Depuis mi-septembre, une recrudescence de cas de rougeole a été constatée en Ardèche. Au total, 61 personnes ont été contaminées. L’épidémie ralentit maintenant. Quelles sont les raisons pour lesquelles cette maladie a pu faire son retour spécifiquement dans ce département ?
L’Ardèche a une histoire particulière avec la rougeole. Entre 2008 et 2011, une flambée épidémique de rougeole a eu lieu dans ce département. À cause de cette épidémie, on observe « un très bon taux de vaccination » en Ardèche, où 95% des enfants sont vaccinés contre la maladie. C’est ce qu’explique sur France Info Daniel Floret, pédiatre et président de la Commission nationale de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole.
Ce pédiatre remarque que sur toute la France, « ces dernières années seuls une dizaine de cas avaient été détectés ».
Toutefois, récemment en Ardèche, 61 personnes ont contracté la maladie, dont 56 enfants. Parmi eux, 49 collégiens qui fréquentent le même établissement de Guilherand-Granges ont été touchés, précise Le Dauphiné. Dans deux cas, il y a eu hospitalisation mais les enfants sont rentrés à leur domicile après quelques jours. Tout est parti d’un cas importé de Bali, une personne ayant contracté le virus dans cette île indonésienne l’ayant rapporté dans un stage de rugby en Ardèche.
« C’est troublant »
Ce qui intrigue les soignants dans cette nouvelle épidémie, c’est le fait que 64% des enfants contaminés étaient bien vaccinés contre la rougeole. Les professionnels de la santé se sont donc penchés sur la question. « C’est troublant », reconnaît le Dr Bruno Morel, directeur délégué à la veille et aux alertes sanitaires de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes.
En vérifiant les carnets de vaccination des 643 élèves du collège Charles-de-Gaulle, l’ARS et Santé publique France ont découvert un fait. « La grande majorité des enfants touchés ont été vaccinés avant l’âge d’un an », remarque le Dr Floret.
Cela est vraiment particulier à l’Ardèche : le département ayant été très touché par la flambée épidémique de 2008-2011, « il y a eu une inquiétude et certains professionnels de santé ont cru bon de vacciner plus tôt », explique le Dr Floret au micro de France Bleu. Résultat : beaucoup d’enfants ont été vaccinés avant leur premier anniversaire.
Un risque d’échec de vaccination
« Depuis, de nouvelles données montrent que le risque d’échec de vaccination est plus important quand on reçoit sa première dose avant l’âge d’un an », ajoute-t’il.
Les données indiquent par ailleurs que plus l’enfant a été vacciné tôt contre la rougeole, moins le vaccin s’est avéré efficace. Ainsi 17,6% des enfants qui ont eu leur première dose avant l’âge de 9 mois ont contracté le virus. Pour les enfants vaccinés entre 9 et 12 mois, ce pourcentage descend à 7,5% alors que seulement 2,2% des enfants vaccinés après l’âge de 12 mois sont tombés malades.
Nouvelle recommandation
Suite à ces constatations, une nouvelle recommandation a été émise pour que les enfants qui ont été vaccinés avant un an, donc trop tôt, reçoivent une dose supplémentaire. Deux opérations de vaccination ont été organisées cette semaine.
Elles concernent autant les enfants de plus de 12 mois qui n’ont jamais eu la rougeole, que ceux qui n’ont pas encore été vaccinés contre la rougeole, ceux qui n’ont eu qu’une dose ainsi que ceux dont la première dose a été administrée avant l’âge de 12 mois. « Il est fortement recommandé qu’ils reçoivent une 3e dose pour obtenir une meilleure protection contre la rougeole », indique l’ARS. Toute personne née après 1980 qui n’a pas reçu ses deux doses de vaccin est également concernée par cette vaccination.
Pour la première opération de vaccination, qui a eu lieu au centre hospitalier de Valence ce lundi 23 octobre, seules une douzaine de personnes se sont présentées pour se faire vacciner.
Une deuxième journée de vaccination contre la rougeole était organisée à Guilherand-Granges ce mercredi 25 octobre. Au moment d’écrire ces lignes, le nombre de personnes qui y ont reçu une injection n’était pas encore connu.
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