Le fatbike, ce vélo aux roues surdimensionnées (jusqu’à 120 mm de large) que nous voyons apparaître un peu partout pendant l’hiver, est-il une nouvelle mode ? Ou bien est-il le sport qui manquait à la panoplie des sports d’hiver ?
Bien qu’il ait fait son apparition au Québec il y a quelques années seulement et qu’on le voie de plus en plus souvent depuis deux ou trois ans, « ce n’est pas si nouveau que ça, ça existe depuis presque 20 ans, le mouvement du fatbike », nous apprend Luc Baril, copropriétaire des boutiques Espresso Sport, spécialisées dans le vélo et le ski de fond dans les Laurentides.
En effet, les premiers vélos bricolés pour rouler sur la neige auraient été conçus en Alaska il y a une vingtaine d’années, pour participer à une grande course annuelle. « Tous ceux qui tentaient de faire cette course en hiver modifiaient des vélos pour y mettre les plus gros pneus possible. Au début, c’était un vélo de montagne normal, avec des gros pneus de vélo de descente sur des jantes extrêmement larges. Même, pour les premiers essais d’une jante large, les mécanos prenaient deux jantes et les soudaient ensemble […] », continue M. Baril. Ces vélos se sont progressivement élargis jusqu’à devenir les fatbikes que nous connaissons aujourd’hui, commercialisés en série depuis 2005.
Pour qui ?
L’engouement pour ce deux-roues que l’on peut utiliser dans la neige est bien là. Il permet aux adeptes de vélo qui ne font pas de sport extérieur l’hiver de développer leur nordicité, en leur apportant autant de plaisir que dans leur pratique de vélo estival.
Toutefois, le fatbike s’adresse autant aux amateurs de vélo qu’aux néophytes. « Absolument tous ceux qui ont l’esprit d’aventure peuvent faire ça, même s’ils ne sont pas habitués », assure Luc Baril.
À la Coopérative de Solidarité des 4 Pôles, qui ouvre ses sentiers de raquette pour la première fois cet hiver aux fatbikes, on a remarqué l’intérêt des utilisateurs de leurs sentiers bien avant l’arrivée des vélos sur le terrain. Il s’agit autant des gens qui veulent essayer que de cyclistes aguerris qui viennent en groupe avec des amis qui ont besoin de louer un vélo pour les accompagner.
« Ce n’est pas nécessaire de faire du vélo l’été pour faire du fatbike, pas du tout. C’est un sport complètement différent », souligne Maryse Caron, chargée de projet à la Coopérative des 4 Pôles, située à Wentworth-Nord dans les Laurentides.
Plus facile que le vélo de montagne
L’hiver offre un sérieux avantage pour la pratique du vélo dans les sentiers damés soit par les raquetteurs, soit par machinerie : les roches et les racines disparaissent, les sentiers sont beaucoup plus lisses qu’à l’été. Il est donc plus facile de s’initier au fatbike en cette saison qu’au vélo de montagne pendant la belle saison.
Même si le fatbike est souvent utilisé davantage en hiver, il peut l’être pendant les quatre saisons. Quand il n’y a pas de neige, il permet de partir à l’aventure dans des sentiers peu entretenus. Le copropriétaire des boutiques Espresso Sport le compare même à une espèce de « tracteur de vélo de montagne » qui passe partout.
Terrain de jeu idéal
La première qualité d’un bon terrain de jeu hivernal pour le fatbike, c’est avant tout d’avoir une surface bien damée, dure. C’est donc une activité qui a tout avantage à partager ses sentiers avec les raquetteurs par exemple.
Pour les débutants, il vaut mieux ne pas avoir trop de montées. Pour les habitués, le terrain de jeu idéal est un sentier sinueux, avec une alternance de montées et de descentes. « Quand tu montes, tu travailles, quand tu descends tu te laisses aller. Alors ça permet à la personne de faire beaucoup de cardio en montée et de se laisser aller en descente », remarque Mme Caron. Les zones montagneuses des Laurentides ou des Cantons de l’Est sont donc toutes indiquées pour cela.
