Le contrôle technique des motos, scooters, voiturettes et autres quads devient obligatoire à partir de lundi, une mesure censée accroître la sécurité mais contestée par de nombreux motards.
Les plus de trois millions de véhicules de catégorie L, soit les scooters, motos, tricycles ou voiturettes, échappaient jusqu’ici au contrôle instauré en 1992 pour les voitures.
Ils doivent désormais passer par 78 points de contrôle. Freins trop usés, guidon flou, fuites, pneus lisses : 87 défaillances majeures impliquent une contre-visite, soit de revenir dans les deux mois suivants avec le véhicule réparé.
Le contrôle du bruit mais aussi du bridage du véhicule, souvent contourné par les scooters, ne seront effectifs qu’à l’été 2025.
Alors que les beaux jours annoncent l’ouverture de la saison de la moto, les premiers véhicules à passer au contrôle sont ceux immatriculés avant le 1er janvier 2017.
Tous ces véhicules de catégorie L doivent également passer l’examen en cas de revente. Cette mesure a déjà poussé de nombreux motards à revendre leur engin avant la date butoir, contribuant à doper le marché de l’occasion au premier trimestre 2024 (+6% sur un an), selon l’assureur Solly Azar.
Dix ans pour faire appliquer cette directive européenne de 2014
Il aura fallu dix ans et de nombreux recours pour faire appliquer cette directive européenne de 2014, déjà mise en place presque partout sur le continent avant la date butoir du 1er janvier 2022. Elle doit permettre d’augmenter la sécurité et de diminuer la pollution de ces véhicules.
En France, un premier décret avait été pris par le gouvernement en 2021 avant qu’Emmanuel Macron ne l’enterre, soucieux de ne pas « embêter les Français ».
Le gouvernement avait ensuite annoncé privilégier « des mesures alternatives » telles que des campagnes de sensibilisation. Mais il a dû finalement céder en octobre 2023 sur décision du Conseil d’État.
La mesure reste contestée par de nombreux motards en France, un pays particulièrement fan de deux-roues. La Fédération des motards en colère (FFMC) continue d’appeler au boycott de ce contrôle qu’elle considère cher et inutile, car surtout visuel.
Des manifestations bruyantes sont prévues samedi à Paris, Lille, Toulouse, Nevers ou encore Tarbes, et dimanche à Marseille. Selon une source policière, 20.000 motos sont attendues dans toute la France dans une dizaine d’actions samedi et dimanche. À Paris il devrait y en avoir 2000 samedi à partir de 14h.
Le délégué général de la FFMC, Didier Renoux, martèle que les accidents ne sont en général pas dus à l’état du véhicule, bien entretenu par les motards, mais plutôt à l’état de la chaussée.
Les « motards en colère » avaient demandé au Conseil d’État de suspendre en urgence la mesure, mais ils ont été déboutés mardi.
Parallèlement, 27 députés de la majorité, dont le président de la commission des Lois Sacha Houlié, ont demandé au ministère des Transports un « moratoire » sur ce contrôle technique, proposant des solutions alternatives. Sans réponse pour le moment.
« Quand bien même je voudrais m’y plier, on ne trouve aucun centre de contrôle technique », a assuré à l’AFP Sacha Houlié, qui pilote lui-même une sportive Yamaha. « Je vais faire mon entretien annuel, comme chaque année. Je ne connais aucun motard qui ne le fait pas », a souligné le député.
Des députés RN ont aussi demandé l’abrogation du contrôle, dénonçant une « obstination technocratique ».
Depuis la confirmation du contrôle en octobre 2023, les centres de contrôle technique ont pourtant passé la surmultipliée pour recevoir l’agrément nécessaire. Toute la France n’est pas couverte, mais près de la moitié des centres sont prêts, soit 3.000 contrôleurs, selon la fédération du contrôle technique.
En Espagne, depuis l’instauration en 2006 du contrôle technique pour tous les deux-roues, la mortalité a fortement baissé pour les conducteurs de cyclomoteurs, mais pas chez les motards, selon la fédération espagnole des contrôleurs.
17% des deux-roues contrôlés en 2022 ont dû passer une contre-visite, et la moitié de ceux-ci souffrait de défaillances majeures. La plupart des défauts concernait l’éclairage, la pollution ou le bruit.
En France, tous les véhicules de catégorie L doivent désormais être contrôlés tous les trois ans.
Les conducteurs sans contrôle technique à jour risquent une amende de 135 euros ou une immobilisation du véhicule.
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