INTERNATIONAL

Le douloureux sujet des enlèvements de Japonais par Pyongyang

mai 27, 2019 6:35, Last Updated: mai 27, 2019 6:44
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Après un sommet avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, le président américain Donald Trump devait lundi pour la deuxième fois rencontrer des familles de ressortissants japonais enlevés en pleine guerre froide par des agents de Pyongyang.

M. Abe, pour qui cette question a une grande importance en politique intérieure, appelle régulièrement M. Trump à intercéder auprès de la Corée du Nord afin de faire revenir au Japon ceux qui auraient survécu.  Le gouvernement japonais soupçonne Pyongyang d’être responsable de dizaines de disparitions dans les années 1970 et 1980 dans le but de former des espions à la langue et aux coutumes japonaises.

La Corée du Nord a avoué en 2002 l’enlèvement de 13 Japonais, mais le gouvernement japonais en compte au moins 17. Un mois après ces aveux, cinq ont été autorisés à rentrer au Japon. Pyongyang affirme que les huit autres sont morts mais sans fournir de preuves.

En 2004, la Corée du Nord a remis au Japon des restes incinérés, disant qu’il s’agissait des cendres de Megumi Yokota, fillette de 13 ans enlevée en 1977, et la plus jeune des 17 cas répertoriés par Tokyo. Mais le Japon avait alors déclaré que des tests d’ADN contredisaient cette affirmation. Les Japonais soupçonnent fortement la Corée du Nord d’avoir enlevé des dizaines d’autres compatriotes. La police japonaise compte 800 disparitions pour lesquelles un enlèvement par Pyongyang ne peut être exclu.

Selon un rapport publié en 2014 par l’Onu, « la République populaire démocratique de Corée mène depuis 1950, à titre de politique de l’Etat et à grande échelle, une politique systématique d’enlèvements et de refus de rapatriement, suivis de la disparition forcée de personnes d’autres pays ».  « Bien plus de 200.000 personnes, y compris des enfants, amenées de pays étrangers » en Corée du Nord, « ont pu être victimes de disparition forcée », estime ce document.

La plupart sont des Sud-Coréens bloqués dans le Nord après la division du pays et la guerre de Corée de 1950-1953. Des centaines d’autres, dont des femmes du Liban, de Thaïlande, de Malaisie, de Singapour, de Roumanie et de France ont été enlevés ou ont disparu en séjournant en Corée du Nord entre les années 1960 et 1980, précise le rapport. Plus récemment, la Corée du Nord a aussi enlevé en Corée du Sud et en Chine un certain nombre de ses propres citoyens.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait de cette question une priorité. Donald Trump a déjà affiché son soutien à Tokyo, lorsqu’en novembre 2017 il a rencontré les familles des citoyens enlevés, pendant sa première visite au Japon. En vertu d’un accord conclu à Stockholm en mai 2014, la Corée du Nord a entrepris d’enquêter à nouveau sur tous les enlèvements de ressortissants japonais, une percée considérable dans une question qui a longtemps bloqué les relations entre Tokyo et Pyongyang.

Mais il n’y a quasiment pas eu de progrès depuis, malgré la spectaculaire détente sur la péninsule coréenne marquée en 2018 par l’amorce de négociations sur les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang.

Depuis l’échec du sommet de Hanoï en février entre M. Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, les tensions ont refait surface. M. Trump s’est toutefois montré conciliant envers Pyongyang dès son arrivée à Tokyo, minimisant l’importance de deux essais de missile à courte portée menés début mai par Pyongyang et évoquant un « grand respect » entre les Etats-Unis et la Corée du Nord.

D.C avec AFP

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