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Le diocèse accueille les sans-abri «comme en famille» à Paris

février 2, 2024 16:25, Last Updated: février 2, 2024 16:25
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Il est vingt heures et comme chaque soir Vincent pousse la porte de l’église Sainte-Rosalie, à Paris, où l’attend un accueil « comme en famille » au sein du dispositif « Hiver solidaire » du diocèse.

« Ici c’est pas comme dans les centres d’hébergement d’urgence », témoigne le jeune homme de 31 ans, enfoncé dans sa parka comme dans une carapace. « On est que trois » sans-abri, « on partage le repas avec les bénévoles, il y en a un qui reste dormir… c’est mieux ».

Dans la cuisine une bénévole réchauffe le petit salé préparé chez elle, tandis que d’autres mettent la table dans la salle de réunion qui servira aussi de dortoir. Demain matin, les trois « accueillis » pourront petit-déjeuner avant de partir pour la journée.

« Accueil fraternel »

Un accueil cousu-main qui est la marque de fabrique de ce dispositif lancé il y a 16 ans par le diocèse de Paris, avec cet hiver près de 200 personnes accueillies et 3000 bénévoles.

Retrouver chaque soir le même lieu, avec l’assurance d’un repas, de visages connus, « leur permet de retisser du lien social, de retrouver une place, d’exister avec un prénom », affirme Véronique Levêque, responsable d’Hiver solidaire au diocèse, qui martèle : « on n’est pas sur un dispositif d’urgence mais un accueil fraternel, ce n’est pas du performatif. »

Apandi, Kurde de 29 ans depuis six ans en France, en témoigne : « le 115, il faut appeler toute la journée, ils veulent voir que tu as vraiment besoin. » Entre la soupe et le plat, le jeune homme (il n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme les autres sans-abri) sort de son sac des dessins qu’il a crayonnés, où Kylian Mbappé côtoie Simone de Beauvoir. « Tu le reconnais lui ? C’est Louis de Funès. Si tu le veux Édith, je te le dédicace. »

Édith Archambault, une bénévole engagée depuis les prémisses d’Hiver solidaire, a vu les publics évoluer en 16 ans. « Au début on avait beaucoup de jeunes venus de la Ddass (l’aide à l’enfance), pas mal étaient passés par la case prison… Aujourd’hui les gens sont plus âgés et il y a beaucoup de sans-papiers », explique-t-elle.

Des personnes qui « n’ont juste pas eu de chance »

Comme les autres bénévoles, cette lumineuse retraitée de 83 ans insiste sur le « partage » : « je ne regarde plus les gens dans la rue de la même manière. » « Ce sont des personnes qu’on pense différentes mais en fait non, elles n’ont juste pas eu de chance », ajoute Isabella Maurizio, bénévole de 34 ans.

Au dessert, la conversation roule sur la musique, jusqu’à ce que le troisième « accueilli », Cap-verdien de 45 ans, se mette à chanter en s’accompagnant au djembé. Un petit crucifix au mur de la cuisine, une courte prière en début de repas – la dimension religieuse est discrète. « On accueille tout le monde sans distinction de situation ou de religion », assure le diacre Charles Gazeau.

À condition toutefois de pouvoir tenir quelques engagements, résumés dans une charte : pas d’alcool, de drogue, de violence… et bien venir chaque soir. « On essaie de ne pas reprendre les mêmes personnes deux années de suite dans le même centre », ajoute M. Gazeau qui a contribué à lancer le dispositif en 2007.

« Espoir »

Depuis Hiver solidaire a essaimé dans dix diocèses de province, et s’est structuré, avec trois travailleurs sociaux financés par l’État. Car outre la confiance, il s’agit aussi de donner aux accueillis quelques pistes pour l’avenir. « Il y en a qui sont sortis définitivement de la rue, c’est un espoir », assure Édith Archambault.

Il est 22h00 et tout le monde débarrasse la table avant de pousser les chaises contre les murs pour installer le dortoir. « Six heures demain ? » lance Thibault Mounier, le bénévole « veilleur » qui dormira dans les locaux.

Car Vincent doit se lever tôt : il vient de décrocher un CDD de six mois dans une entreprise de conception de bâches, à Mitry-Mory (Seine-saint-Denis). « J’espère que ça va fonctionner », lance-t-il, anxieux. Et au veilleur : « si tu vois que je bouge pas, faut me secouer. »

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