L’agression du régime chinois autour de sa frontière contestée avec l’Inde suscite des inquiétudes

Par Venus Upadhayaya
2 juin 2020 03:47 Mis à jour: 2 juin 2020 03:50

Les faits d’agression du régime chinois à la frontière contestée avec l’Inde inquiètent les analystes qui s’interrogent sur la chronologie des escarmouches entre les patrouilles de ces voisins asiatiques à deux endroits au cours des dernières semaines.

De multiples affrontements violents ont eu lieu récemment le long des 3 487 km d’une frontière contestée connue sous le nom de ligne de contrôle réel (LAC : Line of Actual Control) à l’est du territoire indien himalayen du Ladakh et au centre du territoire indien himalayen du Sikkim, qui partage également une frontière avec le Bhoutan.

Le récent conflit a commencé les 5 et 6 mai, entre les patrouilles chinoises et indiennes dans la région du lac de Pangong Tso, où le Ladakh rencontre la région du Tibet, selon le lieutenant-général Gurmit Singh, un ancien chef d’état-major adjoint de l’armée indienne qui a pris sa retraite après 40 ans de service.

« Donc, le 5 mai, il y a eu une confrontation qui était très mauvaise. Ils se sont affrontés. Le 9 mai, il y a eu un autre face-à-face dans la région du nord du Sikkim entre deux patrouilles, elles se sont livrées à une lutte acharnée. Sept soldats chinois et quatre soldats indiens ont été blessés », a déclaré le lieutenant-général Singh au téléphone à Epoch Times depuis New Delhi.

« Depuis lors, le niveau d’activité a augmenté dans la région de la vallée de Galwan, qui se trouve au nord de la région du lac Pangong Tso et également dans la région de l’est du Ladakh », a-t-il dit, ajoutant que le conflit existe entre l’Inde et la Chine parce que chaque pays a une perception différente de la LAC.

Depuis le début du conflit, les Chinois ont érigé 80 à 100 tentes, ont fait venir des véhicules lourds et des armes lourdes, et ont commencé à construire des bunkers dans la vallée de Galwan.

Pendant ce temps, l’Inde a déployé des soldats dans la région. Une ligne téléphonique reste ouverte entre les commandants locaux des armées chinoise et indienne dans l’est du Ladakh, ainsi que d’autres canaux diplomatiques, a déclaré le lieutenant-général Singh.

Il a également déclaré que l’armée indienne a été mise en alerte : « Ils sont préparés. »

La partie chinoise blâme l’Inde pour la tension, disant que la partie indienne a pénétré sur le territoire chinois, ce que les Indiens ont nié, selon la plus grande agence de presse en Inde, Press Trust of India.

Image d’archives d’un soldat chinois (G) et d’un soldat indien montant la garde du côté chinois de l’ancien passage frontalier de Nathula entre l’Inde et la Chine au Sikkim. (Diptendu Dutta/AFP/Getty Images)

Contestation au sujet d’un territoire, en continuant à pousser et à insister

Le fait que le régime chinois construise des bunkers le long du territoire litigieux avec l’Inde au Ladakh est une tactique qu’il a utilisée avec d’autres pays avec lesquels il partage des frontières, a déclaré à Epoch Times Aparna Pande, chercheuse et directrice de l’Initiative sur l’avenir de l’Inde et de l’Asie du Sud de l’Institut Hudson à Washington.

« Voici leur tactique : se disputer un territoire, continuer à pousser et à tester l’autre côté, puis quand c’est possible, construire des bunkers permanents et ensuite rester campé là. Puis, au bout d’un certain temps, on s’avance », a déclaré Mme Pande, qui a ajouté que le régime chinois a été tout aussi agressif avec le Japon, la Russie, le Myanmar, le Vietnam et les Philippines.

« Rappelez-vous, la Chine le fait sur terre et en mer, crée des îles et revendique des territoires. [Le régime] crée des revendications fictives. »

Le lieutenant-général Singh affirme que  la construction de bunkers par l’Armée populaire de libération est importante parce qu’elle a lieu sur la ligne de contrôle réelle (LAC) et non sur une frontière résolue, et aussi en raison d’autres incidents d’importance stratégique se produisant sur un plus large territoire à peu près au même moment.

Il cite en exemple une route que l’Inde a inaugurée le 5 mai dans l’État d’Uttaranchal, dans la région frontalière du Népal et de la Chine, que les Népalais ont contestée, ainsi qu’un barrage que le Pakistan construit dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, sous l’occupation pakistanaise dans la région litigieuse du Jammu et Cachemire.

Le barrage, inauguré le 2 mai, est situé dans la même région où la Chine et le Pakistan construisent le corridor économique Chine-Pakistan, qui fait partie de l’ambitieuse initiative de la Ceinture et de la Route (Belt and Road Initiative, BRI, appelée aussi la nouvelle route de la soie) du régime chinois, du Xinjiang aux rives sud du Pakistan. Le barrage est une entreprise commune de l’entreprise principale, China Gezhouba Group of Cos. (CGGC), et d’une entreprise pakistanaise, Descon Engineering.

Alors que M. Singh a déclaré que « tous ces points doivent être reliés », pour analyser la situation, Mme Pande a déclaré que le régime chinois utilise le Pakistan et le Népal pour faire pression sur l’Inde.

Des soldats chinois ont été observés dans la région du col de Nathula, à la frontière entre l’Inde et la Chine, dans l’État du Sikkim, dans le nord-est de l’Inde. (STR/AFP/Getty Images)

Les États-Unis sont prêts à jouer un rôle de médiateur dans un conflit frontalier

Mme Pande a déclaré que le régime chinois tente de détourner l’attention du monde de la pandémie par une telle agression à sa frontière controversée avec l’Inde.

« La Chine a construit beaucoup d’infrastructures de son côté de la frontière au fil des ans. L’Inde a été lente à le faire, mais ces dernières années, l’Inde a fait beaucoup » de pistes d’atterrissage, de routes praticables par tous les temps, etc., a-t-elle dit.

« Les actions belligérantes de la Chine sont une tentative pour empêcher l’Inde de renforcer son côté de la frontière. Pékin espère que l’attention du monde sera détournée par le Covid. »

CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR

Le président américain Donald Trump a déclaré le 27 mai que les États-Unis sont prêts à servir de médiateur entre l’Inde et la Chine pour les aider à résoudre leur différend frontalier actuel.

« Nous avons informé l’Inde et la Chine que les États-Unis sont prêts, désireux et capables de servir de médiateur ou d’arbitre dans leur différend frontalier qui fait maintenant rage. Merci », a déclaré M. Trump dans un message sur Twitter.

Bien que ni l’Inde ni la Chine n’aient cherché à obtenir une intervention des États-Unis ou de la communauté internationale, l’offre de M. Trump va contrarier la Chine, a déclaré Mme Pande.

« Pékin sera plus contrarié par cette offre du président Trump que par celle de Delhi car, en fait, les États-Unis traitent l’Inde et la Chine sur un pied d’égalité et c’est quelque chose que Pékin n’a jamais accepté », a-t-elle déclaré.

Selon le lieutenant-général Singh, de nombreuses raisons pourraient expliquer la récente agression chinoise à la frontière : la situation politique interne de la Chine, la pression mondiale exercée sur le régime chinois pour qu’il réponde aux questions sur la pandémie, ou encore les retombées de la guerre froide entre les États-Unis et la Chine.

Selon lui, cela pourrait également être dû au fait que l’Inde a pris la tête du conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 22 mai dernier, ou au fait que de nombreux pays souhaitent que Taïwan obtienne un statut d’observateur à l’Assemblée mondiale de la santé.

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