ÉTATS-UNIS

L’Aléna pourrait être « bon pour pour l’Amérique »

novembre 19, 2017 9:19, Last Updated: novembre 19, 2017 9:19
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Face au risque d’un retrait américain de l’Aléna, le monde des affaires monte au front pour convaincre l’administration Trump de conserver l’accord de libre-échange affirmant qu’il a largement profité en 23 ans à la première économie mondiale.

Spot publicitaire télévisé expliquant pourquoi « l’Aléna est bon pour l’Amérique », multiplication des études démontrant les effets négatifs d’une sortie du traité, le dossier a été soumis aux sénateurs et la mobilisation, emmenée par la Chambre de commerce américaine, s’intensifie alors que les négociateurs du Canada, du Mexique et des États-Unis ont repris leurs tractations cette semaine à Mexico.

« Aux côtés de plusieurs autres groupes industriels, agricoles et du monde des affaires, nous avons porté le cas devant le Congrès ces dernières semaines », explique une porte-parole de la Chambre de commerce, la plus grande organisation patronale des États-Unis représentant plus de trois millions d’entreprises de tous secteurs et régions confondus.

Des discussions ont eu lieu avec les 100 sénateurs, précise-t-elle. Avec le même message, sortir de cet accord « serait une erreur ». Pire, il serait « dévastateur » pour l’agriculture américaine notamment pour les producteurs de blé, estime l’organisation patronale.

Un retrait pur et simple « est toujours une option très probable, ce qui explique une telle pression du monde des entreprises », estime Monica de Bolle, experte au Peterson Institute for International Economics (PIIE).

En octobre, la quatrième session de discussions à Washington s’était soldée par des propositions américaines radicales comme une clause « crépusculaire » (« Sunset » en anglais) permettant d’abroger l’Aléna au bout de cinq ans ou l’abrogation du chapitre 19 permettant de régler les litiges commerciaux.

Mexico et Ottawa les avaient immédiatement rejetées demandant aux négociateurs de l’administration Trump de revoir leur copie.

Ces propositions ont eu pour effet de « réveiller » les sénateurs et les entreprises qui jusque-là ne prenaient pas véritablement au sérieux les menaces du président américain, observe Edward Alden du Council of Foreign Relations.

« À leur décharge, ce président est imprévisible. (…) Il est difficile de discerner ce qui relève de la plaisanterie de ce qui constitue une menace », dit-il.

Donald Trump avait dénoncé l’Aléna comme étant le « pire accord » de l’histoire, lui imputant le colossal déficit commercial (plus de 64 milliards de dollars) avec le Mexique et la destruction de milliers d’emplois.

Aujourd’hui, « diverses associations s’efforcent d’orienter positivement les discussions en tentant d’éloigner l’administration Trump de la rhétorique très sévère » lors des précédentes discussions, estime Monica de Bolle, pour qui la mobilisation produit un certain effet.

Pour preuve, dit-elle, la décision des ministres des trois pays de ne pas prendre part à la session de discussions en cours au Mexique évitant ainsi une escalade verbale. « Cela préserve la possibilité d’une sixième session en 2018 », dit-elle.

« Le monde des affaires est désormais pleinement engagé. Et, il a à la fois de l’argent et de l’influence », renchérit Edward Alden.

Mais à l’approche des élections de mi-mandat en 2018, Donald Trump entend afficher des réussites politiques. Or la crainte, souligne Mme de Bolle, est qu’il annonce un retrait de l’Aléna, évoqué pendant sa campagne de 2016, s’il ne parvient pas à faire passer au Sénat sa réforme sur la fiscalité.

Dans un sondage publié cette semaine, 56% des Américains ont estimé que l’Aléna était bénéfique pour les États-Unis. Les seuls électeurs républicains sont toutefois 54% à estimer le contraire.

« Les gens oublient que l’Aléna a contribué largement au développement du commerce entre les États-Unis, le Canada et le Mexique », note Beth Ann-Bovino, chef économiste chez S&P Global. « Il a triplé depuis la mise en oeuvre du traité », passant de 290 millions de dollars en 1993 à plus de 1,1 milliard en 2016, rappelle-t-elle.

Selon elle, l’accord a contribué à renforcer la compétitivité de l’industrie manufacturière en forçant les entreprises à innover, « ce qui, in fine, a accru l’emploi et les opportunités d’investissement ».

L’économiste souligne enfin qu’un retrait de l’accord conduirait à une hausse des prix freinant la consommation, traditionnel moteur de l’économie américaine, avec pour conséquence une baisse des revenus des entreprises.

Citant enfin une étude menée par le cabinet ImpactEcon, les pertes d’emplois non qualifiés pourraient s’élever à 250.000 dans les 3 à 5 ans après le retrait, dit-elle. En ajoutant les postes qualifiés, ce sont un million d’emplois supplémentaires qui pourraient disparaître.

R.B avec AFP

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