Les Chiliens ont voté samedi, au premier des deux jours d’un scrutin considéré comme le plus important de l’histoire de leur démocratie, pour désigner les rédacteurs de leur nouvelle Constitution destinée à promouvoir plus de justice sociale et à refemer l’ère Pinochet.
Quelque 14 millions de Chiliens sont appelés aux urnes pour ce vote qui se poursuivra dimanche. Ils doivent choisir 155 élus parmi 1.373 candidats sur une base paritaire. Dix-sept sièges seront également réservés aux 10 peuples autochtones du Chili.
« J’espère que nous aurons une Constitution qui capturera l’âme de notre pays », a déclaré le président chilien Sebastian Piñera, un conservateur, après avoir voté dans la capitale.
Cette Constitution remplacera celle rédigée en 1980 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990).
« Cette élection définira la Constitution qui nous guidera pour les 40 ou 50 prochaines années », souligne Claudio Fuentes, universitaire à l’Ecole de sciences politiques de l’université Diego Portales. Ce scrutin est « certainement » le plus important en 31 ans de démocratie, estime-t-il, « un nouveau Chili est en jeu ».
Réécrire la Constitution
Réécrire la Constitution était une des revendications issues du plus grand soulèvement social des dernières décennies, amorcé en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire.
Le changement de la loi fondamentale actuelle, qui limite fortement l’action de l’Etat et promeut l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites, est vu comme la levée d’un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans le pays.
La nouvelle Constitution doit être rédigée dans un délai de neuf mois, prolongeable une seule fois de trois mois supplémentaires. Elle doit être approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoire.
Le scrutin, déjà reporté de trois semaines, a été étalé sur deux jours pour limiter les risques de contamination au Covid-19, et comprendra également des élections locales de maire, de conseiller municipal et, pour la première fois, de gouverneur régional.
Le Chili était l’un des rares pays de l’OCDE qui n’avait pas d’autorités régionales élues.
Test décisif
Les analystes voient ce scrutin comme un test décisif avant les élections présidentielles de novembre.
Ce processus électoral est également le premier au monde à élire une Assemblée constituante sur une base paritaire, avec un nombre égal d’hommes et de femmes.
Les prédictions sur les forces politiques qui composeront l’Assemblée constituante sont hasardeuses, mais la difficulté des candidats indépendants à se faire connaître devrait privilégier les partis traditionnels.
« Il y a beaucoup de nouvelles variables en jeu: c’est une élection sans précédent dans un contexte de pandémie, avec un système de parité, avec des sièges réservés, et avec des listes d’indépendants. Tout cela est nouveau. Il est donc très difficile de faire des prédictions, et nous ne savons pas avec certitude combien de personnes iront voter », note Claudio Fuentes.
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