La Défense met en œuvre un plan colossal de préparation de ses troupes, tout en mettant l’accent sur la modernisation des équipements de l’armée. L’objectif : être prêt en cas de « conflit de haute intensité ». Environ 10 000 soldats devraient participer à cette opération baptisée « Opération Orion ».
Un exercice militaire de grande ampleur nommé « Opération Orion » est prévu pour 2023, dans le but de se préparer à un éventuel conflit d’envergure dans les prochaines années. Cet exercice militaire, qui comptera environ 10 000 soldats – appartenant aux Armées de terre, de l’air, et à la Marine nationale – se déroulera dans les forêts et les plaines de la région Champagne-Ardenne, là où de grandes puissances se sont affrontées par le passé, ainsi que le relate le magazine britannique The Economist, relayé par Le Courrier international.
« Nous devons absolument nous préparer à un monde plus dangereux »
Trois camps de l’armée devraient être concernés, à savoir celui de Suippes, de Mailly ainsi que celui de Mourmelon. Des exercices de poste de commandement, des scénarios hybrides, des simulations ainsi que des exercices de tir réel sont prévus. Des forces belges, britanniques et américaines pourraient d’ailleurs se joindre aux troupes françaises.
Le général Thierry Burkhard – chef d’état-major de l’armée de terre, qui remplacera le 21 juillet prochain le général Lecointre, démissionnaire – est chargé d’assumer les premières étapes de cette gigantesque transformation des armées françaises. Il a déclaré : « Nous devons absolument nous préparer à un monde plus dangereux. »
D’après les experts, l’hypothèse d’un conflit majeur planerait, et les généraux français estiment qu’ils ont quelques années pour s’y préparer. En janvier 2021, dix groupes d’études ont de ce fait été mis en place par l’état-major français, de façon discrète. Ils sont chargés « d’analyser la capacité du pays à faire face » à ce type de « HEM », qui signifie « hypothèse d’engagement majeur ». Ces groupes de recherche se penchent entre autres sur la question de savoir si les citoyens français sont « prêts à accepter un niveau de pertes inconnu depuis la Seconde Guerre mondiale », souligne l’un des membres de ce groupe. Sans nommer de manière directe les adversaires de la France dans un éventuel conflit majeur, les experts évoquent des pays comme la Russie, la Turquie ou encore un pays d’Afrique du Nord.
Un budget de 5,7 milliards d’euros est prévu
Ainsi, un budget colossal de 5,7 milliards d’euros devrait être alloué à l’armée française afin d’améliorer ses équipements d’ici 2023, via le programme Scorpion. Selon Rémy Hémez, officier et chercheur français, l’équipement de l’armée devrait d’ici 2025 changer de manière considérable, comparé aux quatre décennies qui viennent de s’écouler. Ainsi, quasiment tous les véhicules motorisés et blindés de première ligne de l’armée devraient être remplacés. Le char Leclerc, qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années, sera lui aussi modernisé. De plus, un nouveau système de communication numérique doit relier tous les véhicules de la flotte blindée.
Et dans ce vaste plan de transformation, toute la stratégie militaire française est également amenée à subir un énorme changement. Alors que l’armée était habituée à des opérations extérieures ne comptant que quelques milliers d’hommes, « les opérations futures pourraient impliquer des brigades, ou une division, soit entre 8 000 et 25 000 soldats », précise encore le magazine britannique.
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