EUROPE

Le couturier russe Slava Zaïtsev, le «Dior rouge», est décédé à 85 ans

mai 1, 2023 13:40, Last Updated: mai 1, 2023 23:42
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Le célèbre couturier russe Viatcheslav (Slava) Zaïtsev, surnommé par la presse occidentale le « Dior rouge » et le « tsar de la mode soviétique », est décédé dimanche à 85 ans, après une longue maladie.

« Oui », il est décédé, a indiqué à l’AFP la porte-parole de sa maison de mode moscovite, Kira Bourenina, confirmant des informations des médias russes. Début mars, lorsqu’il « a réuni ses amis pour son anniversaire, on voyait déjà qu’il était très, très faible », a-t-elle précisé.

Selon ses collègues de l’Académie russe des Beaux Arts, dont il était membre, le couturier qui s’est fait connaître comme Slava (diminutif de son prénom Viatcheslav), est décédé après une longue maladie. « Le couturier Viatcheslav Zaïtsev est décédé. Cette année, il a fêté ses 85 ans », a déploré la chaîne publique russe Pervy Kanal, en rendant hommage à cet homme « qui a dicté la mode soviétique et russe pendant des décennies, un novateur qui n’a pas eu peur d’expériences audacieuses ».

Des mannequins présentent des créations du légendaire styliste soviéto-russe Slava Zaitsev lors d’un défilé de mode à Moscou, le 17 août 2017. (MLADEN ANTONOV/AFP via Getty Images)

« C’est une grande perte pour le monde de la mode mondiale », a déclaré le styliste russe Sergueï Zverev, cité par l’agence publique Ria Novosti, en déplorant le départ d’une « légende ».

« Je peux habiller toute une parade sur la Place Rouge avec mes vêtements »

Le couturier, qui a créé plus d’un millier de modèles pendant sa carrière, s’était fait connaître dans le monde avec ses robes reprenant les motifs flamboyants des châles traditionnels de son pays. « Je peux habiller toute une parade sur la Place Rouge avec mes vêtements… », disait Slava Zaïtsev en 2017 dans un entretien à l’AFP. En 1963, c’est l’hebdomadaire Paris Match qui l’avait comparé à un Christian Dior soviétique. En 1988, le magazine Vogue l’avait baptisé « tsar de la mode soviétique ».

Né le 2 mars 1938 à Ivanovo, une ville de 400.000 habitants au nord-est de Moscou, Zaïtsev a grandi dans une famille modeste, sa mère étant femme de ménage. Il a étudié d’abord dans un lycée technique spécialisé dans la chimie puis est entré à l’Institut du Textile de Moscou, qui forme les techniciens des fabriques de tissus. Les universités les plus prestigieuses de la capitale lui ont été fermées car son père, capturé par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale, fut considéré à la fin du conflit comme un traître par le régime stalinien et condamné à dix ans de camp.

Des jupes inspirées des motifs à fleurs des châles traditionnels russes

« Quand j’étais enfant, ma mère m’avait appris à broder pour que je ne traîne pas dans la rue sans but. Le soir, avec des copines, on cueillait des fleurs sur l’avenue Lénine pour les dessiner et reproduire ces dessins dans des broderies. C’est comme ça que je me suis initié à l’art », avait confié le créateur à l’AFP en 2017.

En 1962, sa première collection de tenues de travail pour les ouvrières -des jupes inspirées des motifs à fleurs des châles traditionnels russes et des bottes feutrées multicolores- a été interdite par les autorités soviétiques. En raison des couleurs « trop vives » qui contrastaient avec « la grisaille du quotidien soviétique, où personne ne devait se distinguer des autres », selon Slava Zaïtsev. La collection a toutefois attiré l’intérêt des médias occidentaux. En 1963, Paris Match est devenu le premier magazine en Occident à présenter Zaïtsev comme un pionnier de la mode soviétique.

Surveillé par le KGB

Surveillé par le KGB à cause de ses contacts avec les couturiers occidentaux et son caractère d’électron libre, Zaïtsev n’avait pas l’autorisation de quitter le pays et ses premières collections ont voyagé à l’étranger sans lui. Entre 2007 et 2009, Slava Zaïtsev a animé à la télévision une émission populaire, « Le verdict de la mode », où des stylistes habillaient à la dernière mode des femmes au foyer.

Le véritable bonheur, c’est de « travailler chaque jour avec les gens », en créant des modèles pour les clients et non pour les podiums, assurait le créateur à l’AFP en 2017.

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