L’Autriche soutient le « Plan Rwanda » visant à lutter contre l’immigration clandestine

Rishi Sunak et Karl Nehammer ont convenu que la collaboration avec des pays tiers devait faire partie de la solution pour protéger l'Europe de l'immigration clandestine

Par Victoria Friedman
23 mai 2024 04:57 Mis à jour: 13 juin 2024 17:07

Le chancelier autrichien Karl Nehammer a soutenu le « Plan Rwanda » du Royaume-Uni, estimant que l’Europe devrait adopter des accords similaires avec des pays tiers afin de lutter contre l’immigration clandestine.

Le Premier ministre Rishi Sunak a rencontré M. Nehammer à la chancellerie de Vienne, en Autriche, le 14 mai. Les deux hommes ont publié une déclaration commune dans laquelle ils affirment que « les gouvernements doivent décider qui entre dans nos pays, et non les gangs criminels » et que « des mesures plus énergiques » doivent être prises pour mettre un terme au trafic de migrants.

« Les dirigeants ont convenu que la collaboration avec des pays tiers sûrs désignés fait partie de la solution pour protéger au mieux l’Europe des pressions migratoires irrégulières et empêcher les individus d’entreprendre des voyages illégaux et dangereux, tels que le modèle du Plan Rwanda », indique la déclaration commune.

MM. Sunak et Nehammer « sont tout à fait conscients des dangers des efforts que d’autres acteurs déploieront pour instrumentaliser les migrants afin de déstabiliser l’Europe et ont convenu qu’il fallait faire davantage pour sécuriser nos frontières et renforcer notre sécurité », ajoute la déclaration publiée par le bureau du Premier ministre britannique.

Cette réunion intervient après que 15 nations de l’UE, dont l’Autriche, ont appelé la Commission européenne à renforcer les politiques d’immigration et à envisager des collaborations avec des pays tiers.

Le mois dernier, le Parlement européen a adopté le Pacte sur les migrations et l’asile, en grande partie en réponse à la crise européenne des migrants de 2015, qui a vu plus d’un million de demandeurs d’asile, principalement originaires de Syrie et d’Irak, entrer en Europe.

L’Europe envisage des partenariats avec des pays sûrs

S’exprimant depuis Vienne, le Premier ministre britannique a déclaré que son homologue autrichien et lui-même s’étaient engagés à renforcer leurs efforts pour mettre fin au trafic de migrants et que, pour ce faire, « [ils devaient] rechercher de nouvelles idées, de nouvelles solutions et de nouveaux moyens de dissuasion – l’expulsion vers des pays tiers sûrs, telle que l’initiative britannique innovante ‘Plan Rwanda' ».

M. Sunak a déclaré qu’ « il est de plus en plus clair que de nombreux autres pays conviennent désormais que cette approche s’impose : audacieuse, novatrice, envisageant des partenariats avec des pays sûrs ».

« M. Nehammer avait raison [sur cette question] depuis un certain temps, et je suis ravi que 15 pays européens se soient ralliés à cette position », a-t-il ajouté.

Le chancelier autrichien a déclaré que le traitement des procédures d’asile dans des pays tiers sûrs pourrait « sauver des vies humaines » en éradiquant les filières de passeurs, et qu’il s’agissait « d’une question à inscrire à l’ordre du jour de l’UE ».

Les dirigeants ont également salué les nouvelles procédures relatives à l’article 39 – qui peut être utilisé pour suspendre temporairement l’expulsion des demandeurs d’asile – adoptées par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

En mars, la CEDH a modifié une règle, ce qui rend plus difficile pour les immigrants illégaux de recourir à la Cour de Strasbourg pour tenter de retarder leur expulsion.

La déclaration commune des dirigeants autrichien et britannique indique qu’ « est essentiel, lors de l’examen de dossiers liés à l’asile et à l’immigration, d’évaluer et de prendre pleinement en compte l’efficacité des procédures nationales et, lorsque ces procédures sont considérées comme fonctionnant de manière équitable et dans le respect des droits de l’homme, que la Cour évite d’intervenir, sauf dans les circonstances les plus exceptionnelles ».

Le Royaume-Uni « à l’avant-garde » de la lutte contre l’immigration clandestine

Le 20 mai, le gouvernement a annoncé l’octroi de fonds supplémentaires à l’Agence nationale de lutte contre la criminalité (National Crime Agency, NCA) pour lutter contre les traversées illégales de la Manche. Ce coup de pouce de 25 millions de livres sterling aidera la NCA à compromettre les activités des passeurs et leurs opérations.

Il s’agit notamment de nouveaux équipements et d’équipes spécialisées pour soutenir les capacités d’enquête de la NCA et la perturbation de la chaîne d’approvisionnement des petits bateaux. Le financement permettra également d’améliorer les opérations de renseignement, y compris le partage d’informations avec les partenaires européens. Le Royaume-Uni a déjà signé un accord avec l’agence européenne des frontières, Frontex, afin de collaborer étroitement à la lutte contre les traversées illégales.

En annonçant l’octroi de fonds à la NCA, M. Sunak a déclaré que le Royaume-Uni était « chef de file, avec ses partenaires du continent, du combat visant à relever les défis posés par les niveaux intolérables d’immigration clandestine ».

Le ministre britannique de l’Intérieur, James Cleverly, a annoncé le 20 mai que le gouvernement était toujours déterminé à « stopper les bateaux ».

Lors d’une visite au quartier général de la police de l’Essex, M. Cleverly a dit : « En tant que gouvernement, nous sommes déterminés à stopper les bateaux et à briser les gangs de passeurs. »

Le ministre de l’Intérieur a ajouté que les passeurs ont « adapté leur comportement en réponse à la pression que nous avons exercée en ce qui concerne l’approvisionnement de petits bateaux, la fourniture de moteurs et le financement illicite ».

Ces remarques interviennent après que M. Cleverly a admis qu’il y avait eu un « effort concerté » pour faire échouer le Plan Rwanda. Ces dernières semaines, un tribunal de Belfast a jugé que les dispositions de la loi sur l’immigration illégale ne devaient pas être appliquées en Irlande du Nord parce qu’elles étaient incompatibles avec les accords post-Brexit. Le syndicat des fonctionnaires a également demandé une révision judiciaire de la loi sur la sûreté du Rwanda (« Safety of Rwanda Act »), affirmant qu’elle était contraire au code de la fonction publique.

« Nous avons reconnu qu’il y a eu un effort concerté pour empêcher le déploiement de cette politique par le biais d’un recours en justice », a déclaré le ministre de l’Intérieur le 17 mai.

« Nous nous sommes assurés que la loi sur la sûreté du Rwanda est solide et qu’elle répond aux préoccupations juridiques qui nous ont été signalées », a-t-il ajouté.

Depuis le début de l’année, près de 10.000 immigrés clandestins sont entrés au Royaume-Uni par la voie des petits bateaux.

Avec PA Media

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