Largement contesté dans la majorité, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé que le gouvernement renonçait au projet de suppression de l’exonération fiscale accordée aux personnes âgées non-dépendantes quand elles emploient une aide à domicile.
« J’ai demandé à la ministre du Travail de renoncer à cette mesure », a indiqué le chef du gouvernement lors de la séance des questions au gouvernement. « Je veux donc rassurer les professionnels et les employeurs : ces mesures n’entreront pas en vigueur ».
« Cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie »
Le gouvernement, qui cherche des pistes d’économies pour financer les baisses d’impôts promises par Emmanuel Macron, envisageait de supprimer l’an prochain le critère d’âge de cet avantage accordé spécifiquement aux personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile, en le réservant aux seuls seniors dépendants (bénéficiant de l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie), ou en situation de handicap.
Interrogée lundi sur ce projet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye avait expliqué sur LCI qu’il s’agissait de « recentrer les choses pour que les aides, quand elles existent, s’adressent aux personnes qui en ont le plus besoin », se défendant de toute « politique anti-vieux ».
« Cette décision aurait mérité une concertation beaucoup plus approfondie », a reconnu à l’Assemblée Édouard Philippe, taclant au passage la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui en était à l’origine.
L’annonce de cette mesure ne correspondait pas « aux conditions qui sont conformes à ce que je fixe comme objectif et ce que je veux suivre comme méthode s’agissant de l’acte II du quinquennat », a poursuivi le Premier ministre.
Grogne des politiques et de la majorité
La mesure devait permettre l’économie de « 115 millions d’euros », selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud, interrogée lundi sur BFMTV. En parallèle, « on met 115 millions d’euros » dans l’aide à la dépendance « pour créer de nouveaux droits », avait également défendu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
Mais après les épisodes sur la hausse de la CSG et la sous-indexation par rapport à l’inflation des pensions de retraite supérieures à 2 000 euros, l’annonce n’est pas passée, suscitant la colère des personnes concernées mais aussi des politiques, y compris de la majorité.
Le chef du gouvernement a précisé que la ministre du Travail, Mme Pénicaud « fera parvenir rapidement d’autres propositions qui seront soumises à concertation avec les parlementaires et avec les secteurs concernés », a ajouté Édouard Philippe, en réponse à une question du député LR Gilles Lurton sur LCP.
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