Le chef des talibans a répété dimanche, dans un message à l’occasion de l’Aïd el Adha, rester « résolument favorable à un règlement politique » en Afghanistan, « malgré l’avancée et les victoires militaires » enregistrées ces deux derniers mois par les insurgés.
« Au lieu de compter sur les étrangers, résolvons nos problèmes entre nous (Afghans) et sauvons notre patrie de la crise qui prévaut », poursuit Hibatullah Akhundzada dans ce message à l’occasion de la fête musulmane du Sacrifice qui dure trois jours à partir du 20 juillet.
Sur fond d’offensive tous azimuts des insurgés contre les forces afghanes, des délégations du gouvernement afghan et des talibans ont repris samedi à Doha, au Qatar, des pourparlers entamés en septembre et restés jusqu’ici au point mort.
« Nous sommes, de notre côté, déterminés à trouver une solution via des discussions, mais le camp d’en face continue de perdre du temps », affirme Hibatullah Akhundzada dans son message.
Lancée début mai, à la faveur de l’entame de retrait définitif des forces étrangères du pays, l’offensive des insurgés n’a rencontré qu’une faible résistance de la part des forces afghanes et leur a permis de s’emparer de vastes territoires ruraux d’Afghanistan et d’importants postes-frontière avec l’Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Pakistan.
Privées du crucial soutien aérien américain, les forces du gouvernement afghan ne contrôlent plus essentiellement que les axes majeurs et les capitales provinciales.
Chassés après plusieurs jours de combats
Certaines sont encerclées par les insurgés mais ceux-ci n’ont pas lancé récemment d’offensive majeure contre ces villes, à l’exception d’une brève incursion en juillet dans Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis, dont ils ont été chassés après plusieurs jours de combats.
Le message du chef des talibans ne fait aucune mention d’un cessez-le-feu à l’occasion de l’Aïd el Adha. Au cours des années, les insurgés ont parfois annoncé des trêves à l’occasion des fêtes musulmanes.
Dans son message, le chef des talibans déroule ensuite une série d’engagements d’un futur « Emirat islamique » au pouvoir à Kaboul. L’Emirat islamique était le nom du régime taliban qui dirigea l’Afghanistan entre 1996 et 2001 et en fut chassé par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, après son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans la foulée des attentats du 11-Septembre.
« Nous voulons de bonnes et fortes relations diplomatiques, économiques et politiques (…) avec tous les pays du monde, dont les Etats-Unis » et « nous assurons totalement les pays voisins, de la région et du monde, que l’Afghanistan ne permettra à personne de menacer la sécurité d’aucun autre pays depuis son sol », affirme Hibatullah Akhundzada.
« Engagement pour la liberté d’expression, dans la limite de la Charia »
Il fait la promotion de l’alphabétisation et assure que « l’Emirat islamique veillera particulièrement et s’efforcera de créer un environnement approprié à l’éducation des filles dans le cadre de la grandiose loi islamique », alors que sous leur régime les filles étaient interdites d’école et les femmes de travailler.
Même si elles n’ont jamais été revendiquées, de nombreuses attaques contre des écoles ont également été attribuées aux talibans ces 20 dernières années.
Le chef des talibans assure les journalistes de son « engagement pour la liberté d’expression, dans la limite de la Charia et des intérêts nationaux » et affirme vouloir travailler avec les ONG internationales du secteur de santé.
Il répète également promettre d’assurer la sécurité des diplomates, ambassades, consulats, organisations humanitaires et investisseurs étrangers.
Depuis que Washington a annoncé l’an dernier le départ définitif des troupes étrangères d’Afghanistan, au terme d’un accord avec les talibans, ceux-ci tentent d’afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l’étranger.
L’élite éduquée et les femmes dans l’inquiétude
Les talibans semblent opérer depuis longtemps sous une chaîne de commandement unique et efficace, menant des campagnes militaires d’ampleur, malgré des rumeurs persistantes de désaccords au sein de leurs dirigeants.
Mais la question de l’influence qu’auront les dirigeants talibans sur les commandants sur le terrain et s’ils seront capables de leur faire respecter un potentiel accord de paix reste posée.
Face à l’avancée des talibans, qui se sont récemment rapprochés de Kaboul, l’inquiétude grandit en Afghanistan, notamment dans la capitale et au sein de l’élite éduquée et des femmes, de leur possible retour au pouvoir, susceptible d’annihiler 20 ans de progrès, même si une grande partie des campagnes afghanes restent très traditionalistes.
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