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Botswana : des permis de chasse à l’éléphant vendus aux enchères

février 7, 2020 18:57, Last Updated: février 10, 2020 12:00
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Six permis ont trouvé preneurs pour des prix allant de 30 000 à 39 000 euros. 400 éléphants pourront être tués chaque année en vertu de permis délivrés par les autorités.

Le Botswana, pays d’Afrique australe qui abrite la plus importante population d’éléphants au monde, a tenu vendredi ses premières enchères d’ampleur pour l’attribution de permis de chasse depuis le rétablissement très controversé de la chasse sur son territoire en mai. La vente, confiée à la société locale Auction It, s’est tenue pendant une heure dans les locaux du ministère de l’Environnement de Gaborone.

Elle portait sur sept « lots » de dix éléphants chacun, a indiqué une responsable gouvernementale de la faune, Alice Mmolawa, qui s’est refusée à toute précision sur le nombre de permis vendus, leur prix, ou les vainqueurs des enchères. Six permis ont trouvé preneurs, pour des prix allant de 3,6 à 4,7 millions de pula (30 000 à 39 000 euros), selon une source du milieu des enchères.

400 éléphants tués chaque année

Ces enchères étaient ouvertes aux « entreprises soit détenues par des citoyens botswanais soit enregistrées au Botswana », a précisé Mme Mmolawa. Les candidats devaient faire un dépôt remboursable de 200 000 pula (16 746 euros). Selon l’annonce officielle de mise aux enchères, ils devaient posséder « une expérience attestée de la chasse à l’éléphant » et ne pas faire l’objet de condamnation pénale pour atteinte à la faune sauvage.

L’ancien président du Botswana Ian Khama avait interdit la chasse aux éléphants, au nom de la survie de l’espèce. (Photo : Monirul Bhuiyan/AFP via Getty Images)

Le président Mokgweetsi Masisi a rétabli la chasse aux pachydermes interdite cinq ans plus tôt par son prédécesseur Ian Khama, au nom de la survie de l’espèce. Désormais, jusqu’à 400 pourront être tués chaque année en vertu de permis délivrés par les autorités. Le président botswanais estime que le développement incontrôlé des populations de pachydermes menace les moyens de subsistance, notamment les récoltes, des populations locales. De plus, la chasse des éléphants porteurs d’un collier destiné à suivre leurs mouvements, et donc protégés, est interdite et toutes les expéditions devront être accompagnées en permanence par un guide et un chasseur professionnel, selon la même source.

Des enchères « profondément inquiétantes »

Le retour de la chasse a suscité des réactions passionnées chez les ONG de protection de l’environnement, qui ont obtenu l’interdiction totale du commerce de l’ivoire pour les protéger du braconnage qui les décime. Il a également avivé les tensions entre le chef de l’État et son prédécesseur. Le rétablissement de l’autorisation de la chasse pourrait « démotiver ceux qui luttent contre le braconnage, à qui l’on dit de protéger les éléphants contre les braconniers alors que le régime braconne les mêmes éléphants en appelant ça de la chasse », a déclaré M. Khama.

Audrey Delsink, directrice de l’ONG Humane Society International (HSI) Africa, à Johannesburg, a jugé ces enchères « profondément inquiétantes et contestables ». « La chasse n’est pas un moyen efficace à long terme de régulation de la population », a-t-elle affirmé.

Mais Tshepang Mogogoma, un habitant du village de Nata, dans le centre du pays, a dit espérer l’attribution « d’autant de permis de chasse à l’éléphant que possible ». « Les éléphants sont une menace dans notre région », a-t-il affirmé. Selon le responsable de la Kalahari Conservation Society, Neil Fitt, la chasse représente une nouvelle source de revenus pour le Botswana mais devra être pratiquée « de manière éthique et correcte ».

Coincé entre la Zambie, la Namibie et l’Afrique du Sud, le Botswana abrite environ 135 000 éléphants en liberté, soit un tiers de leur population africaine connue. La plupart d’entre eux vivent dans le parc national de Chobe, dans le nord du pays. La richesse de sa faune fait du Botswana un sanctuaire très prisé des amateurs de safaris haut de gamme.

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