Accorder l’asile politique au lanceur d’alerte Julian Assange ? L’Assemblée nationale a débattu vendredi 4 février d’une proposition de résolution Trans partisane, invitant le gouvernement français à octroyer le statut de réfugié au fondateur de Wikileaks, avec à la clef un refus de l’exécutif et de la majorité.
Examiné dans le cadre d’une journée consacrée au groupe d’opposition Libertés et Territoires, le texte défendu par la députée Jennifer de Temmerman n’avait qu’une portée symbolique car non contraignant.
Résolution rejetée de 17 contre 31 voix
Il a reçu néanmoins le soutien de candidats à la présidentielle, le communiste Fabien Roussel et l’ « Insoumis » Jean-Luc Mélenchon, de députés écologistes, de centristes de l’UDI, d’une socialiste et d’une poignée d’élus de la majorité.
L’examen de cette résolution intervenait quelques jours après l’accord entre assemblée et Sénat autour d’une proposition de loi du député Modem Sylvain Waserman pour une meilleure protection des lanceurs d’alerte en France.
Malgré la véhémence et le lyrisme des orateurs pro-Assange, les députés ont voté contre la résolution par 17 voix pour et 31 contre.
#EmmanuelMacron a accordé le droit d’asile à des centaines de milliers de sans-papiers. Mais son parti refuse le droit d’asile pour Julian #Assange. #Vengeance: en 2017 @wikileaks a publié une partie des #Macronleaks. Lien:https://t.co/tyd8BOefkp
On y trouve des filons. https://t.co/Ic7SQkJ2LR— Lina Murr Nehme (@LinaMurrNehme) February 6, 2022
« Aujourd’hui est une victoire. Nous redonnons une voix à celui qui n’en a plus », a cependant salué Mme de Temmerman à propos de M. Assange, incarcéré au Royaume-Uni depuis 2019, après avoir passé sept ans dans l’ambassade londonienne de l’Équateur où il s’était réfugié.
Il craignait alors une extradition vers les États-Unis, ou la Suède où il faisait l’objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.
Un défenseur des droits de l’homme emprisonné dans un cadre juridique
Julian Assange est réclamé par la justice américaine qui l’a inculpé en vertu des lois anti-espionnage. Il encourt 175 ans de prison pour avoir permis la publication de dizaines de milliers de documents confidentiels, notamment sur les opérations américaines en Afghanistan et en Irak.
« Il a dénoncé des agissements barbares et des bavures inqualifiables qu’il fallait rendre public », a salué le communiste Stéphane Peu.
Pour Jean-François Mbaye (LREM), « aucun défenseur des droits de l’homme ne saurait supporter une situation si disproportionnée » mais même si « l’intention est noble », le député du Val-de-Marne a mis en avant les « points litigieux » de la résolution, notamment d’ordre juridique et diplomatique.
Même son de cloche du côté du ministre du Commerce extérieur Franck Riester auquel Alexis Corbière (LFI) a reproché de ne donner qu’un « cadre juridique » sans jamais parler de « Julian Assange ».
Son collège LFI François Ruffin a déploré la « lâcheté » française tandis que le député écologiste Cédric Villani a voulu faire vibrer la corde patriotique : « La France ne se fera respecter que si elle parle haut ».
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