Le désastre économique de la Chine et ses conséquences sur les marchés

Par Fan Yu
8 septembre 2022 13:55 Mis à jour: 8 septembre 2022 13:55

L’économie chinoise est au bord du gouffre.

Il est peu probable que cela affecte la candidature du chef du Parti communiste chinois Xi Jinping qui brigue un troisième mandat. Néanmoins, si la deuxième économie mondiale s’effondre et brûle, cela aura inéluctablement un impact sur l’ensemble du monde.

Le secteur immobilier chinois – dont l’importance ne peut être sous-estimée dans l’ascension économique du pays ces vingt dernières années – est brisé. De nombreux promoteurs immobiliers ont fait faillite. Les consommateurs se rebellent, refusent de payer leurs hypothèques sur des logements inachevés et manifestent à travers des dizaines de villes.

Pendant ce temps, la croissance intérieure s’essouffle alors que le pays continue de décréter, par intermittence, des mesures de confinement contre le virus du PCC. À la fin du mois d’août, les mesures de confinement touchaient encore la province de Hebei, aux portes de Pékin, et les tests de masse se poursuivaient à Tianjin.

Si la Chine est parvenue à gérer sa production économique pendant ces confinements – en fonctionnant en circuit fermé – son économie intérieure et ses niveaux de consommation ont été affectés.

Les taux de chômage sont également inquiétants. Le taux de chômage des jeunes Chinois vivant en milieu urbain a atteint un niveau record de 20%, alors que davantage de nouveaux diplômés devraient entrer sur le marché du travail cet automne. Les entreprises technologiques chinoises ont toujours été créatrices d’emplois, mais les mesures de répression imposées par l’État l’année dernière ont privé de nombreuses entreprises du capital nécessaire pour augmenter leurs effectifs.

De l’autre côté, la Chine doit environ mille milliards de dollars de prêts impayés accordés à des pays du tiers-monde dans le cadre de l’Initiative Ceinture et Route (ICR, aussi nommée les nouvelles routes de la soie). Pékin subit des pressions de la part de ces pays et pourrait être contraint de renoncer à certains prêts.

Faiblesse du commerce au détail

Les difficultés économiques rencontrées par la Chine auront un impact sur les multinationales américaines et occidentales, en particulier sur les entreprises qui ont une forte présence dans le secteur du commerce de détail en Chine. C’est le cas de Starbucks, qui possède des milliers de points de vente en Chine et détient plus d’un tiers des parts de marché dans le pays le plus peuplé du monde. Au deuxième trimestre, Starbucks a enregistré une baisse de 40% de ses ventes en Chine.

Nike a également subi des répercussions négatives. Le fabricant de chaussures et de vêtements est très présent dans le commerce de détail en Chine, et ses bénéfices non GAAP (mesurés par l’EBITDA) du deuxième trimestre ont chuté de 55%. Les deux entreprises ont attribué la baisse de leurs ventes et de leurs bénéfices aux mesures de confinement imposées contre le Covid.

D’autres géants de la vente au détail, dont Adidas, et des entreprises du secteur du luxe, telles que Richemont et Burberry, ont également signalé une baisse de leurs ventes en Chine.

Pressions sur les matières premières

Les produits de base mondiaux subissent la double pression d’un dollar américain fort – la monnaie de référence de la plupart des produits de base – et de l’affaiblissement de la demande chinoise. Au cours de la dernière décennie, la Chine a été l’un des principaux importateurs de produits de base mondiaux tels que le minerai de fer, le cuivre, le pétrole et le gaz naturel liquide.

Les importations chinoises de minerai de fer ont augmenté de 3,1% en juillet, même si, au cours des sept premiers mois de l’année 2022, les importations totales ont diminué de 3,4% par rapport à l’année dernière. Les importations chinoises de gaz naturel liquide (GNL) ont diminué de 15,4% en juillet, et de 20,3% depuis le début de l’année jusqu’en juillet. La baisse de la demande de GNL en Chine n’a pas eu d’impact sur le marché du GNL, car la demande européenne, coupée du gaz russe, a maintenu le prix du GNL à un niveau élevé.

Alors que la Chine continue d’importer du pétrole brut de Russie, alors que la plupart des autres pays occidentaux ont sanctionné la Russie, le niveau global des importations de pétrole en Chine a diminué en raison du ralentissement économique intérieur. Le pétrole brut WTI a clôturé le mois d’août en baisse pour le troisième mois consécutif, la plus longue baisse de ce type en deux ans.

Gains en dollars

La Réserve fédérale américaine a annoncé une politique de taux d’intérêt « plus élevés pour plus longtemps » lors de sa retraite annuelle tenue en août, afin de lutter contre l’inflation. Le président de la Fed, Jerome Powell, a promis de faire tout ce qui est nécessaire pour contenir l’inflation, tout en prévenant que ces mesures pourraient entraîner « certaines difficultés » aux investisseurs.

La Chine et les États-Unis ont divergé dans leur politique monétaire respective. En août, la Banque populaire de Chine a réduit les taux de référence à un an de 5 points de base et le taux de prêt de référence à cinq ans de 15 points de base pour stimuler la demande de crédit et soutenir son marché immobilier en difficulté. Ces réductions ont surpris, alors que les dépenses de consommation et les emprunts ont été inférieurs aux prévisions pendant le mois de juillet.

La poursuite de la politique hawkish de la Fed devrait renforcer le dollar américain par rapport aux autres devises. Quant à la banque centrale chinoise, elle a désormais moins de marge de manœuvre pour réduire les taux d’intérêt nationaux.

À la fin du mois d’août, les banques d’État chinoises vendaient du dollar pour tenter de soutenir leur devise, le yuan, selon plusieurs opérateurs de change qui ont parlé à Bloomberg sous le couvert de l’anonymat.

D’ici là, attendez-vous à ce que le dollar continue de grimper par rapport au yuan.

Fan Yu est une experte en finance et en économie et contribue à des analyses sur l’économie chinoise depuis 2015.

 

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