Le didgeridoo – Origines et tabous d’un instrument sacré

décembre 30, 2016 8:00, Last Updated: décembre 30, 2016 16:20
By

Le didgeridoo subjugue tous ceux qui l’ont entendu, quelles que soient leurs références culturelles, parce qu’il ne ressemble à aucun autre instrument.

Mis à part que c’est en soi un objet d’art,  il a des sons et des rythmes qui évoquent quelque chose qui monte des profondeurs de la terre pour conter les récits de temps mythiques lointains.

Bien que la plupart des  gens prennent le didgeridoo pour le symbole de la culture indigène australienne, avant l’installation des Européens le didgeridoo n’était connu et pratiqué que dans les zones tropicales du nord de l’Australie, où les pratiques culturelles traditionnelles sont restées vivaces en raison de leur éloignement. Elles ont ainsi résisté pendant longtemps aux tentatives d’établissement d’avant-postes coloniaux, contrairement aux autres parties du pays.

Guan Lim, du Centre culturel australien du didgeridoo, consacre son temps à enseigner au public le sens des pratiques culturelles indigènes associées à cet instrument.

Il indique qu’il y a eu une diffusion de la culture le long des routes et des campements présents à travers toute l’Australie. Toutefois, « le didgeridoo reste un instrument sacré sur la  Terre d’Arnhem, ainsi que dans certaines régions du nord-ouest, autour des  Kimberleys et entre le Territoire du Nord et les Kimberleys, des endroits où les pratiques culturelles ont été maintenues  et sont considérées comme sacrées.»

Pour le peuple  aborigène de la Terre d’Arnhem, le didgeridoo fait partie du Temps du Rêve, période au cours de laquelle les Grands Êtres ont créé la terre, toutes les formes de vie qui s’y déploient aussi bien que le code moral au sein duquel les êtres humains pouvaient vivre.

Le didgeridoo est considéré comme une part de la genèse même de la vie et de la culture et un instrument qui transmet un savoir sacré.

Selon Djalu Gurruwiwi – un  ancien du clan Galpu – un didgeridoo conçu par un Aborigène, qu’il soit un possesseur ou un gardien traditionnel de l’instrument, a une âme, tandis qu’un instrument fabriqué par une personne non-indigène est simplement un instrument de musique, comme une trompette ou un trombone. C’est pareil pour les didgeridoos fabriqués par les Aborigènes qui n’ont pas l’instrument dans leur héritage culturel.

Même dans la tradition des gardiens il y a des évènements au cours desquels un genre différent de didgeridoo est révélé pour être vu exclusivement par des hommes initiés et dont les secrets ne sont connus que des anciens les plus haut placés et qui ont pour mission de maintenir la loi. La transgression de cette loi est passible de châtiments graves, y compris la mort par envoûtement.

Le didgeridoo est actuellement à la portée de toute personne qui veut l’entendre. Étonnamment, Guan Lim nous indique que si :

«L’instrument est sacré, il n’est pas secret. Les anciens d’Arnhem ont voyagé à l’étranger y compris jusqu’à Dubaï,  en Allemagne, en Malaisie, à Singapour, en France, au Japon et à Taïwan pour des représentations publiques. Quand ils jouent, ils exécutent exactement ce qu’ils font dans leurs  cérémonies. Il y a des formes et des rythmes fixes qui ne peuvent pas être changés, donc les morceaux joués sont dans  leur forme originelle – c’est simplement le contexte qui est différent. Les chansons et les danses n’ont subi aucune modification, il peut juste arriver parfois que les chants aient une signification cachée.»

Grâce au didgeridoo, les peuples australiens non indigènes et les autres peuples peuvent aussi accéder à une meilleure compréhension de cette culture.

Beaucoup de personnes sont fascinées par la respiration «circulaire» utilisée pour jouer de l’instrument – cette technique qui permet aux joueurs d’exécuter les sons en continue, sans s’arrêter pour reprendre leur souffle, en prenant de petites respirations régulières par le nez afin de garder les poumons rempli d’air en permanence.

Les joueurs confirmés dans la tradition aborigène sont capables de techniques stupéfiantes et de compositions complexes d’une grande subtilité. Mr Lim pense que le son mystérieux du didgeridoo peut servir à susciter de l’ intérêt pour les langues et les cultures aborigènes.

Malgré les tabous associés au didgeridoo, sa popularité croissante signifie que beaucoup de musiciens  en Australie et ailleurs se sont mis à étudier le jeu du didgeridoo.  On le fait aussi dans toutes les parties de l’Australie, même en Tasmanie ou dans les régions désertiques, bien qu’il ne soit pas utilisé dans des cérémonies mais qu’on en joue pour se divertir.

Les groupes de danse utilisent le didgeridoo comme un élément à part entière de leur formation. Pour Mr. Lim, ce n’est pas forcement une mauvaise chose –  l’objectif  essentiel  étant de ne pas perdre la culture traditionnelle, ni de confondre la  modernité et la tradition.

«Là où il y a des gardiens, il y a des litiges sur qui peut chanter certaines chansons et qui peut danser certaines danses. Si cette culture est réduite à cause d’une  mauvaise perception de l’instrument, elle se perdra. Si le monde entier ne se préoccupe que de la nouveauté, alors nous avons vraiment perdu quelque chose d’important et quelque chose qui vaut la peine d’être  maintenu.»

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER