Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, en visite à Washington, a appelé lundi à faire payer à la Chine le prix de son soutien à la Russie pour sa guerre en Ukraine, et salué la plus forte augmentation des dépenses militaires de l’alliance « depuis des décennies ».
S’exprimant dans le bureau ovale avant un entretien avec le président américain Joe Biden, M. Stoltenberg a affirmé que « 23 (pays) alliés allaient cette année dépenser 2% ou plus de leur PIB pour la défense », soit le seuil minimum fixé par l’alliance militaire occidentale qui compte 32 membres.
Il a indiqué que les pays membres de l’Otan « augmentaient cette année leurs dépenses militaires de 18%. C’est la plus forte augmentation depuis des décennies », liée largement à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
« Un record », a salué pour sa part Joe Biden, manière de répondre à son rival républicain à l’élection de novembre Donald Trump. Ce dernier avait semé la panique en Europe lorsqu’il a menacé en février de ne plus garantir la protection des pays de l’Otan face à la Russie si ceux-ci ne consacraient pas un budget suffisant à leur défense.
M. Stoltenberg, qui cédera en octobre sa place de secrétaire général de l’Otan, effectue une visite à Washington pour préparer le sommet de l’Alliance atlantique qui se tiendra du 9 au 11 juillet dans la capitale fédérale américaine, à l’occasion du 75e anniversaire de sa création.
« La Chine alimente le plus grand conflit armé »
Dans un discours, il s’en est pris à la Chine, tout en encourageant l’alliance militaire occidentale à fournir davantage d’armes à l’Ukraine. « Cela peut paraître comme étant un paradoxe, mais le chemin vers la paix passe par plus d’armes à l’Ukraine », a déclaré le chef de l’Otan devant le Wilson Center, un centre de réflexion à Washington.
À propos de la Chine, il a relevé que le dirigeant chinois Xi Jinping s’efforce « de donner l’impression qu’il se tient en retrait dans ce conflit, afin d’éviter les sanctions et de maintenir les flux commerciaux ». « Mais la réalité est que la Chine alimente le plus grand conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et qu’en même temps, elle veut maintenir de bonnes relations avec l’Occident », a-t-il dit. « À un moment donné, et à moins que la Chine ne change de cap, les alliés doivent imposer un coût. Il devrait y avoir des conséquences », a plaidé le chef de l’Otan.
L’Otan, avec les États-Unis en tête, critique de manière de plus en plus virulente l’aide à l’effort de guerre russe apportée par la Chine et ses entreprises, qui fournissent des composants et des équipements soutenant le secteur de l’armement russe, avec un impact sur le champ de bataille en Ukraine.
La Chine dément fournir directement des armes à la Russie. Washington a déjà pris des sanctions contre des entreprises chinoises et le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a dit lundi s’attendre « à d’autres mesures » si la Chine ne fait pas marche arrière.
« Poutine et Moscou dépendants des pays autoritaires du monde entier »
M. Stoltenberg a aussi dénoncé la prochaine visite mardi et mercredi du président russe Vladimir Poutine à Pyongyang. « Cela montre à quel point le président Poutine et Moscou sont désormais dépendants des pays autoritaires du monde entier », a-t-il dit citant la Corée du Nord, l’Iran et la Chine. Il s’est notamment appuyé sur des chiffres cités par les services de renseignement sud-coréens, selon lesquels la Corée du Nord a livré un million d’obus à la Russie.
Le secrétaire général de l’alliance a aussi mis en exergue le fait que l’Otan prendra en main le soutien militaire occidental à l’Ukraine, jusqu’à présent piloté par Washington, pour mieux l’ancrer dans la durée à moins de cinq mois des élections américaines et d’une victoire éventuelle de Donald Trump.
Selon des diplomates de l’Otan, il vise à s’assurer que le flot de l’aide militaire vers l’Ukraine ne puisse être interrompu par une décision de la Maison Blanche en cas de victoire du républicain à l’élection de novembre, alors que l’ancien président a dit vouloir mettre fin à la guerre.
M. Stoltenberg s’est encore félicité d’un accord conclu lors du sommet des pays du G7 en Italie la semaine dernière, qui prévoit un prêt de 50 milliards de dollars, financé grâce aux avoirs russes gelés, à l’Ukraine. « Plus notre soutien à long terme sera crédible, plus vite Moscou se rendra compte qu’elle ne peut pas nous attendre », a-t-il affirmé.
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