L’art d’aujourd’hui a-t-il perdu son âme? Voici 3 tendances de l’art contemporain qui ont tenté de la reconquérir

Par Michael Wing
10 novembre 2019 23:21 Mis à jour: 2 décembre 2019 08:54

Tout jeune qui aime dessiner connaît l’émerveillement que cela procure de créer des mondes dont les seuls confins sont ceux de son imagination. Mettre au monde une œuvre d’art est une sorte de création métaphysique qui découle d’une compréhension de ce qui dépasse le monde de la perception pour la représenter à travers diverses formes d’art telles que le dessin, la peinture et la sculpture.

Au fil de l’histoire, la plupart des cultures ont considéré que les manifestations métaphysiques les plus élevées et les plus parfaites étaient des divinités ; c’est pourquoi elles cherchaient à représenter des divinités au moyen d’œuvres d’art afin de transmettre certaines valeurs à leurs sociétés. On pourrait dire que la représentation de dieux est l’âme de l’art.

Cette tradition remonte à des millénaires et s’étend à presque toutes les civilisations de l’histoire – de l’ancienne Babylone à l’ancienne Égypte, en passant par la Grèce et Rome, du début de la période chrétienne à la Renaissance et au-delà… – c’est-à-dire jusqu’aux temps modernes où quelque chose s’est passé.

G: Stelle d’Hammourabi de Suse, Iran, 1760 av. J.-C. Louvre, Paris (© Wikimedia Commons); D: Peinture de Ramsès III et de Ra-Horakhty, dans la tombe de Ramsès III (© Shutterstock | Guido Vermeulen-Perdaen)

La Révolution scientifique, dès les XVIe et XVIIe siècles, a progressivement introduit une tendance laïque, repoussant finalement la religion et la métaphysique hors de la société et les dénonçant comme superstitieuses. La tyrannie du « rationalisme » a lentement dépouillé le monde occidental de son héritage traditionnel.

Les idées révolutionnaires ont imprégné l’Europe aux XVIIIe et XIXe siècles, des idées qui promettaient la liberté et une utopie communiste égalitaire en échange de bouleversements sanglants et du renversement de l’ordre social et des arts traditionnels. En fait, cette guerre culturelle se poursuit encore aujourd’hui, comme en témoigne l’extrême vulgarité qu’on retrouve dans l’industrie du divertissement ; les arts sont loin d’être ce qu’ils étaient autrefois.

Quant au sort de l’âme de l’art, la représentation des dieux, nous examinerons ici trois mouvements d’art contemporains qui ont cherché à récupérer l’âme perdue de l’art, et nous verrons comment ils ont évolué.


G: Crésilas, Buste d’Athéna (les yeux incrustés ont été perdus), copie du IIe s. après une statue votive, vers 430-420 av. J.-C, à Athènes. (© Wikimedia Commons). D: Titien, L’Assomption de la Vierge, Église Santa Maria Gloriosa dei Frari, 1516-18, Venise. Panneau. (© Wikimedia Commons)

1. Révolution : La promesse non respectée de l’utopie

Que vous aimiez l’art moderne et postmoderne ou que vous le détestiez, l’histoire montre comment le mouvement moderniste (avant-gardiste) a été conçu comme une branche du mouvement communiste révolutionnaire, dès le milieu du XIXe siècle, pour contribuer à la réalisation de ses objectifs politiques, détruire les institutions traditionnelles et s’emparer du pouvoir.

Pratiquement tous les premiers peintres de l’avant-garde, comme Courbet, Manet et Picasso, étaient ouvertement communistes. Certains d’entre eux ont même joué des rôles principaux pendant la Commune de Paris en 1871. Ils ont utilisé leur art, leurs idées et leur influence pour saper l’establishment.


Claude Monet, Champ de coquelicots, 1873 (© Wikimedia Commons)

Les modernistes, à commencer par les impressionnistes, se sont fait une place et ont acquis une renommée au sein d’une société de plus en plus radicalisée. Ils ont évincé les pratiques traditionnelles des académies et les ont fait bannir du courant culturel dominant.

Le mouvement marque une rupture nette avec la tradition, qui selon eux a été « discréditée ». Se moquant de la maîtrise technique, ils ont fini par abandonner complètement l’art de la représentation. Au lieu de dépeindre des déités, ils ont déifié le formalisme, l’idéologie et le nihilisme en tant qu’objets d’adoration.

Cette histoire radicale et révolutionnaire est bien comprise aujourd’hui, bien que le mouvement ait perdu de sa pertinence. L’auteur Robert Hughs a écrit : « La première vague d’exubérance créatrice a été suivie par un ralentissement, une académisation et un sentiment de stagnation qui ont suscité des doutes quant au rôle, à la nécessité et même à la survie de l’art. »

G: Pablo Picasso, Femme à la mandoline, 1910, au musée d’art moderne de New York (© Wikipedia); D: Paul Klee, Le Ballon rouge, 1922, au musée Solomon R. Guggenheim de New York (© Wikimedia Commons)

Après la « mort » du modernisme, le 15 juin 1972, un costume de postmodernisme a été échangé pour revêtir ce mouvement et redresser la même vieille idéologie anti-tradition usée. Et même si elle s’use plus en plus de nos jours, en vérité, elle a réussi son objectif de renverser l’art traditionnel.

