Le désamour de Paris et des Parisiens continue

Par Germain de Lupiac
8 janvier 2025 06:04 Mis à jour: 8 janvier 2025 06:04

Paris va-t-elle continuer à voir partir ses habitants ? La baisse de la démographie dans la capitale la plus dense d’Europe, particulièrement marquée depuis une dizaine d’années, ne cesse de secouer le débat politique parisien.

L’ambition du nouveau plan local d’urbanisme (PLU) qui dessine l’avenir de la ville dirigée par la maire socialiste Anne Hidalgo prévoit que « Paris reste vivable à l’horizon 2035-2040 […], afin de freiner les départs des classes moyennes et des familles. »

Mais l’endettement de la ville s’élèvera à 9,3 milliards d’euros à fin 2025, et sera proche des 10 milliards d’euros en 2026, ce qui aura fait plus que doubler en 10 ans le montant de la dette de la collectivité. L’opposition craint que le nouveau budget de 11,3 milliards d’euros de dépenses aboutisse finalement à une augmentation des impôts et ne permette aucun investissement pour faciliter la vie des Parisiens.

Ajouté à cela un plan mobilité inexistant, une hausse drastique des tarifs des stationnements, les problèmes de civilités et de propreté et vous avez les ingrédients d’une ville qui perd sa population en perdant son cadre de vie.

L’hémorragie de la population continue

Depuis une dizaine d’années, 10.000 habitants en moyenne quittent chaque année la capitale qui compte aujourd’hui près de 2,1 millions d’habitants intra-muros – environ 140.000 de moins qu’en 2013, selon les chiffres de l’Insee.

Pour la droite parisienne, cette « fuite » signe en partie le désaveu d’un « urbanisme invivable » par trop de « bétonisation ». « On ne respire plus à Paris. Sur ces vingt dernières années, trois millions de mètres carrés supplémentaires ont été créés dans l’une des villes les plus denses au monde », fustige Pierre-Yves Bournazel (Horizons), du premier groupe d’opposition (Union Capitale) au Conseil de Paris.

Une « surdensification » critiquée aussi par David Alphand, co-président avec Rachida Dati du groupe « Changer Paris ». La droite craint par exemple que les surélévations d’immeubles prévues par le PLU créent des « rues canyon » bloquant la circulation de l’air.

40 % de logement public d’ici 2035

Pour « préserver la mixité sociale », le plan local d’urbanisme (PLU) vise « 40 % de logement public (social et intermédiaire, NDLR) à l’horizon 2035 », a expliqué le sénateur Ian Brossat, coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris.

Ces orientations sont vivement critiquées par l’opposition qui craint une « pression » sur les propriétaires d’immeubles. La droite dénonce en outre un « déséquilibre » entre logements privés et logements sociaux, « alors que les écarts de revenus ne cessent de se creuser, poussant à l’exil des familles » déplore Geoffroy Boulard (LR), l’un des leaders du premier groupe d’opposition, Union capitale.

La politique du logement est qualifiée de pénalisante pour les familles des classes intermédiaires, du fait d’un « déséquilibre » croissant entre logement social et logement privé.

L’exécutif municipal répond qu’au contraire, « jamais la ville n’aura autant investi » dans le logement, une « bonne nouvelle pour les Parisiens qui ont besoin de plus de logement social et abordable », selon le sénateur communiste Ian Brossat.

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Le projet de végétalisation de Paris

Pour contrer cette perte d’habitants dans la capitale, l’actuel maire de Paris entend renforcer sa politique écologique de gestion de la ville.

Végétalisation, éco-construction, réhabilitation… Le PLU « pense le bâtiment de demain pour qu’il participe à l’effort de respiration et de rafraîchissement » de la capitale, explique Lamia El Aaraje, l’actuelle adjointe à l’urbanisme de la maire, alors que l’actuelle administration à la tête de l’Hôtel de ville promettait en 2017 la création d’une centaine de « mini forêts urbaines », de « dizaines de rues végétales » et la plantation de 170.000 arbres.

Des promesses loin du compte aujourd’hui avec des coupes importantes d’arbres sains et matures remplacés par des petits arbrisseaux avec pour certain, un taux de mortalité de 61 à 84 %, 12 ans après la plantation.

La question de la végétalisation des toits parisiens, y compris ceux historiques en zinc, sera selon Lamia El Aaraje « fondamentale » mais fait débat chez les défenseurs du patrimoine qui défendent l’inscription des toits de Paris au patrimoine immatériel de l’Unesco.

L’absence d’un plan mobilité à jour

Dans un rapport, la Chambre régionale des comptes (CRC) a recommandé à la Ville de Paris de « faire précéder les décisions à venir ayant un caractère structurant en matière de mobilité à Paris », telles que l’instauration d’une Zone à trafic limité (ZTL) à Paris Centre ou la transformation du périphérique, « par l’adoption d’un plan local de mobilité (PLM) ».

En effet, selon les magistrats de cette juridiction chargée de vérifier les comptes des collectivités franciliennes, « la vision d’ensemble de l’impact des projets d’aménagement de la Ville sur les déplacements, notamment sur la circulation des véhicules de sécurité et de secours », fait « aujourd’hui défaut » en l’absence de « mise à jour » de ce plan.

« Paris ne dispose plus de PLM depuis 2020, alors que c’est obligatoire… Ce qui explique aussi le chaos dans la ville! », a fustigé sur X le groupe d’opposition LR, Changer Paris.

Dans son rapport, la CRC met aussi en avant les « réalisations indéniables depuis 2015 » de la mairie de Paris, où « la circulation piétonne est favorisée » avec « 110 km d’aires piétonnes et de zones de rencontre » fin 2021 et où « l’usage du vélo a fortement augmenté » avec une création de places de stationnement « supérieure à la prévision ».

« Hypothéquer l’avenir des Parisiens »

La présentation du budget 2025 a ravivé la polémique récurrente sur l’endettement de la ville, dont la hausse est liée à une « mauvaise gestion » aux yeux de l’opposition, et obère ses capacités d’investissement.

« Vous faites le choix d’hypothéquer l’avenir des Parisiens », a dénoncé Delphine Bürkli (groupe Modem et Indépendants), regrettant notamment les « retards » pris par le plan vélo ou le plan arbre.

« Les marges de manœuvre financières beaucoup trop faibles » risquent de « compromettre » la mise en œuvre du plan climat 2024-2030, a taclé le LR Geoffroy Boulard, d’Union capitale. Le premier groupe d’opposition demande une baisse de la taxe foncière – dont le taux a augmenté de 52% en 2023 – de 500 millions d’euros.

« Vous n’avez pas engagé d’économies, contrairement à vos promesses faites en 2022 d’un plan de 250 millions d’économies », a fustigé de son côté Rachida Dati, co-présidente du groupe Changer Paris.

Rachida Dati, candidate aux municipales de 2026, a reproché à sa rivale de « laisser en héritage » une « trajectoire budgétaire insoutenable » qui « prépare les Parisiens à une nouvelle hausse des impôts ».

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