La demande de budget de la défense de 886,3 milliards de dollars (827,3 milliards d’euros) pour l’année fiscale 2024 du président Joe Biden comprend 842 milliards de dollars (785,9 milliards d’euros) pour le Pentagone, soit une augmentation de 26 milliards de dollars (24,2 milliards d’euros) , ou 3,2 %, par rapport au plan de dépenses militaires de cette année. La « menace multidomaine croissante posée par la République populaire de Chine (RPC) » est à nouveau désignée comme le « défi à relever » le plus urgent de la nation.
La secrétaire adjointe à la défense, Kathleen Hicks, et le secrétaire à la défense, Lloyd J. Austin III, ont tous deux utilisé la même expression pour décrire l’importance accordée à la Chine dans le projet de budget militaire, le qualifiant chacun de « budget militaire le plus aligné sur la stratégie » de l’histoire du pays.
« Cet alignement n’est nulle part plus prononcé que dans le sérieux avec lequel ce budget traite la concurrence stratégique avec la République populaire de Chine », a indiqué M. Hicks aux journalistes, le 13 mars à Washington.
Notre meilleure mesure du succès – et celle que nous utilisons le plus souvent ici – est de nous assurer que les dirigeants chinois se réveillent chaque jour, considèrent les risques d’agression et concluent : « Ce n’est pas aujourd’hui ».
Le 13 mars, M. Austin a déclaré: « Comme l’indique clairement notre stratégie de défense nationale, la République populaire de Chine est le défi que nous devons relever ».
« Alors que la RPC s’efforce de moderniser son armée, ce budget nous permettra d’affiner notre avantage en réalisant des investissements cruciaux dans tous les délais, sur tous les théâtres et dans tous les domaines. Parmi les nombreuses mesures importantes qui renforcent notre crédibilité au combat à court terme, ce budget prévoit les investissements les plus importants jamais réalisés par le ministère en matière de préparation et d’acquisition, ainsi que notre plus gros investissement dans la recherche et développement. »
La modernisation militaire de la Chine au cours de la dernière décennie est importante. De plus, sa position en mer de Chine méridionale, avec la construction de bases sur des îles artificielles situées à cheval sur les routes commerciales maritimes et aériennes, se révèle de plus en plus agressive. L’ensemble ces facteurs, y compris les menaces à l’égard de Taïwan, impactent la manière dont le Pentagone souhaite dépenser l’argent dans les années à venir.
Se préparer à un bain de sang en mer de Chine méridionale
La demande de budget militaire comprend 170 millions de dollars (158 millions d’euros) pour de nouvelles armes et de nouveaux navires, « le plus grand budget d’acquisition de l’histoire du pays », et 61 milliards de dollars (56,9 milliards d’euros) pour « développer, moderniser et acquérir une puissance aérienne létale ». Ce qui constitue une réponse directe aux investissements de la Chine dans les progrès de la défense navale et aérienne sur le théâtre d’opérations indo-pacifique du Pentagone.
Le plan de dépenses proposé comprend 48,1 milliards de dollars (44,8 milliards d’euros) pour trois nouveaux sous-marins et quatre destroyers et frégates destinés à contrecarrer une marine chinoise qui possède plus de navires que n’importe quelle autre.
Le Pentagone demande 13,9 milliards de dollars (12,9 milliards d’euros) pour 80 véhicules de combat amphibies pour le corps des Marines et 91 véhicules blindés polyvalents pour l’armée de terre, 29,8 milliards de dollars (27,8 milliards d’euros) – en réponse directe aux investissements de la Chine – pour des programmes de « défaite et de défense » des missiles, et 11 milliards de dollars (10,2 milliards d’euros) pour développer des missiles hypersoniques et subsoniques à longue portée.
La demande de budget pour l’exercice 2024 comprend également 9,1 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros) pour l’Initiative de dissuasion dans le Pacifique (PDI), soit une augmentation de 40 % par rapport au budget de cette année, afin d’améliorer « les bases aériennes résilientes et distribuées, la nouvelle architecture d’alerte et de suivi des missiles, la construction pour permettre une posture améliorée (…) et le partage d’informations multinationales, la formation et l’expérimentation ».
M. Austin a déclaré que l’augmentation des dépenses et de l’intégration de la PDI était essentielle pour développer « des capacités avancées, de nouveaux concepts opérationnels et une posture de force plus solide dans la région indo-pacifique ». Elle permet également des initiatives révolutionnaires en matière de posture à Guam, dans les îles Mariannes, aux Philippines, au Japon et en Australie.
Les États-Unis représentent la première menace pour la Chine
Alors que les planificateurs du Pentagone considèrent la Chine comme le principal « défi à relever », à Pékin, les planificateurs de l’Armée populaire de libération (APL) voient les États-Unis comme leur principale menace.
Le prochain budget militaire annuel de la Chine, annoncé lors de la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP) qui s’est achevée le 13 mars à Pékin, augmente ses dépenses de défense de 7,2 % pour atteindre 1,55 trillion de yuans, soit 209 milliards d’euros.
C’est la deuxième année consécutive que le régime augmente ses dépenses militaires d’au moins 7 % et c’est la première fois en dix ans que le budget de la défense augmente trois années de suite.
Le budget militaire chinois appelle les forces armées à « intensifier l’entraînement et la préparation militaires dans tous les domaines, à élaborer de nouvelles orientations stratégiques militaires, à consacrer davantage d’énergie à l’entraînement dans des conditions de combat et à déployer des efforts bien coordonnés pour renforcer le travail militaire dans toutes les directions et dans tous les domaines ».
