POLITIQUE

Le gouvernement s’accapare les médias : « ça s’arrête quand ce spectacle ? » dénonce l’euro-député Bellamy

juin 4, 2024 11:16, Last Updated: juin 4, 2024 11:19
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Un Premier ministre qui s’invite à la radio pendant l’interview de sa candidate, un président qui s’annonce à la télé à quelques jours du scrutin : à l’approche des européennes du 9 juin, les oppositions dénoncent la « propagande » du gouvernement, taxé de machisme envers Valérie Hayer.

Surprise à Radio France : en pleine interview de Valérie Hayer lundi matin, Gabriel Attal a surgi dans le grand auditorium. « Bonjour, je suis désolé, je fais irruption sur la scène », a fait mine de s’excuser le Premier ministre, qui sortait lui-même d’une interview sur franceinfo dans le même bâtiment.

« On m’a dit que Valérie était là », a-t-il enchaîné, avant de dérouler ses arguments en faveur de sa propre tête de liste, puis de lâcher en repartant : « Je vous laisse avec elle ».

Les critiques en paternalisme ont aussitôt fusé, de la patronne des Écologistes Marine Tondelier réclamant « d’arrêter d’invisibiliser les femmes », à la triple candidate Rassemblement national à l’Élysée, Marine Le Pen, pour qui M. Attal ne se serait « jamais permis cela si le candidat avait été un homme ».

« J’appelle un ami », le joker du gouvernement

« On a vu le nouveau joker ‘‘J’appelle un ami’’ qui semble de plus en plus utilisé par la majorité », a pointé le candidat de droite François-Xavier Bellamy. « N’est-ce pas une manière de la soutenir ? » demande une journaliste. M. Bellamy y voit « une forme de mépris », « comme si Valérie Hayer n’était pas capable de faire campagne », avant de dénoncer « un côté un peu macho » dans cette intervention du chef du gouvernement. « Il y a des gens autour d’elle qui ont l’impression qu’ils font mieux campagne qu’elle », a-t-il commenté. « Quand on a une candidate et qu’elle est tête de liste, la moindre des choses c’est de laisser la candidate faire campagne ».

« Il y a une grande différence avec la liste Renaissance, parce que chez nous ce sont les candidats qui font campagne », a-t-il noté avant de demander aux journalistes : « J’aimerais bien comprendre comment ça se passe concrètement ? Vous avez le Premier ministre qui est dans le couloir, il dit : ‘‘j’ai envie de passer à la radio sur le service public, allez hop j’arrive.’’ »

Le candidat LR a dénoncé une « confusion des rôles » avec « un exécutif (qui) passe son temps à saturer l’espace médiatique », faisant clairement allusion à l’entretien d’Emmanuel Macron prévu jeudi au 20h00 de TF1 et France 2. »Le rôle d’un président est d’être au-dessus des partis, au-dessus de la mêlée électorale. En décidant de réquisitionner les journaux télévisés du pays, à la veille de la fin de la campagne officielle, en réalité il rentre évidemment dans la mêlée, il veut peser sur cette élection. »

« Ça s’arrête quand ce spectacle ? », a-t-il demandé.

Les européennes risquent en effet de s’inviter dans cette édition spéciale organisée depuis Caen, dans la foulée des commémorations des 80 ans du débarquement de Normandie.

Encore un casus belli pour les oppositions, qui ont multiplié les saisines de l’Arcom, pour que le gendarme des médias décompte le temps de parole du chef de l’État de celui de Mme Hayer, comme ce fut le cas pour son « discours de la Sorbonne » fin avril ou pour le débat entre M. Attal et le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, il y a dix jours.

Le pouvoir semble ainsi engager toutes ses forces dans la bataille pour tenter d’éviter une sévère déroute de la liste Hayer, créditée de 15% à 16% des intentions de vote, juste devant M. Glucksmann autour de 13%-14% et très loin de M. Bardella, grand favori avec 32% à 34% selon les derniers sondages.

Cette omniprésence du couple exécutif est « assez inédite en Europe », a relevé Raphaël Glucksmann sur France Inter.

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