L’appel à la justice de la communauté asiatique à Paris

septembre 6, 2016 14:00, Last Updated: septembre 6, 2016 14:00
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Suite à la mort de Zhang Chaolin, couturier résidant à Aubervilliers, la communauté chinoise a de nouveau manifesté dans les rues parisiennes. Le rassemblement s’amplifie autour des questions de sécurité, malgré de faibles signaux de la part de la classe politique et des médias.

« Faut-il se faire justice soi-même ? » La question écrite sur un énorme ballon blanc flotte au dessus d’une foule principalement asiatique, réunie ce dimanche Place de la République, et plane dans les esprits de la communauté asiatique. Réunie suite à la mort de Zhang Chaolin, couturier chinois victime d’une agression qui lui a coûté la vie, celle-ci défilait en commémoration, ce dimanche 4 septembre.

Vers midi, un haut-parleur commence à chauffer. « Liberté ?… Égalité ? Fraternité ? Sécurité ! », scande-t-il. Après quelques minutes, un organisateur prend le micro et explique au rassemblement silencieux et ordonné : « Quand vous entendez « Liberté », en fait vous devez dire « oui », « Égalité », vous dites « oui ! » « Insécurité »Ò, vous dites « non » ! ». Quelques rires, beaucoup de sourires, entendus ; de réputation discrète, la communauté asiatique osera finalement porter la voix. D’après un organisateur représentant d’association, « cette tragédie est un véritable déshonneur dans l’État de droit qu’est la France ».

Malgré une foule principalement asiatique, les organisateurs l’assurent, le problème de la sécurité est un problème général qui ne concerne pas seulement une communauté. Face aux promesses des politiques, ils affichent leur réserve. Car la mort de M. Zhang n’est pas le premier incident ; cela dure depuis 2008, date à laquelle Tan Benoît, médecin associatif d’Aubervilliers, avait été gravement blessé.

«Le système ne fonctionne pas : quand on appelle la police, ils viennent au bout de trois heures»

Jin Yang, jeune Chinois né en France

Pour beaucoup de manifestant, les difficultés auxquelles est confrontée la communauté asiatique sont peu, voire pas du tout relayées dans les grands médias. Une mise sous silence qui agace, mais surtout inquiète les représentants des communautés. Sur la ligne de front de la manifestation, aucun représentant de gauche. Dans le cortège des 40 000 manifestants – selon les organisateurs, juste un ou deux représentants de SOS Racisme ou de la Licra.

Jin Yang travaille dans les télécommunications. Né en France, il a vécu à Pékin puis est revenu pour passer ses diplômes à la Plaine Saint-Denis en 2008. Il a aujourd’hui déménagé à Boulogne-Billancourt, mais garde un souvenir « choquant » de la Seine-Saint-Denis. « À force de voir ce qui se passe devant vos yeux, vous n’y croyez plus », regrette-t-il. Les promesses politiques, il ne croit pas que cela changera grand chose : « C’est comme une vague, ça passe, et une fois passée, plus personne n’en parlera ».

«Il existe des bandes groupées qui sont là pour regarder qui va et vient et qui visent particulièrement certaines communautés. Je n’ai jamais eu de problème chez moi, jusqu’au jour où une fille chinoise est venue habiter chez moi. Seulement deux semaines après, j’étais cambriolé. Je suis allé porter plainte au commissariat, ils m’ont fait attendre quatre heures. Le système ne fonctionne pas : quand on appelle la police, c’est pareil, ils viennent au bout de trois heures », continue-t-il.

Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France, chargé des sports, de la jeunesse et de la vie associative, reconnaît également que la communauté chinoise constitue une « cible facile », et d’après lui, si les touristes chinois ont effectivement l’habitude de se déplacer avec des grosses sommes d’argent, il n’en est pas de même des commerçants, qui sont bien avertis de la situation. « Mais ceux qui attaquent ne font pas cette différence là et ils s’en prennent à eux car pour eux c’est un moyen d’enrichissement facile », estime-t-il.

Quelques interventions de politiques ont précédé le début de manifestation. Valérie Pécresse a promis entre autres une convention État-Région qui serait adoptée avec Bertand Cazeneuve dès la semaine prochaine. Patrick Karam assure quant à lui la mise en place du « Bouclier de sécurité », mesure adoptée par la Région en janvier et préconisant l’emploi de la télésurveillance.

L’association des Chinois résidant en France voit plus loin. Elle espère créer de nouvelles activités dont un forum en mai prochain sur le Champ-de-Mars pour « tisser des liens ». « Nous ne devons pas seulement avoir des revendications. Il faut également avoir des actions de constructions », a souligné Ling Leuzi, son coprésident.

 

 

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