La semaine dernière, le ministère américain de la Défense a dévoilé un partenariat à hauteur de 171 millions de dollars avec un consortium de géants de la technologie — Apple, Boeing et Lockheed Martin entre autre — pour développer des objets électroniques et vestimentaires à visée militaire. L’objectif affiché de ce projet est la création d’outils permettant l’amélioration de la surveillance de la santé des troupes au combat.
Les appareils connectés à porter sur soi, que l’armée souhaite développer n’auront rien à voir avec les cadors actuels du marché comme FitBit ou l’Apple Watch, consacrés à la quantification des indicateurs généraux de l’état physique du porteur, comme le rythme cardiaque et le nombre de pas effectués. Le recueil en temps réel des données physiologiques sur les muscles et les lésions cérébrales des militaires aiderait les médecins à mieux gérer les blessés ou simplement à repérer les soldats qui sont dangereusement stressés ou épuisés.
« D’un point de vue général, nous aimerions mesurer les EEG, ECG et EMG (électroencéphalogramme, électrocardiogramme, et l’électromyographie, les tests qui surveillent le cerveau, le cœur et l’activité musculaire) grâce à des capteurs mobiles. Cela permettrait de suivre les soldats une façon innovante et actuellement impossible, dans un environnement actif », a déclaré Albert Titus, professeur d’ingénierie à l’Université de Buffalo.
Ce n’est pas la première incursion du Pentagone dans les technologies portables, même si il en train de franchir une étape beaucoup plus importante dans cette direction.
En novembre dernier, l’Office of Naval Research a versé une subvention de 150 000 dollars à Titus et la firme technologique Sentience Science, une entreprise de technologie, pour développer des outils capables de surveiller le niveau de stress d’un soldat au combat et de générer automatiquement des alertes lorsque celui-ci atteint des niveaux dangereux.
Les procédures actuelles de tests d’électrocardiogramme exigent un tas de capteurs et d’électrodes volumineux à fixer sur la peau, pendant que l’individu reste immobile —des conditions inadaptées pour les soldats au combat. Les objets connectés de l’armée doivent se miniaturiser pour devenir plus pratiques et moins gênants pour le porteur. Ils doivent cependant pouvoir être fixés solidement pour générer des données précises, tout en permettant aux soldat ses manœuvres dans des situations extrêmes.
Selon l’entreprise de technologie Titus : « parvenir à rendre le dispositif sensible aux signaux physiologiques que nous voulons collecter, alors qu’on s’éloigne des conditions idéales de mesures du corps, ou mesurer les signaux sur un corps mobile, est un grand défi, car cela génère beaucoup plus de bruit, du bruit électrique ».
Parvenir à créer une source d’énergie portable pour les objets connectés, et pouvoir transmettre les données sans fil à un système intégré en temps réel, fait parti des autres défis techniques à relever. Des difficultés que Titus jugent plus que suffisantes pour consommer les millions que le Pentagone prévoit d’allouer à ce projet.
« Nous n’en sommes qu’aux premiers balbutiements. Nous ne savons pas où cela finira par nous mener », s’est réjouit Titus. « Nous ne faisons pas qu’un dépoussiérage de ce qui existe déjà. Arrivés à un certain point, nous devons vraiment repenser la façon de réaliser tout cela ».
Les avancées dans le domaine des mesures des électroencéphalogrammes mobiles (EEG) pourraient permettre la création d’applications dépassant le simple cadre des usages médicaux. L’armée américaine s’intéresse au déploiement des interfaces cerveau-ordinateur, créées à l’origine pour aider les paralysés à communiquer et à effectuer les tâches quotidiennes. L’armée veut que cela permette aux soldats de communiquer, et de coordonner les activités de combat par la pensée.
Dans un communiqué, Dr Liyi Dai, responsable de programme de l’Army Research Office s’enthousiasme : « voir un soldat arriver à communiquer sans faire aucun geste visible serait inestimable, à la fois pour le champ de bataille, et pour les soins prodigués aux blessés du terrain ».
Les interfaces cerveau-ordinateur propulseront les objets connectés portables sur soi, du domaine des dispositifs de surveillance vers celui du combat augmenté, qui reste pour l’instant largement théorique, mais devraient devenir un élément clé des guerres du futur. Au mois de mars dernier, lors d’un atelier militaire, les principaux chercheurs de l’armée prédisaient qu’en 2050, plus aucun soldat ne serait 100 % humain sur les champs de bataille. Ils seront remplacés par des robots et un petit nombre de cyborgs super-humains.
Article en anglais : US Army Wants Wearables to Detect Combat Injuries in Real Time
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