Le groupe Casino, qui entend devenir un « champion de la proximité » via ses enseignes Monoprix, Franprix, Vival ou Spar, va tester un projet d' »épicerie nomade » en camionnette, pour « lutter contre l’isolement commercial et social dans les territoires ruraux et les zones périurbaines », a-t-il annoncé mercredi.
Le distributeur d’origine stéphanoise indique vouloir tester ce concept d' »épicerie nomade » à compter de décembre 2024, « à partir du magasin Casino de Chazelles-sur-Lyon dans la Loire », selon son communiqué publié en marge du congrès de l’association des maires de France.
La camionnette, avec à bord plus de 350 références « principalement » de la marque Casino mais également de « marques nationales emblématiques », desservira une douzaine de communes de la Loire et du Rhône, en s’adaptant « aux besoins et aux rythmes des communes », avec lesquels « les emplacements et les créneaux à privilégier seront évalués », promet le distributeur.
« La tournée a été imaginée pour desservir des communes qui soit ne disposent pas de commerce, et ceci ainsi viendra combler un manque, soit qui ont besoin de compléter une offre déjà existante sur place (boulangerie, marché de produits locaux hebdomadaire…) », dit encore Casino.
C’est un franchisé du distributeur qui sera chargé de faire voyager les « produits secs, produits frais tels que des yaourts, de la charcuterie industrielle emballée » provenant de son magasin de Chazelles-sur-Lyon, « assurant ainsi la cohérence des prix avec ceux déjà pratiqués en magasin ».
« 20.000 communes de notre pays n’ont pas de commerce »
Le directeur général Philippe Palazzi, installé par les nouveaux actionnaires du distributeur emmenés par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, a déclaré en début de semaine lors d’une visite à Saint-Etienne: « C’est important pour nous de continuer à nous développer dans le monde rural où 20.000 communes de notre pays n’ont pas de commerce ».
« L’Etat et le privé ont déserté les campagnes où l’on voit par exemple de moins de moins de distributeurs de billets. Je suis originaire d’un petit village, c’est quelque chose que j’ai poussé depuis mon arrivée car ça me parle », expliquait-il.
Dans le communiqué, il précise vouloir étendre le projet de tournée « à d’autres régions », sans plus de précision à ce stade.
Casino a déjà pratiqué la vente itinérante en milieu rural au lendemain de la Seconde guerre mondiale, avec des véhicules d’abord bleu foncé dans les années 1950, puis vert et blanc aux couleurs de l’enseigne, a déclaré à l’AFP Jean-François Marcaud, un habitant de Saint-Jean-Bonnefonds (Loire), surnommé « Monsieur Casino » dans le milieu des collectionneurs d’objets de la marque.
« Mon père faisait des livraisons dans les campagnes de Saône-et-Loire, à partir de 1952, avec un Renault 1.000 kilos », témoigne-t-il. « Puis l’entreprise a fait aménager par des menuisiers plusieurs centaines de fourgonnettes Citroën au +cul+ desquelles les habitants des campagnes venaient s’approvisionner. Ce système de vente itinérante a duré jusque dans les années 70. Il a disparu avec le développement de l’automobile dans les campagnes. »
Un ex-cadre de Casino ayant demandé l’anonymat voit dans le projet annoncé mercredi une « opération de communication ». « Ils essayent de réinventer la poudre pour faire redécouvrir le commerce de proximité et relancer la marque Casino, mais quid du coût de la main d’oeuvre et du carburant? », se demande-t-il, dubitatif sur la viabilité économique du concept.
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