Il y a 593 ans, celle qui brûlait d’amour pour son pays mourrait sur le bûcher à la suite d’un procès truqué, présidé par l’évêque de Beauvais, vendu aux Anglais. Son épopée, légendaire, donnera un souffle nouveau à un pays en proie aux doutes et au désespoir.
Près d’un millénaire après le baptême de Clovis, le pays est en grand danger. Mais en cette période de l’histoire où tout semble perdu pour le royaume, une mystérieuse prophétie circule: en effet, on raconte dans plusieurs bourgades qu’un beau jour, une vierge viendra sauver la France des mains des Anglais. L’espoir finira par bel et bien renaître: en l’an 1428, une jeune fille, native de Domrémy, se présente au capitaine Robert de Baudricourt à Vaucouleurs, et se dit missionnée par Dieu.
Convaincre le capitaine est primordial, bien que difficile: lui seul peut lui fournir l’aide nécessaire pour se rendre auprès du Dauphin. Pendant un an, elle tentera sans relâche de convaincre Robert de Baudricourt de sa haute destinée, sans jamais se décourager. Faisant face au soutien croissant de la population pour Jeanne d’Arc et à la détermination prodigieuse de cette dernière, le capitaine de Vaucouleurs consent à lui prêter main-forte. Il rédige pour elle une lettre de recommandation à l’attention de Charles VII et la fait accompagner de six compagnons d’armes. C’est le début de sa formidable épopée.
À seulement 18 ans, la jeune Pucelle sut mener, grâce à son aura extraordinaire et sa foi inaltérable, des armées entières pour libérer le royaume de France du joug des Anglais, et ceci, pendant de longs mois. Cependant, après avoir emmené le Dauphin se faire sacrer à Reims au terme d’une chevauchée héroïque, voilà qu’elle se retrouve capturée et emprisonnée à Rouen par ses adversaires. Selon Jacques Bainville, dans son Histoire de France, pour Jeanne d’Arc, « tout ce qui pouvait se faire par miracle était fait […] Sa mission était finie. Il ne lui manquait plus que l’auréole du martyr. »
Un procès inique
Le 23 mai 1430, Jeanne est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg pour la somme de dix mille écus. Son procès, mené par l’Église et présidé par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, ancien recteur de l’Université de Paris et allié des Anglais, se déroule au château de Rouen du 21 février au 30 mai 1431. Ce dernier a pour unique objectif de faire condamner la Sainte pour hérésie. Pas moins de cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, et dix délégués de l’Université de Paris, tous sous pression des Anglais.
Les minutes de ce procès, consignées dans les manuscrits d’Urfé et d’Orléans, constituent un aperçu historique inestimable. C’est en les lisant que l’on prend pleinement conscience de l’extraordinaire habileté de Jeanne: elle comparaît seule, sans avocat, âgée de 19 ans, ignorante en droit, et détenue depuis des mois dans des conditions lamentables. Lors des interrogatoires, Jeanne d’Arc fait preuve d’une très grande finesse dans ses réponses.
On lui demande: « Dieu hait-il les Anglais ? » Ce à quoi répond Jeanne, implacable: « De l’amour ou de la haine que Dieu a pour les Anglais, je n’en sais rien ; mais je sais bien qu’ils seront tous boutés hors de France, exceptés ceux qui y périront. » Plus tard, à la question « Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ? », Jeanne répondra: « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne. Je serais la plus dolente du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu. Et, si j’étais en péché, je crois que la voix ne viendrait pas à moi. » L’assemblée reste sidérée devant une telle repartie. Impossible de la faire vaciller.
En difficulté, le tribunal décide de changer son angle d’attaque et manigance un piège contre la Pucelle. Si on ne peut la prendre réellement à défaut par les règles célestes, cela se fera par les règles terrestres. Ainsi, les juges vont se servir du fait qu’elle refuse de se séparer de ses vêtements d’homme (qui la protégeaient des agressions sexuelles de ses geôliers…) et de réfuter ses visions pour la juger officiellement comme hérétique et affabulatrice, malgré la clarté de ses propos lors du procès. Elle est ainsi condamnée à mort par le feu du bûcher.
Dans la légende pour l’éternité
Le 30 mai 1431, vers 9h, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite, sous escorte anglaise, dans la charrette du bourreau sur la place du Vieux Marché de Rouen, où l’on a dressé le bûcher sur une estrade maçonnée. La belle âme monte au supplice avec courage. Elle demande un crucifix, qu’on lui apporte. Un prêtre va chercher une grande croix dans l’église et la tend bien haut pour qu’elle meurt en voyant l’image du Christ, son Seigneur. Après avoir prononcé six fois le nom de Jésus au milieu des flammes, elle le crie une dernière fois, et sa tête retombe sur son épaule. Elle n’avait même pas 20 ans.
Le greffier rapporte que tout le monde pleurait, même l’évêque Cauchon et le bourreau, le plus marqué, qui confiera peu après que « jamais l’exécution d’aucun criminel ne m’a donné tant de crainte que l’exécution de cette pucelle ». En 1456, un nouveau procès entrepris par Charles VII déclare le premier procès et ses conclusions « nuls, non avenus, sans valeur ni effet ». La légendaire Jeanne d’Arc est entièrement réhabilitée. Elle sera canonisée cinq siècles plus tard par l’Église Catholique. La Pucelle devient Sainte Jeanne d’Arc, seconde patronne de la France après la Vierge Marie.
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