Les Français seront appelés à contribuer encore davantage sur leur facture d’électricité dès 2025 pour financer les investissements colossaux liés à la transition énergétique, a estimé le 17 octobre le régulateur de l’énergie qui ouvre une consultation pour déterminer le montant de cette augmentation.
Voitures électriques, data centers, électrification des industriels, Enedis a dévoilé le même jour ses scénarios de consommation d’électricité pour 2035 et 2050 en France.
Ces hausses interviennent dans un contexte explosif pour les prix de l’énergie, le gouvernement prenant la température quant à une modification de la fiscalité sur l’électricité.
Enedis projette une hausse de la consommation d’électricité à l’horizon 2035-2050
Le gestionnaire du réseau de distribution s’attend à une hausse de la demande sur son « périmètre » électrique, soit près de 75 % du marché national, de 343 TWh par an en 2019 à environ 396 TWh en 2035. Pour 2050, Enedis projette une fourchette de consommation annuelle entre 373 et 503 TWh, en fonction des scénarios d’électrification du pays.
« Nos hypothèses conduisent à une hausse de la consommation électrique même dans les scénarios dits bas. La forte croissance de la mobilité électrique sera le principal moteur de cette augmentation », a détaillé Dominique Lagarde, directeur de la stratégie d’Enedis – indiquant le développement de la voiture électrique.
Dans son scénario « central » pour 2035, calqué sur les « éléments mis à disposition par le gouvernement » jusqu’à présent et l’objectif de neutralité carbone en 2050, Enedis prévoit une multiplication par 15 du volume d’électricité consommé par les transports par rapport à 2019, de 4 à 61 TWh.
À cela s’ajoute une hausse beaucoup plus mesurée du côté de l’industrie (+6 TWh). Concernant le secteur tertiaire, Enedis suit de près les projets de centres de données. Le besoin en électricité de ces infrastructures, fondamentales pour l’économie du numérique et l’intelligence artificielle, pourrait neutraliser les efforts d’économies d’électricité amenées par la rénovation thermique des bâtiments tertiaires d’ici 2035.
Enfin, Enedis s’attend à une baisse de la consommation du secteur résidentiel, invoquant la sobriété et l’efficacité énergétique comme facteurs explicatifs. Pour consolider son réseau, dont dépendent 36 millions de clients, Enedis suit un plan d’investissement d’environ 5 milliards d’euros par an jusqu’à 2040.
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Le coût du renouvelable répercuté dans la facture
Les Français vont devoir contribuer dès 2025 pour financer les investissements colossaux liés à la transition énergétique. En d’autres termes, le secteur résidentiel, s’il consomme moins, devra payer plus.
La Commission de régulation de l’énergie (CRE), présidée par Emmanuel Wargon, designé par Emmanuel Macron, souligne que cette augmentation est notamment due à une croissance forte des dépenses prévisionnelles d’investissement : 2,1 milliards d’euros par an en 2023 à 6,4 milliards en 2028 pour RTE, et de 4,9 milliards par an en 2023 à 7 milliards en 2028 pour Enedis, qui concerne aussi bien le nucléaire, le renouvelable et leurs infrastructures.
La période tarifaire (2025-2028) « sera marquée par des politiques volontaristes d’électrification des usages, notamment dans la mobilité et l’industrie, et par la croissance de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, avec pour conséquence la poursuite du développement significatif du nombre de raccordements », indique la CRE.
« Il sera également nécessaire, dans le même temps, d’améliorer la résilience des réseaux pour faire face au changement climatique et de pallier leur vieillissement », ajoute-t-elle.
Selon la CRE, RTE a demandé une hausse de son tarif de + 12,2 % et Enedis une hausse de + 18,9 %.
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Les Français appelés à contribuer au financement du réseau électrique
Ouverte jusqu’au 22 novembre, une consultation lancée par la CRE est ouverte à tous, du grand public aux entreprises. La communication de la Commission insiste pour dire que la contribution demandée aux Français ne sera pas une taxe mais l’équivalent d’un “péage” pour utiliser les réseaux de transport d’électricité Enedis.
Payé en amont par les fournisseurs, ce péage sera répercuté sur les ménages et entreprises, via leur facture d’électricité. Il constitue l’une des trois briques de la facture, avec le coût du courant et les taxes.
Le montant de ce futur « péage réseau » dit TURPE (ou tarif d’utilisation des réseaux d’électricité), pour la période 2025-2028, sera fixé par la CRE au plus tard en janvier 2025.
Concrètement pour un client résidentiel, le TURPE représente actuellement « environ 0,06 € / kWh, soit environ 20 à 30 % d’une facture d’électricité TTC moyenne, en fonction du prix de l’électricité », souligne la CRE. Avec la hausse en 2025, il représenterait de 0,068 à 0,069 € / KWh sur la facture.
La CRE avance qu’il devrait « être nécessaire d’augmenter le TURPE de l’ordre de 10 % en 2025, suivi de trois années de hausse à l’inflation, pour donner les moyens aux gestionnaires de réseaux d’assurer leurs missions dans de bonnes conditions ». Il s’agit d’un scénario « illustratif » qui donne un ordre de grandeur mais cela ne constitue pas sa décision finale.
Michel Barnier pour le développement du nucléaire mais plus mesuré sur l’éolien
Le Premier ministre Michel Barnier s’est engagé à poursuivre « résolument » le développement du nucléaire et des énergies renouvelables mais a placé un bémol sur les éoliennes, appelant à mesurer « tous leurs impacts », dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, début octobre.
« Ensemble, nous allons agir sur l’offre énergétique, en poursuivant résolument, résolument le développement du nucléaire, et notamment des nouveaux réacteurs », a-t-il déclaré, « mais aussi en poursuivant le développement des énergies renouvelables, en mesurant mieux, dans certains cas, je pense aux éoliennes, tous leurs impacts », a-t-il ajouté dans la même phrase.
Le Premier ministre ne connaissait pas encore les coûts de la transition énergétique que le CRE prévoit de faire payer aux Français.
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