Dix jours après le meurtre du jeune Thomas lors d’un bal populaire à Crépol, certains n’hésitent pas à dénoncer une attaque même de la culture traditionnelle française. Le bal populaire est-il toujours autant apprécié ? D’où vient cette tradition et comment a-t-elle évolué au cours de l’Histoire ?
« Dans les bals populaires, l’ouvrier parisien, la casquette en arrière, tourne, tourne, tourne bien… On est là pour boire un coup, on est là pour faire les fous ! » Michel Sardou en avait même fait un tube dans les années 70. Pendant plus d’un siècle, le bal populaire a fait danser des Français de toutes catégories socio-professionnelles et culturelles.
Bal du 14 Juillet, bal-musette, bal de guinguette, bal des pompiers, mais aussi discothèque, soirée tango, soirée country, soirée salsa… le bal sous toutes ses formes, fait, chaque semaine, danser un à trois millions de personnes en France.
Le bal, de l’élite au peuple
Il faut dire que cette tradition s’est développée dans toute l’Europe depuis le Moyen-Âge. Seulement, le bal constituait à cette époque « une pratique identitaire de la noblesse et la haute bourgeoisie jusqu’au XXe siècle », expliquaient ainsi Marie-Françoise Bouchon et Nathalie Lecomte, deux des commissaires de l’exposition sortie en 2011 au Centre National de la Danse à Pantin et intitulée « Scènes de bal, bals en scène », sur Les Echos.
Particulièrement à la Renaissance, le bal devient alors un cérémonial mesuré, avec des gestes et une codification établis. Le bal autorise alors peu de contacts physiques, les danses de couples étant elles aussi codifiées. Il faudra attendre l’avènement de la valse pour voir des partenaires enlacés.
Louis XIV fera du bal une scène d’apparat, avec des bals toujours plus somptueux et coûteux au palais de Versailles…
Ce n’est qu’en fin du XVIIIe siècle que le bal se popularise et attire les foules. « En devenant public, le bal connaît un renouveau dans ses codes et son contenu. Et invente de nouvelles danses », souligne Sophie Jacotot, une autre commissaire de l’exposition de 2011 sur les bals.
Le premier bal du 14 juillet, en 1879, en commémoration de la prise de la Bastille, sonnera le début d’une tradition qui fera danser la France toute entière chaque année.
Les XXe et XXIe siècle, du bal musette aux soirées salsa
Le XXe siècle fera connaître des hauts et des bas au bal, suivant les migrations ouvrières ou les événements historiques.
Dans son documentaire intitulé « Dans les bals populaires » et relayé par Le Figaro, Yann Coquart explique que l’arrivée des Auvergnats à Paris en 1900, puis des Italiens, permettra le développement des bals musette dans la capitale.
À la Belle Époque, les lieux festifs se démocratisent dans les villes, avec, à Paris, le bal masqué de l’Élysée Montmartre, le bal du Moulin Rouge, ou celui du Moulin de la Galette.
La Seconde Guerre mondiale fera la part belle aux danses exotiques, immortalisées avec Joséphine Baker et le Bal Nègre.
Mais, les années 60 à 80, avec l’arrivée du rock’n’roll puis du disco, verront le bal s’essouffler avant de prendre une autre approche.
Christophe Apprill, auteur de Les Mondes du bal, explique que le bal a aujourd’hui retrouvé son éclat, mais en se spécialisant dans les danses, devenant « monomaniaque » : soirée tango, salsa, country…
« Le bal du 14 juillet, c’est autre chose. C’est un bal un peu folklorique, où l’on célèbre, officiellement, une Fête nationale. Les gens viennent « dansoter ». C’est un bal plus festif. L’important n’est pas tant de danser que de se retrouver », détaille-t-il sur Ouest-France.
La Fête de la musique, lancée par Jack Lang en 1982, a contribué, là encore, à redonner un peu d’eau au moulin de la tradition du bal public.
Enfin, le phénomène actuel des rave-parties, mi-concert, mi-bal, attire des populations plus jeunes, en quête d’une forme de liberté émotionnelle.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.