L’Allemagne revient au charbon alors qu’elle est confrontée à la crise énergétique la plus terrible qu’elle ait connue depuis des décennies, et ce, bien qu’elle poursuive officiellement ses objectifs climatiques.
L’Allemagne consomme du charbon à un rythme record depuis près de six ans. Elle est un des rares pays à avoir augmenté les importations de charbon en 2022, rapporte Bloomberg.
Une des sources d’énergie les plus anciennes et les moins chères, le charbon, a fait un retour en force après la flambée des coûts de l’énergie dans le monde, notamment en Europe, qui souffre d’une crise économique sévère causée par la dégradation des relations avec Moscou.
Quelques centrales au charbon ont été temporairement relancées en Europe cette année en raison de la pénurie de gaz, après avoir été fermées ou ralenties pour faire face à la crise énergétique en cours.
La consommation mondiale de charbon a atteint un niveau record de plus de 8 milliards de tonnes cette année, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Malgré ce pic dans l’utilisation du charbon observé dans l’Union européenne, les émissions de carbone pour le mois de novembre ont été les plus faibles depuis 30 ans, selon le Center for Research on Energy and Clean Air (CREA).
L’Allemagne confrontée à une grave crise énergétique
Le parti des Verts allemand et le gouvernement de coalition de Berlin, dont il fait partie, avaient prévu l’élimination progressive du charbon d’ici à 2038, mais ils font maintenant pression pour que l’objectif soit avancé à 2030.
Toutefois, la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la perte de la majorité des approvisionnements en gaz naturel de l’Europe qui s’en est suivie ont entraîné un regain d’intérêt pour ce vénérable combustible fossile.
La plus grande économie d’Europe tente de trouver un équilibre entre la priorité à court terme consistant à augmenter sa stabilité énergétique et ses objectifs à long terme de zéro émission nette.
Entre juillet et septembre de cette année, 36,3% de l’électricité du réseau électrique allemand a été produite par des centrales au charbon, contre 31,9% au troisième trimestre de l’année 2021, a précisé l’office allemand des statistiques Destatis.
La production d’électricité à partir du charbon a augmenté de 13,3% d’une année sur l’autre pour atteindre 42,9 TWh au cours de la même période, tandis que la production totale d’électricité en Allemagne, à 118,1 TWh, a augmenté de 0,5%.
Selon l’AIE, l’Allemagne a connu la plus forte hausse de consommation de charbon, avec une augmentation de 19%, soit 26 millions de tonnes, par rapport à l’année dernière.
Dans le même temps, l’énergie produite avec du gaz naturel a légèrement augmenté en Allemagne, malgré la hausse des prix, tandis que les énergies éolienne et hydraulique ont été peu performantes.
Berlin retarde la fermeture du nucléaire et du charbon
La production nucléaire nationale a diminué au cours du troisième trimestre en Allemagne, qui a réduit le nombre de ses réacteurs actifs à trois, contre six un an plus tôt, conformément à la décision prise par Berlin d’abandonner progressivement le nucléaire au lendemain de la catastrophe de Fukushima.
En octobre dernier, le chancelier Olaf Scholz a ignoré sa coalition en maintenant les trois centrales nucléaires restantes en service jusqu’à la mi‑avril 2023 au plus tard.
« Ce n’est qu’en Allemagne, avec 10 gigawatts, qu’il y a un revirement important. La production d’électricité à partir du charbon dans l’Union européenne a ainsi augmenté, et devrait rester à ce niveau pendant un certain temps », selon le rapport annuel de l’AIE sur le marché du charbon publié le 16 décembre.
En raison des problèmes de maintenance rencontrés par les centrales nucléaires françaises, l’Allemagne est devenue, pour la première fois cette année, un exportateur net d’électricité vers la France, selon Destatis.
La capacité des réacteurs nucléaires en France est désormais d’environ 68%, contre 50% le mois dernier, précise Bloomberg.
Selon l’AIE, avec la reprise de la production nucléaire française et l’augmentation de la production électrique issue des énergies renouvelables en Allemagne, le pays devrait redevenir un importateur net d’énergie d’ici quelques années.
Toutefois, le gouvernement allemand a accordé une dérogation pour maintenir en service des centrales électriques au lignite à hauteur de 1,6 GW jusqu’en mars 2024, au lieu de les fermer à la fin de l’année 2022 comme prévu, selon Reuters.
Le déclassement des centrales à charbon d’une capacité de 2,6 GW et des centrales au lignite de 1,2 GW en Allemagne a été reporté.
Berlin a également créé une « réserve de remplacement du gaz » d’une capacité totale de 11,6 GW, dont des centrales au lignite pour 1,9 GW et à la houille pour 4,3 GW, qui resteront en service jusqu’en 2024, selon le rapport de l’AIE.
« L’élimination progressive du charbon prévue pour 2030 n’est pas remise en question », a fait savoir une porte‑parole du ministère allemand de l’Économie dans une déclaration à Bloomberg.
« Dans un contexte de crise, nous avons apparemment réussi à consommer nettement moins d’énergie en 2022, notamment de gaz naturel. »
Reuters a contribué à cet article.
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