INTERNATIONAL

L’Azerbaïdjan reprend un second district voisin du Nagorny Karabakh

novembre 25, 2020 14:42, Last Updated: novembre 25, 2020 14:48
By

L’Azerbaïdjan a récupéré mercredi le contrôle du district de Kalbajar, avoisinant le Nagorny Karabakh, seconde des trois rétrocessions auxquelles l’Arménie doit procéder après le cessez-le-feu ayant mis fin à six semaines de combats dans cette région disputée.

Dans un communiqué, le ministère de la Défense à Bakou a indiqué que « les unités de l’armée azerbaïdjanaise sont entrées dans le district de Kalbajar le 25 novembre » à la première heure mercredi, en vertu de l’accord de fin des hostilités signé début novembre par l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie.

Situé entre la république autoproclamée du Nagorny Karabakh et l’Arménie, Kalbajar aurait dû être rétrocédé le 15 novembre mais Bakou avait reporté l’évènement.

Héritage national

Dans un discours télévisé, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a promis de défendre « l’héritage national » que sont les nombreux monuments religieux de Kalbajar et critiqué les Arméniens pour avoir « mis le feu à des forêts » et « brûlé des maisons qu’ils n’avaient pas construites » avant leur départ.

En signant le cessez-le-feu, Erevan a accepté de rendre trois districts entourant le Nagorny Karabakh qui échappaient au contrôle de Bakou depuis une première guerre dans les années 1990.

-Des réfugiés de la région du Haut-Karabakh sont assis dans un bus en direction de Stepanakert, la principale ville de la région, le 17 novembre 2020 à Erevan. Photo par KAREN MINASYAN / AFP via Getty Images.

Le district de Kalbajar, comme celui d’Aghdam rendu le 20 novembre et celui de Latchin qui doit l’être le 1er décembre, formaient une zone tampon entourant la région séparatiste. Quatre autre districts ayant le même rôle ont été repris militairement par Bakou durant les combats.

L’armée azerbaïdjanaise a diffusé des images du retour de ses soldats, montrant notamment des opérations nocturnes de déminage sur les routes de cette région montagneuse.

Brûlent les maisons

L’AFP a vu les habitants arméniens abattre des arbres, récupérer les câbles électriques et même charger sur un camion des parties d’un barrage hydroélectrique avant de partir.

Hors de question pour les Arméniens que les Azerbaïdjanais habitent leurs maisons, a expliqué à l’AFP un maçon de 53 ans, Gaguik Iakchibekian: « Alors ils brûlent (les maisons), les arbres sont abattus et les gens emportent tout ».

En 1994, l’exode inverse s’était produit

A la fin de la première guerre en 1994, l’exode inverse s’était produit, la population azerbaïdjanaise fuyant ces régions repeuplées ensuite par des Arméniens.

L’accord de fin des hostilités, signé alors que la situation militaire était catastrophique pour l’Arménie, consacre la victoire de l’Azerbaïdjan et lui accorde d’importants gains territoriaux après six semaines d’un conflit ayant fait plusieurs milliers de victimes.

-Un homme récolte des kakis dans son jardin à Stepanakert, capitale de la région du Haut-Karabakh, le 24 novembre 2020. Photo par KAREN MINASYAN / AFP via Getty Images.

Il permet néanmoins la survie du Nagorny Karabakh, amoindri, et voit le déploiement 2.000 soldats russes de maintien de la paix.

A Dadivank, une ville du district de Kalbajar, l’ingénieur Grigory Grigorian disait regretter de quitter la maison dans laquelle il vivait depuis 25 ans, l’endroit où ses « enfants ont grandi et sont allés à l’école ».

Connue des Arméniens pour son monastère du XIIe siècle

La ville est connue des Arméniens pour son monastère du XIIe siècle. Ces dernières semaines, les fidèles affluaient pour y prier une dernière fois, s’inquiétant pour l’avenir du lieu malgré les assurances de l’Azerbaïdjan qu’il serait préservé.

A Bakou, l’atmosphère était à l’euphorie. Ilkin Mammadov, un étudiant de 25 ans, disait vouloir « présenter Kalbajar au monde entier » tandis qu’Ayshe Alieva, 22 ans, remerciait les troupes russes sans qui « nous n’aurions pas pu vivre là-bas ».

-Des soldats arméniens marchent pour prier au monastère orthodoxe de Dadivank des XIIe-XIIIe siècles à la périphérie de Kalbajar le 18 novembre 2020. Le territoire doit être rendu à Bakou. Photo par KAREN MINASYAN / AFP via Getty Images.

Avant la rétrocession, Vladimir Poutine s’est entretenu au téléphone avec Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian pour, selon le Kremlin, évoquer les « modalités du travail des soldats de la paix russes ».

Le président russe a également parlé avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, avec qui il a évoqué « la création d’un centre de contrôle du cessez-le-feu » conjoint.

Aucun soldat turc ne serait déployé

La semaine dernière, la France avait appelé la Russie à lever les « ambiguïtés » entourant le cessez-le-feu, notamment sur le rôle de la Turquie, Paris s’inquiétant qu’Ankara soit associé aux opérations de maintien de la paix. Moscou a assuré qu’aucun soldat turc ne serait déployé.

Signé sous patronage russe, le cessez-le-feu a rappelé le rôle déterminant de Moscou dans son pré carré caucasien mais aussi l’influence grandissante de la Turquie, soutien sans faille de Bakou.

A l’inverse, les pays occidentaux semblent en perte de vitesse et ni la France, ni les Etats-Unis, médiateurs en tant que membres du « groupe de Minsk » chargé dans les années 1990 de trouver une issue durable à la crise, n’ont obtenu de résultats probants.

Soutenez les médias indépendants et impartiaux, car il est désormais si difficile d’obtenir la vérité. C’est maintenant plus important que jamais. Partagez cet article pour aider davantage de personnes à connaître les faits. Merci

Focus sur la Chine – Un riche entrepreneur chinois condamné à 20 ans de prison

Le saviez-vous ? 

Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER