Si les femmes qui allaitent leur bébé sont généralement traitées avec respect, certaines personnes y voient là une atteinte à la pudeur. Insultées ou refoulées de certains lieux publics pour cette raison, désormais, « les femmes doivent savoir qu’elles ont le droit et la loi de leur côté », grâce à la proposition de loi portant sur la création d’un délit d’entrave à l’allaitement, portée par la députée Fiona Lazaar.
À la suite de l’agression de Maÿlis – la jeune maman bordelaise giflée parce qu’elle allaitait son enfant – ce qui a fait grand bruit le mois dernier, Fiona Lazaar, députée du Val-d’Oise, a déposé une proposition de loi portant sur la création d’un délit d’entrave à l’allaitement, le 15 juin dernier. La députée s’est exprimée sur ce sujet dans les colonnes de 20 Minutes.
Cette loi « redonne aux femmes un droit qui leur est fondamental »
Cette proposition de loi ne comprend que deux articles. Celui qui interdira ou tentera d’interdire à une femme d’allaiter dans l’espace public ou dans un établissement accueillant du public s’exposera à une amende de 1 500 €. Quant au second article, il porte sur le fait qu’allaiter en public ne relève pas d’une exhibition sexuelle.
Bien que le témoignage de Maÿlis ait finalement été mis en doute depuis, il aura certainement contribué à une avancée dans ce domaine. En tout état de cause, de nombreux témoignages montrent cette intolérance vis-à-vis des mamans qui allaitent leur enfant. Cela se traduit par des expulsions des lieux publics de ces mères qui allaitent, ou par des remarques désobligeantes et autres contrariétés, voire agressions.
À noter que jusqu’à présent, l’allaitement n’était ni autorisé, ni interdit par la loi, ce qui a entraîné une interprétation selon chacun. « Avec cette loi, le doute n’est plus permis, et on redonne aux femmes un droit qui leur est fondamental », explique celle qui est également vice-présidente de la délégation du Droit des femmes à l’Assemblée nationale.
« Les femmes doivent savoir qu’elles ont le droit et la loi de leur côté. Elles ne doivent plus avoir peur de se faire intimider ou agresser, et la société tout entière doit respecter leur choix. Certains de mes collègues pensent que c’est superfétatoire puisque rien ne l’interdit, mais je suis persuadée qu’inscrire les choses permet d’assurer l’effectivité des lois », souligne encore la députée à 20 Minutes.
« Allaiter est un choix et un droit, il n’y a rien de plus naturel et de plus sain »
Quant à l’argument selon lequel il s’agirait d’un acte d’exhibition sexuelle, avancé par ceux qui sont farouchement opposés à l’allaitement en public, Fiona Lazaar estime qu’il est « profondément scandaleux ». Selon elle, « ces esprits malveillants et tordus diffusent, par leurs actes, la crainte d’allaiter chez les femmes ». La députée ajoute que « cela projette un vrai malaise dans l’esprit des jeunes mamans qui souhaitent allaiter. […] Au final, on constate des cas de femmes, qui auraient aimé allaiter, mais ne le font pas parce qu’elles ne savent pas comment elles vont gérer si leur bébé se met à pleurer dans un magasin ou dans une administration parce qu’il a faim ».
Même si elle laisse les mères libres d’opter pour l’allaitement dans la mesure où c’est un choix intime et personnel, elle estime que ces femmes « ne doivent pas être empêchées par le regard des autres et une morale qui n’a pas lieu d’être ». Fiona Lazaar est confiante et pense que cette proposition de loi a toutes les chances d’aboutir.
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