2. Renouveau : un art renaît de ses cendres

Alors que le modernisme et le postmodernisme déclinent vers la fin du XXe siècle, les artistes réalistes qui avaient été mis de côté reviennent pour affirmer leur amour des œuvres d’art traditionnelles et figuratives. Un mouvement nouveau de peintres et sculpteurs traditionnels prend naissance aux États-Unis et en Europe.

L’un des premiers à renaître de ses cendres est le Art Renewal Center (Centre de renouvellement de l’art), fondé par le collectionneur Fred Ross en 1999, qui a pour mission de promouvoir « l’éducation à l’art réaliste, aussi bien dans les techniques de formation que dans la prolifération des œuvres d’art historiques ».


William Bouguereau, Jeune Bergère, 1868. (© Wikimedia Commons)

L’ARC est apparenté à quelque 77 académies et à de nombreuses autres organisations et initiatives, formant une communauté internationale, enseignant ce qu’elles ont baptisé comme le « réalisme classique ». L’ARC considère les peintres académiques du XIXe siècle, notamment William Bouguereau, comme le summum de la peinture occidentale. Ils participent également à des discussions animées visant à « démystifier » l’art moderne.

Ils ont largement fait la promotion des arts traditionnels. Des vagues de nouveaux artistes dotés des compétences techniques nécessaires pour peindre traditionnellement sont diplômés et font maintenant partie de la communauté du réalisme classique, tandis que les concours internationaux de peinture ont favorisé l’excellence et suscité un intérêt accru du grand public.

Néanmoins, le mouvement a encore beaucoup de chemin à parcourir, le modernisme et le postmodernisme ayant eu un profond impact sur la société au cours des 150 dernières années.


Alma Tadema, Les Roses d’Héliogabale, 1888, collection privée. Comme il avait été peint pendant l’hiver, Tadema s’est arrangée pour que des roses soient envoyées chaque semaine de la Côte d’Azur pendant quatre mois afin d’assurer la précision des pétales. (© Wikimedia Commons)

Quant à la reconquête de l’âme perdue de l’art, ce mouvement met peu l’accent sur le métaphysique, se consacrant plutôt au « réel ». Cela pourrait prendre un certain temps pour que cette tradition culturelle revienne… mais quelqu’un a-t-il déjà commencé à y travailler ?

3. Renaissance : retour d’une culture traditionnelle

Il est intéressant de noter qu’un groupe d’artistes de l’orient font revivre les traditions de l’art occidental, mais cela n’a rien d’étonnant à la lumière de l’histoire récente de la Chine : la Révolution culturelle du Parti communiste en Chine a presque complètement détruit la culture et les valeurs chinoises dans les années 1960 et 70. Un vide culturel et spirituel a été laissé dans son sillage. Dans l’espoir de combler ce vide, de nombreux Chinois ont cherché à renouer avec leurs anciennes racines spirituelles – un effort sans cesse entravé par le gouvernement chinois athée, qui s’attaque à la liberté religieuse.


©NTD.TV

Comme les premiers chrétiens, la communauté spirituelle chinoise du Falun Gong est entrée dans la clandestinité après avoir été persécutée par le Parti communiste chinois. Ils ont commencé une résistance pacifique contre l’interdiction de leur système de croyances par leurs oppresseurs, et leurs efforts se sont rapidement étendus à l’étranger alors que de plus en plus de pratiquants du Falun Gong fuyaient vers l’Occident pour échapper à la tyrannie.

De nombreux artistes du Falun Gong, formés à la peinture à l’huile occidentale en Chine, ont commencé à créer des œuvres d’art d’une importance capitale en tant qu’expression de leur foi et en racontant les violations des droits de l’homme en Chine. Ils ont créé une exposition d’œuvres d’art intitulée L’Art de Zhen Shan Ren (L’Art de l’Authenticité, la Bonté et la Tolérance – les trois principes fondamentaux du Falun Gong). Cela a donné lieu à une tournée internationale au sein de laquelle des milliers de visiteurs ont la chance de faire l’expérience de leur message spirituel.


©Xiaoping Chen

Les artistes croient que leur travail est une vocation divine détenant le pouvoir de sauver les êtres du monde. Le Falun Gong est une forme de « qi gong » (semblables au yoga) enracinée dans les lignées bouddhistes et taoïstes. La méthode cultive la spiritualité par la méditation, les exercices et les enseignements moraux.

Les artistes de Falun Gong considèrent leur mouvement culturel comme une « Renaissance ». Comme l’ARC, les artistes de L’Art de Zhen Shan Ren aspirent à la restauration des techniques traditionnelles de peinture à l’huile. Ils considèrent la peinture de figures et les œuvres de la période de la Renaissance comme étant le summum des formes.

À l’instar de l’art des premiers chrétiens, certaines des œuvres du Falun Gong sont immatures, mais des témoignages fascinants d’une culture qui renaît ; tandis que d’autres œuvres sont magistrales en technique et sublimes à voir.

©The Epoch Times

Les artistes croient que la représentation des dieux est le but principal de l’art – en fait, c’est ainsi depuis l’aube de la civilisation humaine. Ils croient que les humains peuvent recevoir des bénédictions divines par le biais des œuvres d’art, et la restauration de cet héritage culturel fait expressément partie de leur mission.

C’est donc peut-être parmi les artistes de L’Art de Zhen Shan Ren que l’âme de l’art peut être récupérée.

ZSRart-frenchnew-final from The Art of Zhen Shan Ren on Vimeo.

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