Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD), l’animateur a justifié les changements prévus à la rentrée dans le cadre de l’émission On n’est pas couché et s’est inquiété de l’influence croissante des réseaux sociaux.
Agacé par les critiques qu’il a essuyées depuis l’annonce du départ de ses deux chroniqueurs, Christine Angot et Charles Consigny, Laurent Ruquier est revenu sur la dernière saison de l’émission On n’est pas couché (ONPC) qu’il anime depuis 2006.
Si le natif du Havre a défendu son bilan de l’année écoulée, estimant que l’émission diffusée sur France 2 « s’en [sortait] plutôt pas mal » en matière d’audimat, il n’a manifestement pas digéré les reproches adressés par ses détracteurs et a regretté la place prise par le politiquement correct dans la sphère médiatique.
« Nous avons tout simplement changé d’époque. On l’a bien vu avec la polémique née des propos de Christine Angot sur l’esclavage [au cours de l’émission diffusée le 1er juin, elle avait fait un parallèle entre l’esclavage et la Shoah qui lui avait valu de nombreux signalement au CSA, ndlr]. Ou chez nos confrères de RMC avec les mises à pied de Daniel Riolo et Jérôme Rothen, tous deux sanctionnés pour avoir évoqué, certes avec lourdeur, les frasques du Brésilien Neymar : on ne peut plus rien dire sur quoi que ce soit », a déploré Laurent Ruquier.
« Nous vivons sous la dictature de Twitter et de Marlène Schiappa. Nous sommes en permanence la proie des lobbies, des associations, de corporatismes catégoriels, du communautarisme… Or ce qui est grave, c’est que les journalistes eux-mêmes s’y mettent ! On a vu des ex-chroniqueurs d’ONPC, tels qu’Audrey Pulvar et Aymeric Caron, stigmatiser Christine Angot pour sa maladresse, quand personne ne peut pourtant la soupçonner de négationnisme ou de racisme », poursuit celui qui anime aussi Les Grosses Têtes sur RTL.
« M’accuser des mêmes ignominies est tout aussi infâme alors que je suis l’un des rares à ne pas recevoir – hors période électorale – le Rassemblement national ou Nicolas Dupont-Aignan sur mon plateau. Que des gens de ce métier aujourd’hui sur le carreau utilisent les réseaux sociaux dans le seul but d’exister est honteux ! », ajoute-t-il.
« Twitter a rendu folle une profession à la dérive »
Et Laurent Ruquier de fustiger le rôle des réseaux sociaux qui viendraient selon lui entraver la liberté d’expression sur les plateaux télé.
« Twitter a rendu folle une profession à la dérive, qui se tire une balle dans le pied. Viendra le jour où les journalistes, s’ils ne se ressaisissent pas, ne pourront plus rien dire à force de taper sur des confrères qui sortent du lot et vont à contre-courant de la bien-pensance ou de la pensée unique. »
« Nous sommes quotidiennement à la merci d’une minorité agissante qui n’est absolument pas représentative. Quelques dizaines de signalements au CSA suffisent aujourd’hui à ce qu’une émission soit sanctionnée », observe l’animateur de France Télévisions.
« La pression du CSA sur le service public devient insupportable »
Autant d’éléments qui auraient convaincu le quinquagénaire de changer la formule d’ONPC et de ne plus recourir aux services de chroniqueurs permanents. À partir de la rentrée, des intervenants différents se succéderont désormais chaque semaine sur le plateau de l’émission pour interroger les invités.
« Ceux qui interviendront par roulement sur le plateau à la rentrée n’auront pas à supporter la pression qu’ont subie tous ceux qui officiaient sans discontinuer semaine après semaine. Tout le monde a peur aujourd’hui : du CSA, de sa direction, d’une suspension, d’un signalement… Et d’un tweet de Marlène Schiappa. […] J’aurai donc à la rentrée des libres penseurs qui seront choisis en fonction de l’actualité. Je composerai mes plateaux au coup par coup. »
« La pression du CSA sur le service public, via des ministres qui se servent des réseaux sociaux pour faire pression sur les chaînes, devient insupportable ! », conclut le présentateur.
Largement commentés sur les réseaux sociaux, les propos de Laurent Ruquier n’ont pas manqué de susciter l’ironie de certains internautes. Plusieurs ont ainsi estimé que l’animateur était désormais la proie de procédés auxquels il avait lui-même eu recours dans ONPC, pointant du doigt le syndrome de l’arroseur arrosé.
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