Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez recevait la semaine dernière à la Moncloa son homologue brésilien Lula da Silva. Si les deux dirigeants ont souhaité renouer le lien historique unissant l’Espagne à l’Amérique latine et ont réaffirmé dans une déclaration conjointe leur engagement pour la défense des valeurs de liberté, de démocratie et des droits de l’Homme, cette rencontre a aussi été l’occasion pour eux de s’allier pour relancer l’accord MERCOSUR-UE.
Le renforcement des relations entre l’Espagne et le Brésil après l’ère Bolsonaro
Cette visite officielle du chef d’État Brésilien à Madrid intervient dans un contexte de rétablissement de relations apaisées entre le Brésil et l’Espagne et indirectement l’Union européenne après le mandat de Jaïr Bolsonaro mais aussi de rapprochement tactique entre Pékin et Brasilia. « Le Brésil est de retour », a affirmé Lula. « L’Espagne salue le retour du Brésil sur la scène internationale en tant qu’acteur clé pour répondre aux enjeux globaux actuels », a déclaré de son côté le chef d’État socialiste espagnol, Pedro Sanchez.
Par sa gestion de la crise environnementale en Amazonie, de la crise sanitaire et plus généralement sa manière d’exercer le pouvoir, l’ex-président brésilien avait rendu tout dialogue difficile entre l’UE et le Brésil, au point de mettre un coup d’arrêt à la négociation du traité commercial UE-MERCOSUR en 2019.
Un pas vers la ratification du traité ?
Profitant de la présidence espagnole du Conseil de l’UE, de la présidence brésilienne du MERCOSUR et du sommet entre l’Union européenne et la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes se tenant à Bruxelles les 17 et 18 juillet, Pedro Sanchez et Lula da Silva ont indiqué vouloir avancer vers la ratification du traité cette année.
« La coïncidence de ces évènements est une excellente opportunité pour transformer ce rapprochement entre nos deux pays en avancées concrètes », a affirmé le chef du gouvernement espagnol, ajoutant que l’Espagne est fermement engagée pour aller vers la ratification du traité UE-MERCOSUR ».
Le traité de libre-échange UE-MERCOSUR, clivant au sein de l’UE
À l’image des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) il y a quelques années, la reprise des négociations pour la ratification du traité UE-MERCOSUR pourrait être difficile. Bien qu’un accord avait été trouvé entre les deux parties en 2019, plusieurs ministres de l’Agriculture européens ont fait part de leur réserve quant à la relance de l’accord lors d’une réunion au Conseil de l’UE le 20 mars 2023.
L’Autriche et la Suède craignent notamment que l’accord ne profite in fine qu’aux États membres du MERCOSUR, ces derniers exportant en grande quantité des produits agricoles avec des normes environnementales moins strictes. De son côté, la France avait demandé la mise en œuvre d’un principe de réciprocité pour que les normes nationales soient protégées et la concurrence loyale garantie.
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