Le nouveau départ est officiel : après 24 ans d’un mariage asymétrique, les constructeurs Renault et Nissan ont lancé mercredi la nouvelle forme de leur Alliance, leur permettant de repartir sur de nouvelles bases moins fusionnelles mais plus égalitaires.
Les deux constructeurs avaient annoncé en février revoir les bases de l’Alliance qui les unit depuis 1999, à laquelle s’est rajouté Mitsubishi Motors en 2016. Sa concrétisation, attendue avant la fin de l’année, a été officialisée mercredi. « Après obtention des autorisations réglementaires requises, le Nouvel Accord de l’Alliance entre Renault Group et Nissan entre en vigueur aujourd’hui », ont indiqué les groupes dans un communiqué commun.
« Ce nouveau chapitre de l’Alliance maximisera la création de valeur pour chacun de ses membres en posant les bases d’une nouvelle gouvernance équilibrée, juste et efficace », a estimé son président Jean-Dominique Senard, cité dans le communiqué.
Alors que Renault détenait auparavant 43,4% de Nissan, les deux entreprises « détiennent désormais une participation croisée de 15% », est-il indiqué. Cela signe la fin d’une longue domination du groupe français, dont l’action prenait mercredi à la Bourse de Paris 1,24% à 33,97 euros, dans un marché en repli de 0,26% vers 10h20. La relation avait été compliquée par la montée surprise de l’État français au capital de Renault, en 2015, puis par la spectaculaire chute de Carlos Ghosn, alors patron de l’alliance, et arrêté fin 2018 au Japon pour des accusations de malversations financières.
Un « accord d’égal à égal »
Le patron de Nissan Makoto Uchida, cité dans le communiqué, a salué un « accord d’égal à égal », qui permettra à Nissan de « continuer de développer ses compétences clés et gagner en agilité ». « Nous sommes convaincus des perspectives fructueuses qui découleront de ce partenariat rééquilibré », a-t-il ajouté.
« Cette nouvelle ère de l’Alliance » sera « orientée business », affirme le directeur général de Renault Luca De Meo, évoquant des « projets communs en Europe, en Amérique latine et en Inde » censés « créer des centaines de millions d’euros de valeur pour chacun des partenaires ».
Renault, Nissan et Mitsubishi – dont Nissan détient 34% du capital – collaborent déjà sur de nombreux véhicules, avec des économies à la clé. Des voitures Renault et Nissan partagent des mêmes moteurs et des Renault sont vendues sous badge Mitsubishi.
Signe que la nouvelle entente est sur de bons rails, les deux constructeurs japonais ont déjà annoncé investir dans l’entité électrique de Renault, Ampere, à hauteur de 200 millions pour Mitsubishi Motors et de 600 millions d’euros pour Nissan, même si cette dernière participation constitue un engagement moindre par rapport à ce que Renault espérait.
Le groupe Renault, qui perd son ascendant sur son partenaire, bénéficiera tout de même « d’une plus grande flexibilité dans sa politique d’allocation de capital grâce à la possibilité de monétiser les actions Nissan », a ajouté M. de Meo. En effet, Renault a transféré 28,4% des actions Nissan « dans une fiducie française » et peut à tout moment les vendre, même si Nissan dispose « d’un droit de première offre, à son profit ou au profit d’un tiers désigné », est-il précisé. En attendant, Renault continuera d’en toucher les dividendes.
La réorganisation en cours
Au-delà de l’aspect financier, l’assouplissement de l’Alliance a des implications concrètes : depuis lundi déjà, Nissan et Renault avaient acté la fin du partage de leurs fichiers et données. Ils ont aussi annoncé la fin de leur centrale d’achat commune, un changement drastique par rapport à l’ancienne alliance, où elle occupait une place fondamentale.
Pour les 375.000 salariés de l’Alliance, « c’est une rupture forte dans les liens qu’on avait », a affirmé à l’AFP Fabien Gloaguen, délégué syndical FO de Renault, parlant même de « divorce ». Un terme que Renault récuse mais « qui n’est pas un gros mot », affirme-t-il : « Il y a des divorces qui se passent très bien. » Pour autant, les salariés sont inquiets : « On parle beaucoup de transactions financières, mais nos questions c’est si on va préserver les sites français et les emplois », souligne M. Gloaguen.
Contacté lundi par l’AFP, le groupe Renault avait indiqué qu’aucun collaborateur de la centrale d’achat ne serait licencié et que « la réorganisation est en cours ». Il avait réaffirmé que les véhicules dont Nissan a confié la construction à Renault continueraient d’être fabriqués dans ses usines françaises.
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