La Fédération nationale de l’agriculture bio (Fnab) a appelé mercredi le gouvernement à « rassurer les fermes bio », demandant notamment le paiement dès la mi-octobre des aides européennes à la conversion en agriculture biologique.
La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a aussi « alerté le nouveau gouvernement sur la nécessité d’une politique ambitieuse, structurelle et de long terme » pour ce secteur. « Les retards d’aides PAC pour les producteur·rices bio sont un scandale à répétition », ajoute le syndicat dans un communiqué publié mercredi.
Mi-septembre, la Commission européenne a autorisé le versement d’avances plus élevées aux agriculteurs de l’UE sur les fonds de la Politique agricole commune (PAC), pour les aider à surmonter des difficultés de trésorerie après une campagne très difficile marquée par les aléas climatiques.
Les agriculteurs pourront recevoir jusqu’à 70% des aides directes sous forme d’avances à compter du 16 octobre (contre 50% actuellement) et jusqu’à 85% des avances pour les interventions en faveur du développement rural liées à la surface et aux animaux (au lieu des 75% habituels).
« Alors que les textes européens permettent de verser ces premiers paiements pour la conversion à l’agriculture biologique, la France s’y refuse pour l’instant », déplore la Fnab. « Les agriculteurs bio qui se sont engagés dans la conversion, malgré le contexte difficile, ont investi pour faire évoluer leur ferme alors qu’ils ne peuvent pas encore vendre en bio. Ils font donc face à des besoins encore plus importants de trésorerie », explique Philippe Camburet, président de la Fnab.
Alors que « la bio connaît une crise de marché sans précédent, les enveloppes prévues pour financer la conversion n’ont pas été ré-orientées pour soutenir les fermes déjà en bio et stabiliser les filières », regrette la Fnab. « On a déjà perdu 2% de surfaces bio en 2023 et ça va continuer en 2024. Si on veut stopper le cercle vicieux, il faut enfin poser les bases d’un financement équilibré de la bio dans la durée », a conclu Philippe Camburet.
Une baisse de vente de 8,7% sur un an
Selon des chiffres officiels publiés mercredi, les ventes de produits bio ont reculé au 1er semestre en grandes surfaces, compensées cependant par la vente directe et les magasins spécialisés. En grandes et moyennes surfaces, le nombre de produits bio proposés a baissé de 8,7% sur un an. Leur part dans le chiffre d’affaires de la grande distribution est passé à 4,4% au 2e trimestre 2024 (contre 4,7% un an avant), selon l’Agence bio, qui évoque la situation particulièrement difficile des éleveurs, dont le lait et la viande sont souvent déclassés et vendus in fine aux consommateurs comme des produits conventionnels.
En revanche ce recul est compensé « de manière positive » par la progression en magasins bio, la vente directe et le maintien des marques de distributeurs, ajoute le bilan. Aujourd’hui, la consommation de bio représente 6% des dépenses alimentaires des ménages et 6% de la restauration collective en France, qui compte 61.000 fermes ayant choisi ce mode de culture ou d’élevage.
Première puissance agricole européenne, la France est dans la moyenne de l’UE avec environ 10,4% de surface bio en 2023, alors que l’objectif européen – récemment jugé « hors de portée » par la Cour des comptes européenne -, est de 25% de terres agricoles bio en 2030.
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