui seraient basées à Hong Kong et à Singapour.

Les agents de renseignement demandent alors des rapports ou des études « dans des domaines correspondant aux intérêts politiques de la Chine », offrant une « récompense financière » sous le couvert d’une coopération professionnelle, explique le rapport.

« Ces études servent généralement d’étape préliminaire à une coopération plus poussée, impliquant la fourniture d’informations spécifiques. »

Une fois que les universitaires étrangers acceptent de fournir ces rapports, les agents chinois peuvent les inviter à se rendre en Chine, et ce, en prenant en charge tous les frais. L’objectif est de « créer un réseau de personnes de contact qui se sentent redevables et pourraient être enclines à soutenir les intérêts chinois en République tchèque à l’avenir », a précisé l’agence.

Selon le rapport, outre les chercheurs, des invitations à se rendre en Chine peuvent être adressées à des personnalités politiques anciennes et actuelles, à des représentants des gouvernements nationaux et locaux, ainsi qu’à des chefs d’entreprise influents.

Ces personnes « peuvent être approchées par les services de renseignement chinois ou leur présence peut être utilisée à des fins de propagande, sans compter un certain sentiment d’obligation créé par l’hospitalité des Chinois et que ces derniers voudraient exploiter par la suite ».

Le rapport de l’agence de renseignement tchèque fait suite à une série de cas d’espionnage chinois révélés dans le monde entier, ce qui suscite des inquiétudes quant aux activités secrètes de Pékin.

Aux États-Unis, Linda Sun, la collaboratrice de haut rang du gouverneur de New York, a été condamnée au début du mois pour avoir agi en tant qu’agent du régime chinois.

Au Royaume-Uni, un chercheur parlementaire ayant travaillé pour un législateur de haut rang du Parti conservateur au pouvoir a été accusé, avec un autre homme, d’avoir fourni des informations à Pékin.

En Allemagne, la police a arrêté un collaborateur de longue date d’un député européen, soupçonné de travailler pour les services secrets du PCC et d’espionner les dissidents chinois dans le pays.

En janvier, le parquet fédéral belge a ouvert une enquête sur l’ancien sénateur Frank Creyelman. L’enquête portait sur des accusations selon lesquelles les espions de Pékin l’auraient soudoyé pendant des années pour influencer les discussions en Europe.

Efforts pour faire taire les critiques

Outre le ciblage de personnalités influentes, l’agence de renseignement tchèque a également tiré la sonnette d’alarme sur les efforts déployés par l’État-parti chinois dans le but de faire taire les critiques tout en promouvant sa propagande.

L’agence a déclaré qu’elle avait constaté les démarches de Pékin visant la suppression de la dissidence et la surveillance d’événements que le PCC considère comme une menace pour son régime autoritaire. Les principaux groupes ciblés, que Pékin qualifie de « cinq poisons », sont les pratiquants de Falun Gong, les Ouïghours, les Tibétains, les partisans de l’indépendance de Taïwan et les défenseurs de la démocratie en Chine.

« Chaque fois que les Chinois apprennent qu’un événement en République tchèque pourrait donner lieu à des commentaires négatifs sur la Chine, ils commencent à prendre des mesures systématiques pour obtenir des informations sensibles sur le lieu, le contenu et les participants de l’événement », peut-on lire dans le rapport.

En 2023, le service de renseignement tchèque a surveillé la « coopération entre les médias tchèques et chinois », constatant que le contenu chinois était distribué principalement aux petites chaînes de télévision locales afin d’influencer la perception de la Chine par le public tchèque.

Le contenu chinois ne montre « que les aspects positifs du régime communiste, tout en omettant ou en niant complètement les violations des droits de l’homme, l’oppression des minorités ethniques et l’agression territoriale ».

« Pour la Chine, son image auprès du public local et des partenaires étrangers est très importante, c’est pourquoi elle essaie depuis longtemps de supprimer toute information qui porte atteinte à son image en tant que puissance hégémonique qui promeut la paix et l’ordre dans le monde. »

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