Il avait quitté l’arène nationale il y a cinq ans pour se consacrer à la région Auvergne-Rhône-Alpes : Laurent Wauquiez a effectué mercredi son retour sur scène à Paris en prenant la tête, à l’Assemblée, d’une droite atomisée qu’il s’est engagé à reconstruire.
Élu député dimanche dans son fief de Haute-Loire, il s’est imposé mercredi à la tête d’une droite décimée par les déboires successifs. Dans sa première intervention, qu’il a choisi de faire solennellement sur les marches du palais Bourbon entouré de ses députés, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a tout de suite reconnu que sa tâche ne serait pas facile à mener.
« Aujourd’hui, nous sommes tous très lucides : la droite républicaine n’est pas en mesure d’incarner l’offre positive dont les Français sont orphelins », a-t-il admis, aux côtés de députés comme Philippe Juvin ou Véronique Louwagie qui ne lui étaient pas forcément acquis.
À 49 ans, il a promis de « rebâtir » la droite après avoir obtenu le soutien de 37 députés lors d’une longue réunion de groupe qui s’est prolongée pendant près de quatre heures, six députés s’étant abstenus.
« L’idée c’est de rassembler au fur et à mesure, de faire comprendre qu’il n’y a pas d’autre alternative », a expliqué un cadre du parti, interrogé sur le sort de la vingtaine d’élus de droite qui manquaient à l’appel et sur le risque qu’un autre groupe voie le jour autour notamment du trublion Aurélien Pradié.
Un proche du député du Lot, Ian Boucard, a écarté cette option : « Il y sept ans que je siège à l’Assemblée et que j’attendais que quelqu’un incarne la droite, maintenant que nous l’avons, ce n’est pas le moment de partir. On a besoin d’unité », a-t-il affirmé.
Après le psychodrame provoqué il y a un mois par Éric Ciotti, la droite était décapitée et a fait campagne aux législatives sans leader national, chacun labourant le terrain dans sa circonscription. Ce sera le premier défi pour Laurent Wauquiez : conserver la cohésion d’un groupe constitué de députés convaincus d’avoir sauvé leur peau grâce à leur ancrage territorial et non grâce au parti.
Premier changement, purement esthétique : le député de Haute-Loire a effacé l’étiquette LR pour désormais appeler son groupe « la droite républicaine ».
« Même s’il doit être le premier président de région qui renonce à son poste pour rejoindre l’Assemblée, Laurent Wauquiez devra maintenant gérer son groupe d’une autre manière qu’un conseil régional », met en garde un cadre du parti. Le « baby Sarko » va devoir renoncer à « son goût pour le clivage » et à la tentation de « caporaliser » les députés, ajoute-t-il.
Un député de droite, qui n’avait pas beaucoup d’atomes crochus avec lui, a toutefois reconnu que Laurent Wauquiez était parvenu à le « convaincre » lors de la réunion de groupe.
Défendant son « indépendance » face au RN et au camp macroniste, Laurent Wauquiez et ses députés se sont mis d’accord sur plusieurs points.
« Pacte législatif »
Ils ont dit non à une « coalition gouvernementale », estimant qu’il est impossible de répondre à la « crise d’un pays par une combinaison d’appareils ».
Il a écarté la proposition du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand et Olivier Marleix, le patron sortant des députés LR, qui exigeaient que le Premier ministre soit issu des Républicains.
En revanche, Laurent Wauquiez a annoncé « l’élaboration » dans les prochains jours d’un « pacte législatif autour de propositions de loi qui seront mises sur la table de l’Assemblée nationale pour répondre aux problèmes du pays sans attendre » et dont la priorité sera « la revalorisation de la France qui travaille ».
Il a aussi promis de s’opposer « à tout gouvernement issu du Nouveau Front populaire » et prévenu que tout exécutif qui « comporterait des ministres de La France insoumise ferait l’objet immédiatement (de la part de son groupe) du vote d’une motion de censure ».
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