Habillement
Un habillement multicouche classique est requis pour pratiquer ce sport : « Quand on fait de la montée, on a chaud, donc on retire une pelure. Quand on descend, c’est plus rapide, on a le vent de face, on s’habille un peu plus chaudement », conseille Maryse Caron. Si vous avez déjà un casque de vélo, ou un casque de ski, vous pourrez l’utiliser également pour le fatbike.
Pour les pieds, vous pouvez chausser vos bottes d’hiver ou encore acheter une botte spéciale, isolée jusqu’à -25°C, qui permet d’être fixée à sa pédale. Un autre accessoire disponible est une moufle qui recouvre le guidon et dans laquelle on insère la main. « Les contrôles sont plus à la chaleur et on est protégé du vent », remarque Luc Baril.
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Essayer le fatbike
Pour un premier essai sur le plat, il est possible de louer un fatbike au parc Jean-Drapeau les vendredis, samedis et dimanches, jusqu’au 7 février. Pour avoir plus de plaisir, il vous faudra sortir de Montréal. Près de la métropole, le parc national d’Oka offre à la fois la location et de nombreux sentiers, il est aussi possible de rouler sur la plage.
« Dans les Laurentides, souvent on voit des gens qui font de la location de vélo, mais ils n’ont pas le terrain de jeu qui va avec, ils n’ont pas les sentiers pour que les gens puissent avoir du plaisir. Tandis que nous offrons les deux ici », assure la chargée de projet à la Coopérative des 4 Pôles, qui offre une vingtaine de kilomètres de sentiers, en plus de cinq kilomètres de piste du corridor aérobique.
À Sainte-Adèle, il est possible de louer un fatbike à la boutique Espresso Sport, mais il faut le transporter sur plusieurs kilomètres pour profiter du réseau de vélo de montagne du Chantecler, géré par Plein-Air Sainte-Adèle. Toutefois, avec ses sentiers dessinés spécialement pour le vélo, ses pentes jamais trop à pic et ses virages pensés pour le vélo, M. Baril trouve « qu’au Chanteclerc on a probablement le réseau le plus intéressant, style vélo de montagne, pour le fatbike ».
Toujours dans les Laurentides, il y a aussi un très beau réseau de sentiers à Mont-Tremblant. En Estrie, plusieurs kilomètres de sentiers sont disponibles à Bromont. À Sherbrooke, il est possible de s’amuser sur les pentes du parc du Mont-Bellevue, en nature, et de terminer sa sortie en ville. Un peu en dehors de la ville, mais toujours à Sherbrooke, la base de plein air André-Nadeau offre un beau terrain de jeu avec ses 110 acres de superficie.
De grands parcs, comme le parc de la Gatineau, permettent la pratique du fatbike ; de plus en plus de sentiers, un peu partout au Québec, se développent pour la pratique de ce sport.
Mordu ?
Une fois mordu de fatbike, vous allez certainement vouloir vous en procurer un, malgré un prix minimum de 1500 $, voire 2000 $, pour un vélo de qualité, selon M. Baril. Bonne nouvelle pour ceux qui veulent un vélo haut de gamme : les prix ont baissé par rapport à l’année dernière. Les vélos de base sont par contre restés à peu près au même prix à cause de la chute du dollar canadien par rapport au dollar américain.
Sachez qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une suspension sur ce type de vélo si vous ne l’utilisez que l’hiver, sur des sentiers aménagés bien lisses. Dans ce cas, c’est la quantité d’air dans les pneus qui vous servira de suspension.
La grosseur des pneus est un facteur à bien considérer : « Si on part un peu à l’aventure, les gros pneus, les 120 mm, les 5 pouces, sont les plus intéressants. Si on ne circule que dans des endroits damés, [des pneus] plus petits, c’est plus performant, plus léger, ça accélère mieux, ça prend mieux les virages, mais la tendance est vers les gros pneus », conseille le copropriétaire d’Espresso Sports.
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