Drôle d’endroit pour une idylle… Entre deux barricades, dans la brume des gaz lacrymogènes, Abby et Nick se tiennent par la main, tissant leur histoire d’amour née dans les manifestations d’un long été hongkongais.
Comme de nombreux étudiants du territoire semi-autonome chinois, le jeune couple a passé ses vacances à battre le pavé, bravant les charges de police, les arrestations et les balles en caoutchouc.
Abby et Nick qui préfèrent utiliser des noms d’emprunt se sont rencontrés à la fac en juin, alors même que s’ébranlaient les premières manifestations contre l’exécutif pro-Pékin. Leur amour a fleuri à mesure que grossissait la contestation, devenue le plus grave défi au régime chinois depuis la rétrocession du territoire par la Grande-Bretagne en 1997.
-Nick, 20 ans, et Abby, 19 ans, des heures sur les barricades-
Nick, 20 ans, et Abby, 19 ans, ont passé des heures sur les barricades, une relation charpentée par l’adrénaline et le sentiment de combattre pour défendre les libertés de l’ancienne colonie britannique.
« Nous avons été à beaucoup de manifestations depuis juin, pratiquement tous les weekends », témoigne Abby. « Ce n’était pas pour s’amuser. Mais c’est super de partager ça avec quelqu’un. C’est unique. »
Devenus des quasi-professionnels de l’agitation, les jeunes gens se rendent aux défilés ensemble. Dans les toilettes d’un centre commercial, ils enfilent leur panoplie de rebelles: vêtements noirs, masque à gaz et lunettes de plongée, pour se protéger des lacrymos.
A l’approche de la police anti-émeute, ils se tiennent un peu en retrait, derrière les manifestants radicaux qui jettent des briques en direction des policiers.
« Si je vis assez vieux, ce sera une sacrée histoire à raconter à mes enfants et petits-enfants », commente Nick, un étudiant en lettres qui n’a rien d’une armoire à glace.
-Derniers moments de tendresse avant une pluie de lacrymos-
Lors d’une récente manif dans le district de Tsuen Wan, Nick tient un parapluie au dessus d’Abby pendant qu’elle lui ajuste son masque à gaz. Derniers moments de tendresse avant une pluie de lacrymos et une fuite éperdue, chacun de son côté dans le chaos.
Malgré les gaz, Nick retire ses lunettes en plastique pour tenter d’envoyer frénétiquement un message à sa copine à l’aide de son téléphone portable.
« J’étais inquiet », raconte-t-il plus tard à l’AFP. « Normalement, je ne vais pas avec elle à l’avant de la manifestation. Nous nous sommes perdus quand la police a tiré les premiers gaz. Je l’ai retrouvée une heure plus tard dans un centre commercial ».
Les deux étudiants réclament le retrait définitif du projet de loi qui aurait autorisé les extraditions vers la Chine continentale et a mis le feu aux poudres début juin avant d’être simplement suspendu.
« Je fais partie des gens qui réclament la démocratie. Si le projet de loi était adopté, je risquerais d’être extradé », redoute Nick. « Notre mouvement a attiré l’attention du gouvernement chinois. C’est maintenant ou jamais pour Hong Kong », affirme-t-il.
Le jeune couple se dit prêt à aller jusqu’au bout, alors même que le gouvernement du président Xi Jinping laisse planer la menace d’une intervention armée dans le territoire pour rétablir l’ordre.
« Si l’on me tue, tant que c’est pour le bien de Hong Kong, alors pas de problème », assure Abby. Mais l’étrangeté de ces drôles de vacances 2019 n’échappe pas à Nick. « Nous sommes épuisés. Se battre avec la police, recevoir des tirs de balles en caoutchouc… ça ne devrait pas se passer comme ça. »
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