L’Australie bannit Huawei et ZTE de son réseau 5G

26 août 2018 06:31 Mis à jour: 10 avril 2020 13:49

La nouvelle génération de téléphonie mobile 5G est à nos portes. Washington y a mis certaines barrières, certaines restrictions aux équipementiers télécoms chinois et la France prévoit de tout mettre en place pour 2020, dit-on. Faut-il s’inquiéter outre-mesure pour la sécurité de nos données ? Les acteurs australiens prennent de l’avance pour la sécurité nationale.

Les sociétés chinoises de télécommunications Huawei et ZTE se sont vues empêchées de fournir de l’équipement et écartées du marché pour le réseau 5G prévu en Australie, au motif qu’elles pourraient compromettre la sécurité nationale.

Canberra a annoncé l’interdiction dans une déclaration conjointe le 23 août et s’est engagée à prendre les mesures nécessaires pour « sauvegarder la sécurité de l’information et des communications des Australiens à tout moment ».

Bien que l’annonce ne mentionne pas explicitement les géants chinois des télécoms, le gouvernement fédéral a déclaré que l’implication de fournisseurs qui sont susceptibles d’être soumis à des « directives extrajudiciaires de la part d’un gouvernement étranger qui pourraient rentrer en conflit avec la loi australienne » rendrait le pays vulnérable à « l’accès non autorisé ou à l’ingérence ».

Huawei a confirmé sur son compte Twitter avoir été informée de l’interdiction, affirmant qu’il s’agissait d’un « résultat extrêmement décevant pour les consommateurs ».

« Nous avons été informés par le gouvernement que Huawei et ZTE ont été bannis du marché de la technologie 5G par l’Australie. C’est une décision extrêmement décevante [sic] pour les consommateurs », peut-on lire dans la déclaration.

La société chinoise avait auparavant déclaré qu’elle ne transmettrait pas d’informations sensibles au régime communiste. John Lord, président de l’unité australienne de Huawei, a déclaré qu’il pensait que « l’interdiction de Huawei ne rendra pas l’écosystème australien des télécommunications plus sécuritaire ».

Cependant, le lobbying intensif des entreprises n’a pas apaisé les craintes concernant le risque d’espionnage du Parti communiste chinois (PCC).

Selon la déclaration du 23 août, l’infrastructure du marché de la 5G prévu aurait été « significativement différente de celle des générations mobiles précédentes » et fournirait « un moyen de contourner les contrôles de sécurité traditionnels en exploitant les équipements en périphérie du réseau – exploitation qui peut affecter l’intégrité et la disponibilité globale du réseau, ainsi que la confidentialité des données des clients ».

Le gouvernement n’a trouvé aucune combinaison de contrôles techniques de sécurité qui atténuerait suffisamment les risques.

« Alors que nous sommes protégés autant que possible par les contrôles de sécurité actuels, le nouveau réseau, avec sa complexité accrue, rendrait ces protections actuelles inefficaces en 5G. »

Pour assurer la sécurité du réseau prévu, le trésorier et ministre de l’Intérieur par intérim, Scott Morrison – qui a fait l’annonce du 23 août avec le ministre des Communications et le sénateur Mitch Fifield – a déclaré que l’application des obligations du gouvernement en matière de réforme de la sécurité dans le secteur des télécommunications (TSSR) obligera les transporteurs (de matériel de télécommunication) et les fournisseurs de services de transport à partager des informations sensibles avec le gouvernement sur les menaces qui pèsent sur les réseaux de télécommunications et à se protéger activement contre les menaces à la sécurité nationale.

“La réforme de la sécurité dans le secteur des télécommunications (TSSR) oblige les entreprises de télécommunications à protéger les réseaux australiens contre les interférences et les accès non autorisés qui pourraient porter atteinte à notre sécurité nationale », a expliqué M. Morrison dans le communiqué. Le TSSR commencera le 18 septembre de cette année.

En réponse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du PCC, Lu Kang, a répondu le 23 août qu’il était extrêmement préoccupé par l’interdiction de l’Australie.

La décision du gouvernement d’interdire les opérateurs de télécommunication chinois pourrait permettre à d’autres fournisseurs potentiels importants tels que Nokia et Ericsson de conclure des contrats lucratifs avec des opérateurs australiens tels que Telstra, Optus et Vodafone pour la fourniture d’équipements relié au marché du réseau 5G.

