Le fléau des éoliennes sur les populations d’oiseaux et de chauves-souris, devant les tribunaux

Par Germain de Lupiac
26 mars 2025 09:26 Mis à jour: 26 mars 2025 14:05

Le tribunal de Montpellier a reporté au 7 avril sa décision attendue en début de semaine dans le dossier des éoliennes exploitées à Aumelas dans l’Hérault par EDF Renouvelables et qui sont accusées d’être responsables de la mort de centaines d’oiseaux protégés.

Selon l’association France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE-OccMed), les éoliennes d’Aumelas ont causé la mort de 150 à 300 faucons crécerellettes, une espèce migratoire menacée de disparition. Ces petits faucons, tout comme les busards cendrés et des chauves-souris, elles aussi espèces protégées, viennent régulièrement s’abattre sur les pales malgré les dispositifs d’effarouchement mis en place.

Ces cas ne sont pas isolés en France ou à l’étranger où des mortalités massives d’oiseaux et de chauve-souris sont observées sur les sites de parcs éoliens, menaçant une faune souvent protégée et déséquilibrant un écosystème tout entier.

Des centaines de morts d’oiseaux protégés dans l’Hérault

La FNE-OccMed avait déposé en 2022 une citation directe pour « destruction d’espèces protégées » visant EDF Renouvelables France et son PDG Bruno Bensasson – qui quitte son poste le 5 avril, ainsi que neuf sociétés exploitant ce parc de 31 éoliennes implantées depuis une vingtaine d’années sur le Causse d’Aumelas, un plateau dominant la Méditerranée à l’ouest de Montpellier, en plein cœur d’une zone labellisée « Natura 2000 ».

Ne comptant que quelque 700 spécimens sur l’ensemble de l’Hexagone, les faucons crécerellettes sont de petits migrateurs qui avaient pratiquement disparu de l’Hérault avant de revenir s’installer sur le Causse d’Aumelas au début des années 2000. Ils y seraient maintenant quelques centaines.

Lors de l’audience qui s’est tenue en décembre 2024, le parquet a réclamé 750.000 euros d’amende (dont 500.000 avec sursis) pour chacune de ces sociétés et six mois de prison avec sursis et 150.000 euros d’amende (dont 100.000 avec sursis) contre M. Bensasson, ainsi qu’une suspension de l’activité du parc éolien.

La FNE, partie civile, réclamait un dédommagement de 500 euros par oiseau tué et que les exploitants versent 168.000 euros au Plan national d’action pour le faucon crécerellette, en réparation du « préjudice écologique » subi par l’espèce.

Selon le porte-parole d’EDF Renouvelables, les impacts de faucons crécerellettes constatés sur le parc d’Aumelas sont de 4 à 5 par an, en évoquant une croissance « exponentielle (+ 12 % par an) » de leur population depuis l’année de mise en service du parc éolien d’Aumelas, en 2005. La justice civile a cependant constaté que « cette destruction perdurait malgré la mise en place » en 2014 d’un système électronique d’effarouchement.

« Près de 70 cadavres ont été retrouvés au pied des éoliennes. Sachant qu’il y en a qui disparaissent avec les renards, etc., ce serait plutôt de l’ordre de 150 à 300 faucons crécerellettes qui auraient été tués par ces éoliennes », répond Simon Popy, spécialiste de la biodiversité, selon qui cette surmortalité a « ralenti de 22 % » la croissance de ces petits faucons, dans l’un des rares sites où ils nichent en France.

Dans un dossier similaire, le même tribunal de Montpellier doit rendre le 9 avril sa décision sur le parc de sept éoliennes exploitées à Bernagues, toujours dans l’Hérault, par Energie Renouvelable du Languedoc (ERL), filiale du groupe Valeco. Le groupe doit répondre de la mort du mâle reproducteur d’un couple d’aigles royaux. Là encore, le parquet a réclamé d’importantes amendes.

Les éoliennes responsables de la mort de centaines de milliers de chauves-souris par an en France

Selon une enquête du Monde, les éoliennes provoqueraient la mort d’environ 250.000 chauves-souris en France chaque année. Pour un article La Croix, ce chiffre serait de 350.000 individus par an. Un article des Échos, citant l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), avançait la mort de 1,6 million de chauves-souris sur la période 2002-2015 causée par les éoliennes, alors que 6000 étaient alors installées en France contre près de 10.000 en mars 2024.

