L’annonce de relations diplomatiques avec Taïwan, également connue sous le nom de République de Chine, pourrait permettre aux États-Unis de déclencher une série d’événements susceptibles de sonner le glas du Parti communiste chinois (PCC), estime Wang Dan, éminent dissident chinois et leader du mouvement étudiant de la place Tiananmen en 1989, aujourd’hui citoyen américain.
« À l’heure actuelle, seuls les États-Unis ont le pouvoir de vaincre le PCC », a déclaré M. Wang, titulaire d’un doctorat en histoire de l’université de Harvard et professeur d’histoire à l’université nationale de Chengchi, à Taïwan. M. Wang s’exprimait lors d’un forum sur les mouvements démocratiques à Sydney le 12 novembre.
« Le moyen de le faire est très simple : il suffit d’annoncer l’établissement de relations diplomatiques entre Taïwan et les États-Unis. »
M. Wang pense que le PCC perdrait ainsi plus facilement sa légitimité qu’avec n’importe quelle autre forme d’action.
« Les États-Unis pourraient en fait dire : ‘Je reconnais deux Chine’ – je reconnais la République populaire de Chine, mais j’établirai également des relations diplomatiques avec la République de Chine, tout comme avec l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest », a-t-il déclaré.
M. Wang estime que si les États-Unis annonçaient effectivement le rétablissement des liens diplomatiques avec Taïwan, le PCC serait contraint de réfléchir à la manière de réagir, sachant que toute réponse impliquant une action militaire ne ferait qu’attirer des ennuis à Pékin.
« Lorsque cela se produira, la Chine devra certainement entamer des pourparlers, car les États-Unis n’utiliseront pas la force militaire [de manière proactive] – les États-Unis seront toujours prêts à maintenir des relations amicales avec la Chine. La Chine prendra probablement des mesures, entraînant ainsi le coup de grâce », a-t-il ajouté.
Pékin considère Taïwan comme une province renégate, même si le PCC n’a jamais dirigé l’île autonome. Les États-Unis n’entretiennent actuellement aucune relation diplomatique officielle avec Taïwan. Ils ont décidé de reconnaître officiellement le PCC au détriment de la République de Chine en 1979, en espérant que des liens plus étroits favoriseraient l’ouverture et le libéralisme de la Chine continentale. Mais cet espoir ne s’est pas concrétisé.
Actuellement, le soutien des États-Unis à Taïwan se manifeste par le Taiwan Relations Act de 1979, qui autorise les États-Unis à fournir à Taïwan l’équipement militaire nécessaire à son autodéfense et à résister à toute forme de coercition « qui mettrait en péril la sécurité ou le système social ou économique de la population taïwanaise ».
« Il s’agit peut-être d’un changement énorme que personne n’aurait jamais anticipé », a souligné M. Wang. « Ne pensez pas que les relations diplomatiques entre Taïwan et les États-Unis relèvent de l’impossible, surtout maintenant que nous avons un président américain [Trump] qui peut faire n’importe quoi – un président totalement imprévisible. »
M. Wang fut l’un des principaux dirigeants du mouvement étudiant lors de la manifestation de la place Tiananmen. Il a ensuite été condamné à la prison pour son rôle dans cette mobilisation et s’est exilé aux États-Unis en 1998.
Le PCC pourrait ne pas gagner la guerre
Même si une guerre éclate dans le détroit de Taïwan, le PCC n’en sortira pas nécessairement vainqueur, estime M. Wang.
« Même d’un point de vue militaire, je ne pense pas que l’armée communiste ait de bonnes chances de l’emporter », a-t-il poursuivi, notant que Taïwan n’est pas si facile à envahir. « L’île dispose d’un long littoral et, en termes de coopération en matière de renseignement, les relations de Taïwan avec le Japon et les États-Unis demeurent très étroites. »
Selon le directeur de la CIA, William Burns, le dirigeant du PCC, Xi Jinping, a ordonné à l’armée chinoise d’être prête d’ici 2027 à envahir Taïwan avec succès.
L’analyse de M. Wang est partagée par Lonnie Henley, chercheur à l’Institut de recherche sur la politique étrangère, qui a plus de 40 ans d’expérience en tant qu’officier de renseignement et expert de l’Asie de l’Est. Selon lui, Pékin pourrait échouer à s’emparer de Taïwan pour plusieurs raisons et perdre ainsi le pouvoir.
« Au lendemain d’un échec dans la conquête de Taïwan, les dirigeants du PCC s’empresseraient d’affirmer dans une formule la proclamation de la victoire stratégique en dépit du résultat militaire, dans un effort désespéré de sauver leur peau », a écrit M. Henley. « Il n’est pas du tout certain qu’ils y parviennent. »
La chute de PCC se fera du jour au lendemain
M. Wang a également prédit que la chute du PCC se ferait du jour au lendemain, évoquant la disparition des régimes totalitaires comme l’Union soviétique.
« L’une des principales caractéristiques des États totalitaires est qu’avant qu’un changement ne se produise, personne ne peut le prédire, car ils contrôlent toutes les informations », a-t-il affirmé.
« Toutefois, lorsqu’un changement s’amorce, il est toujours soudain et spectaculaire. Les changements à venir en Chine ne seront certainement pas graduels. Ils seront brusques. Un événement majeur peut survenir soudainement et, en l’espace d’une semaine, la Chine pourrait être confrontée à des bouleversements. »
Il a cité l’exemple de « la chute de la Bande des Quatre » en 1976, un événement au cours duquel un groupe d’opérateurs politiques de la vieille garde du PCC, dirigé par Jiang Qing – l’épouse du fondateur du PCC, Mao Zedong -, a été démantelé. Ce groupe avait fait des ravages pendant des années, notamment lors de la révolution culturelle (1966-1976).
« En l’espace d’un mois, la Chine avait connu un véritable bouleversement. […] Moins d’un mois après la mort de Mao Zedong, sa femme a été arrêtée », a-t-il ajouté. « De telles choses se sont déjà produites en Chine. Puisqu’elles se sont produites une fois, il n’y a aucune raison de croire qu’elles ne peuvent pas se reproduire. »
« Si nous regardons le monde, l’Union soviétique et Taïwan ont changé du jour au lendemain, je pense donc que la probabilité que la Chine subisse un changement soudain est supérieure à 75 %, et probablement de l’ordre de 80 %. »
Frank Fang a contribué à la rédaction de cet article.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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