La langue officielle de la dynastie chinoise Qing (1644 – 1911), le mandchou, a joué un grand rôle dans l’histoire et la culture de la Chine et son influence s’étend sur plusieurs siècles. Bien que la population mandchoue en Chine soit maintenant de près de 10 millions, moins de 100 personnes peuvent parler le mandchou selon des universitaires chinois. Actuellement, moins de 50 personnes sont engagées dans la traduction des écrits mandchous en mandarin. Parmi eux, seules 20 personnes sont compétentes dans le langage mandchou écrit. Si le mandchou venait un jour à disparaître, la majorité des archives historiques de la dynastie Qing ne seraient jamais décodées.
Selon un article de Life Daily de 2005, les dernières personnes à parler le mandchou en Chine sont les personnes d’âge moyen à âgées, habitant le village Sanjiazi du Comté de Fuyu, dans la province du Heilongjiang du nord-est de la Chine. Dans une étude officielle conduite par l’Institut de Recherches Mandchoues du Heilongjiang, le fait que le village de Sanjiazi soit vu comme le « fossile vivant » de l’étude sur la langue mandchoue montre que le déclin du dialecte mandchou s’est de toute évidence accéléré.
Des statistiques d’une étude de 2002 indiquaient que seulement trois villageois pouvaient parler le mandchou très aisément et que 15 pouvaient bien comprendre la langue et la parler correctement. La majorité de ceux avec un bon niveau de langue mandchoue ont entre 50 et 70 ans. Le plus vieux a 86 ans. Des études de suivi menées les années suivantes ont montré que la capacité de conversation de ces vieux Mandchous a graduellement dégénéré. Aujourd’hui, aucun d’entre eux ne peut raconter les contes de fées et les légendes en mandchou. Les sujets de leurs conversations en mandchou se confinent au vocabulaire simple utilisé dans la vie courante.
Ayant été la langue officielle de la dynastie Qing, l’importance du mandchou dans l’histoire de la Chine ne peut pas être surestimée. Une large part du vocabulaire utilisé dans le langage moderne du mandarin provient du mandchou. Selon les recherches académiques menées sur Le Rêve dans le pavillon rouge, un roman célèbre présentant la vie sous la dynastie Qing, ce qui rend la narration de l’histoire particulièrement charmante est le succès de l’auteur à mélanger un grand nombre de mots mandchous et à imiter la façon dont les Mandchous parlent le mandarin.
Dans la dernière période de la dynastie Qing, le mandchou n’était plus la langue officielle. Cela a mené à une réduction drastique de l’utilisation du mandchou. Durant cette période tardive de la dynastie Qing, le territoire parlant le mandchou s’est réduit au Nord-Est de la Chine, d’où sont originaires les Mandchous. Dans les régions intérieures de la Chine, même les aristocrates impériaux avaient presque totalement abandonné l’apprentissage du mandchou. L’enseignement du mandchou a finalement été aboli après la révolution Xinhai de 1911, qui mit fin à la dynastie Qing.
Depuis que le Parti communiste chinois (PCC) a pris le pouvoir en 1949, l’origine et le développement du mandchou ont souffert d’un impact sans précédent. La situation est devenue particulièrement inquiétante ces dernières années. Selon une étude menée par le professeur Zhao Aping de Centre de Recherches en Langue et Culture Mandchoues de l’Université du Heilongjiang, tous les habitants du village Sanjiazi, quel qu’était leur âge, parlaient le mandchou au quotidien avant les années 1950 et les personnes de nationalité han s’étant mariées à des Mandchous pouvaient aussi parler le mandchou. Certains des anciens du village pouvaient aussi lire la langue mandchoue et écrire des lettres en mandchou. Depuis la fin les années 1950, cependant, le mandchou est vu comme un « langage barbare » ou « négatif ». Ces personnes parlant le mandchou et ne pouvant pas parler le mandarin ont été classées dans les « Cinq classes noires ». Ces facteurs adverses ont empêché les Mandchous de parler publiquement le mandchou.
Lorsque la tension politique en Chine a commencé à s’alléger dans les années 1980, les habitants de Sanjiazi ont délibérément continué à parler le mandchou. Certains anciens du village ont appris le mandchou à leurs descendants. Même ainsi, la population des locuteurs du mandchou a continué de décliner rapidement. De nombreuses formes d’expression du langage mandchou ont diminué ou ont été complètement détruites.
Au cours du siècle dernier, l’histoire et la culture de la langue mandchoue ont fortement attiré l’attention des cercles académiques du monde entier. Durant les trois dernières décennies, des universitaires et des experts de 23 pays se sont dévolus à la recherche sur la langue mandchoue. Contrairement aux ressources humaines et aux fonds que le Japon et la Corée y ont dédié, l’investissement de la Chine dans l’étude du mandchou a été très faible et minimal. Le nombre de traducteurs qualifiés et de chercheurs sur le mandchou n’est que de 100. Un budget insuffisant est également un grand frein à la recherche.
Un énorme volume d’archives et d’enregistrements sont écrits en mandchou, un total de deux millions de pièces dans les archives nationales, qui ont été mises de côté après les 268 ans de règne de la dynastie Qing. Dans les archives publiques de la seule province du Heilongjiang, les archives mandchoues pèsent un total de 60 tonnes. Traduire intégralement ces précieux documents historiques mandchous prendraient 100 ans de travail à 100 traducteurs. Pourtant, actuellement ce sont moins de 50 personnes qui traduisent du mandchou au mandarin, et à peine 20 d’entre eux comprennent vraiment bien le mandchou. Si la langue mandchoue disparaissait, de nombreuses informations historiques sur la dynastie Qing seraient perdues.
Version anglaise : Official Language of Qing Dynasty Borders on Extinction
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