L’Allemand Ostermeier s’empare de « La maison de Molière »

22 septembre 2018 13:05 Mis à jour: 22 septembre 2018 13:42

L’annonce avait de quoi allécher les amateurs de théâtre: , le plus connu des metteurs en scène allemands, présente samedi pour la première fois une pièce à la Comédie-Française, « La nuit des rois » de Shakespeare. Il a fallu tous les efforts d’Eric Ruf, patron de « la maison de Molière », pour convaincre Ostermeier de monter une pièce dans le bastion du théâtre public français.

« La réputation de cette maison est qu’elle est la dernière forteresse du théâtre classique basé sur le texte », affirme dans un entretien avec l’AFP le directeur artistique de la Schaubühne de Berlin, une des scènes les plus créatives d’Europe. Or depuis la nomination d’Eric Ruf en 2014 à la tête de la Comédie-Française, la plus ancienne compagnie en activité dans le monde s’ouvre de plus en plus aux metteurs en scène à la stature internationale, comme Ivo van Hove ou Deborah Warner.

« Regardez autour de vous, c’est comme un musée », dit le metteur en scène

« C’était un grand pas pour moi de venir ici… Regardez autour de vous, c’est comme un musée », sourit le metteur en scène en référence aux nombreux portraits et statues d’acteurs à la Salle Richelieu, siège de la compagnie au cœur de Paris. « Et pour ne pas faire partie d’un musée, il faut apporter un esprit différent, mais je ne suis bien sûr pas le seul à le faire », souligne M. Ostermeier, connu pour ses relectures radicales des pièces de Shakespeare et d’Ibsen.

Pour accepter, il a posé deux conditions: ne pas s’attaquer immédiatement à une pièce de Molière -il affirme qu’il le fera « un jour »— et travailler avec les plus jeunes acteurs de la troupe.

Il a eu la surprise de découvrir une jeune génération d’acteurs français

Et loin de l’image d’une compagnie engoncée dans ses traditions, il a eu la belle surprise de découvrir la jeune génération d’acteurs français.  « J’admire ce que tente de faire Eric ici, et j’admire ces acteurs, la jeunesse et la fraîcheur de leur esprit, » dit-il. « Ils sont ouverts à différentes expérimentations ».

Après son « Songe d’une nuit d’été », « Hamlet », « Othello » mais surtout son dernier « Richard III » qui a fait sensation au Festival d’Avignon en 2015, il s’empare d’un autre classique shakespearien, « La Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez ».

Une pièce où la question du transgenre est centrale: Viola arrive à la Cour d’Orsino après s’être déguisée en homme sous le nom de Césario: elle tombe amoureuse d’Orsino alors que le duc lui demande d’intercéder auprès d’Olivia, dont il est amoureux. Or, celle-ci est conquise par « Césario » en pensant qu’il s’agit d’un jeune homme.

Pour accentuer le côté contemporain, il a travaillé à partir d’une nouvelle traduction française, en prose

S’il est féru de Shakespeare et d’Ibsen, dont il travaille une nouvelle pièce cet automne, il n’en est pas moins un metteur en scène avide de textes contemporains. La saison dernière, il a monté « Retour à Reims », du sociologue français Didier Eribon ou encore « L’histoire de la violence » du jeune écrivain Edouard Louis.

Celui qu’on considérait comme l’enfant terrible du théâtre allemand pour sa vision novatrice a aujourd’hui 50 ans et il est plus que jamais sollicité sur la scène internationale, avec énormément de tournées. Son adaptation de « L’ennemi du peuple » d’Ibsen a tourné à elle seule dans quarante pays. Mais il y a deux semaines, elle s’est heurtée à la censure en Chine. « Les autorités n’avaient pas su à l’avance qu’on donnait la parole au public durant la pièce… », explique-t-il.

DC avec AFP

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