En plus de produire des navires – en particulier des sous-marins – pour constituer la plus grande marine du monde, le régime chinois construit un réseau sophistiqué d’avions de chasse furtifs, de missiles longue distance et de défenses de « refus d’accès aérien » conçues pour « repousser [les combattants ennemis potentiels] loin du combat », a déclaré Doug Wade, chef du groupe de mission Chine de la Defense Intelligence Agency (DIA), lors d’un séminaire de la National Security Alliance, le 14 mars dernier.
M. Wade s’est dit inquiet de la puissance de feu aérienne, navale et de missiles que les Chinois pourraient déployer en mer de Chine méridionale et dans toute l’Asie du Sud-Est.
Les responsables du régime chinois affirment qu’ils doivent augmenter leurs dépenses militaires parce que les États-Unis et d’autres pays de la région, notamment l’Australie et les Philippines, l’ont entrepris.
Lors d’une conférence de presse tenue le 11 mars à Pékin, le porte-parole de l’Assemblée nationale populaire, Wang Chao, a déclaré que le budget de la défense de la Chine était « relativement modéré », avec un « taux de croissance raisonnable », et qu’il était resté stable en pourcentage du produit intérieur brut de la nation depuis 2015.
« Il reste fondamentalement stable, inférieur à la moyenne mondiale », a déclaré M. Wang.
Aucune invasion de Taïwan prévue
Le budget militaire chinois de 170 millions de dollars (158,6 millions d’euros) ne représente guère plus d’un quart des 61 milliards de dollars (56,9 milliards d’euros) de dépenses de défense du Pentagone. Cependant, M. Wade a déclaré que pour contrecarrer les ambitions de la Chine, il faudra autant d’intégration économique que d’investissements militaires complémentaires de la part des pays alliés engagés « dans une compétition stratégique avec la Chine ».
Selon M. Wade, la Chine investit massivement dans des applications militaires et « d’influence » pour l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, les missiles hypersoniques et les opérations visant à mener des guerres dans l’espace et à interdire l’accès à l’espace à ses ennemis, ce qui préoccupe également la DIA.
« L’espace est un véritable enjeu », a-t-il déclaré. La Chine restructure son « programme spatial robuste, le deuxième après celui des États-Unis », à travers « un spectre complet d’activités », y compris des « activités de contre-espace ».
« La Chine considère l’espace comme une vulnérabilité potentielle pour les États-Unis », a ajouté M. Wade. Elle a donc entrepris de « dominer dans ce domaine » tout en s’efforçant de dominer « dans tous les autres domaines de la guerre ».
Il a indiqué que « la totalité » de la modernisation militaire de la Chine a été « vraiment impressionnante » à observer au cours de la dernière décennie, l’effort couvrant « de nombreux éléments différents ».
Les analystes de la défense observent attentivement la façon dont les chefs militaires chinois « utilisent leurs atouts, comment ils s’unissent » pour se synchroniser et multiplier l’impact, a affirmé M. Wade.
« C’est l’ensemble des moyens mis en œuvre qui est l’aspect le plus impressionnant. »
La DIA ne voit pas la Chine se préparer à envahir Taïwan de sitôt.
« Si l’on considère la manière dont la Chine pourrait exercer une pression militaire sur Taïwan, il est probable qu’elle commencera bien en deçà du seuil d’un conflit par diverses activités. À commencer par la cybernétique, le blocus naval, les violations croissantes de la zone de défense aérienne de Taïwan et les empiètements territoriaux par les forces navales », a déclaré M. Wade.
Les agences de renseignement américaines sont « bien positionnées » pour surveiller, anticiper et répondre aux activités militaires de la Chine, selon M. Wade.
« Xi Jinping a clairement indiqué que la Chine ne souhaitait pas recourir à la force, mais qu’elle n’excluait pas » de le faire pour intégrer Taïwan à la RPC. « La Chine ne veut pas déclencher une guerre à propos de Taïwan. »
Néanmoins, la DIA prévoit « une période de plus en plus conflictuelle » entre les armées américaine et chinoise et s’attend à ce que la Chine poursuive son « cyber-comportement » antagoniste et son « comportement assertif en mer de Chine méridionale ».
M. Wade a déclaré que l’agence considérait les relations économiques de la Chine comme sa principale source de force et que les États-Unis devaient les contrer en renforçant les « partenariats » économiques, militaires et de renseignement avec des pays qui s’opposent au « totalitarisme » et cherchent à instaurer un « ordre fondé sur des règles » dans le commerce mondial.
La « Chine montante » s’impose dans des domaines de conflit avec les États-Unis et d’autres pays, a-t-il affirmé, mais les deux nations sont aussi intimement engagées dans une vaste gamme d’interactions et de programmes journaliers qui offrent la possibilité « d’engager la Chine de manière constructive ».
« Il existe différentes voies par lesquelles les États-Unis et la Chine pourraient travailler sur des questions d’intérêt commun » dans des régions telles que l’Afrique, et sur des questions telles que le changement climatique et le commerce international, où les deux pays partagent déjà des « partenariats productifs » l’un avec l’autre.
« Nous ne sommes pas toujours du même avis », a déclaré M. Wade, mais les États-Unis et la Chine peuvent « maximiser ces partenariats dans des domaines d’intérêt commun » plutôt que de laisser la conversation « glisser uniquement vers des domaines où nous nous considérons mutuellement comme des concurrents et des menaces ».
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