Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé lundi le début d’exercices militaires avec la Turquie près de l’Arménie, dans un contexte de tensions entre Bakou et Erevan après la reconquête azerbaïdjanaise de la région du Haut-Karabakh.
Parallèlement, les chefs des diplomaties arménienne, azerbaïdjanaise, russe, turque et iranienne ont rendez-vous à Téhéran pour une réunion censée aider à apaiser les relations entre les deux pays du Caucase.
« Assurer la cohérence en combat »
Selon le ministère azerbaïdjanais, les manoeuvres militaires sont organisées à Bakou, dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, frontalière de l’Arménie et de l’Iran, ainsi que dans des « territoires libérés », dont la localisation n’a pas été précisée et qui pourraient désigner le Karabakh ou des districts azerbaïdjanais mitoyens.
Ces exercices mobiliseront jusqu’à 3000 soldats des deux pays, des dizaines de véhicules blindés, de l’artillerie et une vingtaine d’aéronefs, a précisé le ministère. Leur but est « d’assurer la cohérence en combat », « d’améliorer le commandement » ainsi que le « professionnalisme des troupes », d’après l’Azerbaïdjan. Les soldats s’exerceront à l’usage de l’artillerie et de l’aviation, à la construction de pontons et à des parachutages en territoire ennemi, a encore ajouté le ministère.
Après l’annonce de ces exercices, la France s’est dite « extrêmement vigilante » face aux potentielles menaces pour l’intégrité territoriale de l’Arménie.
L’Azerbaïdjan et l’Arménie se vouent une haine tenace, et les tensions ont connu un regain avec la reconquête militaire éclair du Karabakh par l’Azerbaïdjan fin septembre, alors que la région était depuis une trentaine d’années sous le contrôle de séparatistes arméniens. La quasi-totalité de la population – plus de 100.000 personnes sur les 120.000 officiellement recensés – a fui en Arménie.
Avant cela, l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’étaient opposés lors de deux guerres pour le contrôle de cet enclave montagneuse, l’une dans les années 1990 à la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020, remportée par Bakou.
Erevan craint désormais que son voisin, plus riche, mieux armé et soutenu par la Turquie, cherche à pousser son avantage. L’Arménie a notamment peur que l’Azerbaïdjan soit tenté de relier par la force l’enclave du Nakhitchevan à son territoire en attaquant le sud arménien.
Des pourparlers « sans l’interférence » de l’Occident
Divers formats de pourparlers existent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais jusqu’ici aucun accord n’a été trouvé entre les deux pays. Les chefs des diplomaties arménienne, azerbaïdjanaise, russe, turque et iranienne doivent d’ailleurs se réunir lundi à Téhéran. Ils ont prévu d’évoquer les « pourparlers de paix » entre Erevan et Bakou, selon l’agence iranienne Irna. Ce format de réunion a pour objectif de « régler les problèmes de la région (…) sans l’interférence de pays extra-régionaux et occidentaux », d’après l’agence.
La Turquie, soutien de l’Azerbaïdjan, et la Russie, vu comme l’allié de l’Arménie, jouent un rôle majeur dans la région. Mais la récente offensive au Haut-Karabakh a rebattu les cartes. Erevan a accusé Moscou de l’avoir abandonné en n’arrêtant pas les forces azerbaïdjanaises, ce que la Russie nie. A la recherche de protection, l’Arménie semble donc prête à se tourner davantage vers l’Occident. Le pays a par exemple ratifié mi-octobre son adhésion à la Cour pénale internationale (CPI), ce qu’elle espère être un bouclier supplémentaire contre les potentielles ambitions de l’Azerbaïdjan. Un geste vu d’un très mauvais oeil par Moscou, la CPI ayant émis au printemps un mandat d’arrêt contre le Président Vladimir Poutine pour la « déportation » d’enfants ukrainiens vers la Russie, ce que Moscou nie inlassablement.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.