Les chauves-souris, comme les oiseaux, sont nécessaires à la pollinisation et jouent un grand rôle dans l’écosystème. Elles dispersent les graines, ce qui est favorable à la régénération des bosquets et forêts; elles mangent les insectes, ce qui permet aux agriculteurs d’économiser des millions d’euros en lutte antiparasitaire chaque année.

Il a été observé que les chauves-souris sont attirées par les éoliennes, car ces dernières confondent les poteaux et pâles avec les grands arbres sur lesquels elles ont l’habitude de se poser. Si l’animal ne se heurte pas aux pâles, il peut malgré tout être sujet à un phénomène appelé « barotraumatisme ».

Ce phénomène, du fait de la pression de l’air qui change brusquement autour des pales, entraîne une hémorragie interne des animaux qui s’en approchent. Cela se produit à cause de lésions de leurs vaisseaux sanguins induite par la pression du mouvement des pales, provoquant finalement leur mort. Cela entraîne une incompatibilité entre les énergies renouvelables et la conservation de la biodiversité.

Plus de 300 aigles, en voie d’extinction, tués ou blessés par des éoliennes en Australie

Au cours de la dernière décennie, les éoliennes ont entraîné la mort ou ont blessé 321 aigles menacés en Tasmanie – un État australien situé à 199 km de la côte sud-est de l’Australie continentale -, selon une étude publiée en 2023. On pense que davantage de cas ne sont pas signalés du fait du manque de recherche systémique sur les parcs éoliens et d’information à destination du public.

Publiée dans la revue Australian Field Ornithology, l’étude a porté sur les deux plus grands rapaces d’Australie, les pygargues à queue blanche et les pygargues blagres. L’étude a révélé qu’entre 2010 et 2022, les parcs éoliens ont causé la mort de 268 aigles et en ont blessé 53. La compagnie d’électricité publique TasNetworks a fait état de 139 décès, et les sauveteurs d’aigles ont été témoins de 91 décès et de 50 blessés.

« Le nombre réel ne peut qu’être plus élevé, car les enquêtes menées dans les parcs éoliens restent incomplètes, » note Gregory Pullen, l’auteur de l’étude. « Plus précisément, les enquêtes ne sont menées qu’à proximité des turbines, sont périodiques et ne portent pas sur l’ensemble des turbines ou sur l’ensemble des habitats situés autour de chaque turbine, les broussailles étant souvent exclues. »

Ces deux espèces pourraient être menacées davantage si l’expansion des éoliennes se poursuivait conformément à la volonté du gouvernement fédéral de réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro.

Les populations d’oiseaux marins plongeurs en mer du Nord diminuent de 94 % à proximité des parcs éoliens offshore

Une étude menée par des scientifiques allemands a révélé que les populations d’un groupe d’oiseaux aquatiques connus sous le nom de plongeons catmarins ou « plongeurs » ont diminué de plus de 90 % en mer du Nord depuis la construction de parcs éoliens en mer.

Les résultats de l’étude, intitulée « Large-scale effects of offshore wind farms on seabirds of high conservation concern » [Effets à grande échelle des parcs éoliens en mer sur les oiseaux marins dont la sauvegarde de l’espèce est très préoccupante], ont été publiés dans la revue Nature le 13 avril 2023.

Ils ont constaté que « la répartition et l’abondance des plongeons ont considérablement changé entre la période précédant et la période suivant la construction des parcs éoliens », les populations de plongeons catmarins diminuant de 94 % dans une zone d’un kilomètre autour des parcs éoliens et de 52 % dans une zone de 10 kilomètres autour des parcs éoliens.

Les auteurs de l’étude notent qu’il est difficile d’établir quelles seront les conséquences pour les populations de plongeons ou comment le déplacement affectera les individus et les populations. « Néanmoins, la disponibilité réduite de l’habitat principal et les options de recherche de nourriture moindres qui en découlent peuvent représenter des risques pour les populations de plongeons en raison d’une condition physique réduite, d’un départ retardé vers les zones de reproduction et un succès de reproduction plus faible, avec des effets négatifs sur l’évolution de leur population », écrivent les auteurs.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.