Toutefois, de sérieuses questions sur Nokia et Ericsson ont été soulevées après qu’il a été révélé que les deux sociétés, dont le siège social se trouve dans des pays scandinaves, pourraient également avoir des liens avec le PCC (Parti communiste chinois), ce qui pourrait être perçu comme un risque pour la sécurité du réseau prévu.

Les deux sociétés fabriquent leurs équipements dans des usines chinoises et ont des coentreprises dirigées par des responsables du PCC.

Une préoccupation mondiale en matière de sécurité

Depuis des années, les services de renseignement de l’Occident s’inquiètent des liens de Huawei avec le PCC et de la possibilité que son équipement puisse être utilisé pour l’espionnage du PCC. Mais il n’existe actuellement aucune preuve publique à l’appui de ces soupçons.

Huawei est le plus grand fabricant mondial d’équipements de réseaux de télécommunications et le troisième fournisseur de smartphones. Ren Zhengfei, le fondateur de l’entreprise, était un ancien officier de l’Armée populaire de libération (PLA). Il continue de diriger l’entreprise aujourd’hui.

Selon le professeur Clive Hamilton, auteur du livre Silent Invasion: China’s Influence in Australia, (« Invasion silencieuse : L’influence de la Chine en Australie« ). les agences de renseignement australiennes avaient averti qu’il y avait des « preuves crédibles » que Huawei était lié au troisième Département de l’APL – une branche du réseau de cyberespionnage de l’armée chinoise.

Et qui plus est, M. Hamilton explique dans son livre que Huawei a passé du temps à créer une image publique de confiance en établissant un conseil d’administration australien comme façade : « Bien qu’il ne s’agisse pas d’une entreprise d’État, il serait naïf à l’extrême de croire qu’une entreprise qui, grâce au soutien du gouvernement, et est devenue le deuxième plus grand fabricant d’équipement de télécommunications au monde… n’avait pas de liens quotidiens avec les services de renseignement chinois.

En outre, la société a déjà été écartée en 2012 par l’ancien gouvernement fédéral du travail de participer au réseau national à large bande, a rapporté The Australian.

Les préoccupations en matière de sécurité ont également amené Canberra à promettre des centaines de millions d’euros pour s’assurer que Huawei n’ait pas construit un câble Internet entre l’Australie et les Îles Salomon.

La société de télécommunications chinoise a également été exclue du marché américain géant en raison de préoccupations similaires, à savoir qu’il s’agit d’un cheval de Troie pour le PCC.

En avril dernier, la Commission d’examen de l’économie et de la sécurité des États-Unis et de Chine a publié un rapport ciblant l’entreprise en raison de ses liens étroits avec le PCC.

En mai, le Pentagone a ensuite ordonné aux bases militaires américaines de par le monde de retirer les smartphones fabriqués par Huawei et ZTE des magasins de l’Army and Air Force Exchange Service (AAFES) (« le Service d’échange des forces de l’armée de l’air »), craignant que la technologie ne compromette la sécurité des militaires américains.

Cette année, le Royaume-Uni et le Canada se sont également inquiétés de la possibilité d’espionnage indétectable.

Une femme se tient devant un bâtiment du centre de recherche et de développement de ZTE Beijing, à Pékin, en Chine, le 13 juin 2018. (REUTERS/Jason Lee)

De même, le deuxième fabricant chinois d’équipements de télécommunication, ZTE, a également été considéré comme un « risque inacceptable ».

L’entreprise a déjà été interdite aux États-Unis après que des représentants du ministère du Commerce ont déclaré que ZTE avait fait de fausses déclarations au sujet de mesures disciplinaires contre 35 employés après avoir plaidé coupable l’an dernier d’avoir violé les sanctions américaines en expédiant illégalement des marchandises et de la technologie américaines en Iran. La société a également violé des centaines de sanctions américaines en expédiant du matériel de télécommunication en Corée du Nord. Cependant, l’interdiction a été levée le 11 juillet, après que les pénalités pour les violations ont été respectées.

En août de cette année, le président Donald Trump a signé la National Defense Authorization Act (« L’acte d’autorisation de défense nationale ») qui interdit l’utilisation de l’équipement et des services Huawei et ZTE « en tant que composante substantielle ou essentielle de tout système, ou en tant que technologie critique faisant partie intégrante de tout système ».

Reuters a contribué à ce rapport.

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