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Laissez la roue faire le travail : Entretien avec le maître potier Guy Wolff

"Les gens entrent [dans mon atelier] et disent : 'Vous faites toujours la même marmite. Comment pouvez-vous supporter ça ?' Mais c’est un peu comme demander à quelqu’un qui fait la valse et qui pense en boucle à un-deux-trois, un-deux-trois, un-deux-trois... comment il arrive à le supporter."
septembre 15, 2018 21:59, Last Updated: avril 5, 2019 19:50
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Le Connecticut, dans le nord-est des États-Unis, est connu pour plusieurs choses : quand on pense à l’État de Nutmeg, à Mystic Seaport, à l’Université de Yale et au luxe de Greenwich, mais on peut penser aussi que l’État abrite l’un des plus grands potiers du monde.

En plus de ses pots de fleurs très populaires, il fabrique des bols en céramique et d’autres récipients inspirés par sa connaissance de la poterie anglaise et américaine anciennes.

Guy Wolff avec sa poterie dans sa maison du comté de Litchfield. (Ryan Stewart)

J’ai rencontré Wolff chez lui à Bantam, un quartier bucolique de Litchfield, niché dans les vertes collines de l’ouest du Connecticut.

Je lui ai dit que je souhaitais en savoir plus sur sa vie et son métier, alors, naturellement, il a commencé par le début.

Né en 1950, Wolff a commencé son apprentissage de potier en 1966, à l’âge de 16 ans. Il attribue son choix de continuer dans la poterie au fait qu’il « n’avait pas de très bons yeux » pour la lecture et l’écriture et qu’il préférait travailler avec ses mains.

Mettant des pots à fleur dans le four à céramique. (Ryan Stewart)

« J’ai grandi au milieu de choses assez étonnantes », a dit Wolff, faisant référence à une enfance et à une adolescence qui ont été empreintes d’inspiration.

Le père de Wolff, Robert Jay Wolff, un expressionniste abstrait, a cofondé la Chicago School of Design, une renaissance américaine du mouvement artistique allemand du Bauhaus. De plus, l’oncle de Wolff, Marcel Breuer, un architecte formé au Bauhaus, a été le concepteur du Whitney Museum of American Art à New York City. Wolff a également été plongé dans les arts dans sa maison de longue date de l’ouest du Connecticut.

« Cette partie du Connecticut avait une communauté artistique vraiment étonnante », dit-il. « Tous les gens qui étaient dans les arts à l’époque – toute la communauté – tout le monde étaient en quelque sorte excités par ce que les autres allaient faire. La responsabilité était que vous… ayez suivi votre chemin, espérant que c’était votre chemin véridique. »

« J’ai grandi à l’âge d’or des gens impliqués dans ce genre de recherche. »

De « l’homme aux pots de fleurs » au « potier emblématique ».

En 1971, M. Wolff ouvre sa première boutique et dans la décennie qui suit, il vend principalement des articles-cadeaux. Au milieu des années 80, les pots de fleurs étaient très populaires et entre 1988 et 1998, M. Wolff dit qu’il a été « adopté comme l’homme à faire des pots de fleurs en Amérique ».

La popularité de M. Wolff a fait boule de neige : « Il est devenu très grand… Il est passé de potier du comté de Litchfield à potier du Connecticut, de potier de la Nouvelle-Angleterre à potier de l’Amérique, à ‘potier emblématique’ et toutes ces choses ridicules… Les phrases devenaient de plus en plus grandioses. »

La poterie de Guy Wolff. Les gens lui demandent s’il se lasse de faire le même pot encore et encore – Wolff répond que c’est une recherche vitale de la vérité. (Ryan Stewart)

M. Wolff estime que sa popularité a atteint son apogée en 1999, après presque une décennie de soutien de la part de Martha Stewart. En même temps, il fabriquait des pots et formait des potiers du monde entier par l’intermédiaire de son entreprise aujourd’hui dissoute : G. Wolff and Co.

« Ça a été une sacrée aventure, je peux vous le dire », a-t-il dit.

J’ai demandé à M. Wolff ce qui l’inspirait le plus dans la poterie. Sa réponse était étonnamment complexe et révélait que le métier est plus nuancé qu’il n’y paraît.

« Tout dans les arts a un début, puis on fait un geste et à partir de ce geste, on répond à ce geste, puis on prend une pose », dit-il.

« Si vous parlez d’art, de cinéma, de sculpture, de poterie, de n’importe quoi, c’est un peu comme si vous alliez d’un endroit à l’autre. Ce qui est si excitant, c’est le trajet entre les deux… En poterie, tout se joue dans la vitalité du mouvement. Les potiers doivent apprendre à réaliser une forme. »

La poterie de Guy Wolff. Pour Wolff, la poterie, c’est la vitalité du mouvement. (Ryan Stewart)

Pour « les gens qui aiment la poterie sur roue », dit-il, le processus du tournage (fabrication) de la poterie sur une roue, « pour eux, c’est un apprentissage qui exige patience et concentration. C’est un peu comme le sport ou la danse pour certaines personnes. »

On pourrait penser que de répéter le processus de créer une pièce similaire encore et encore pourrait être trop monotone pour stimuler une passion, mais comme le note Wolff, rien n’est plus éloigné de la vérité.

« Les gens entrent [dans mon atelier] et disent : ‘Vous faites toujours la même marmite. Comment pouvez-vous supporter ça ?’ Mais c’est un peu comme demander à quelqu’un qui fait la valse et qui pense en boucle à un-deux-trois, un-deux-trois, un-deux-trois… comment il arrive à le supporter. Mais quand on suit le mouvement du travail comme il se doit, c’est la même chose pour tout ce que vous aimez. Le ‘véhicule’ dans lequel vous êtes censé rouler disparaît dans l’action de faire. Cela vous ouvre pour que la magie se produise. »

« Il faut laisser la roue faire le travail », dit-il.

La poterie de Guy Wolff. (Ryan Stewart)

Ce pot est inspiré du travail de Frederich Carpenter à Boston et de Daniel Goodale à Hartford, deux merveilleux potiers de grès de la Nouvelle-Angleterre du début du 19e siècle. Les pots sont faits de 900 grammes d’argile humide fabriquée à Bantam, Connecticut. (Gracieuseté de Guy Wolff)

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